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Métalleuses et métalleux de tous bords (et par extension, tout amateur de Rock), l’heure est venue de réhabiliter les oeuvres du passé injustement lynchées par une foule lobotomisée de pseudo-critiques du genre. Le cas qui nous occupe aujourd’hui est celui d’Helloween et de son album Chameleon paru en 1993. Album qui n’a, d’ailleurs, jamais aussi bien porté son nom, tant Helloween nous montre ici les côtés les plus versatiles de sa personnalité. Afin d’aborder au mieux cet épineux cas pathologique, je vous propose un petit track by track de l’album :  * First Time : Il s’agit là d’un titre de Heavy mélodique (si, si), au refrain immédiat et entraînant, sur lequel on ne peut s’empêcher de taper du pied. Ceux qui s’extasient sur le dernier album en date (le très mal nommé Keeper of the Seven Keys part III) devraient jeter une oreille sur ce morceau : en voilà un qui se rapproche bien plus de l’esprit Helloween de la grande époque (la voix de Kiske aidant, forcément !) que les derniers proposés par le groupe.  * When the Sinner : Voici l’exemple type de ce qui a valu l’opprobre à cet album, à savoir un titre dans une veine très ‘Pop’ commerciale. Helloween a voulu ouvrir ses horizons musicaux, ce qui reste une démarche audacieuse pour un groupe établi (visiblement trop pour l’époque). Nul doute qu’un tel morceau, s’il était publié aujourd’hui, trouverait un accueil bien plus favorable que celui qui lui a été réservé à l’époque. Ecrit intégralement par Michael Kiske , il traduit parfaitement les attentes de ce dernier et ses envies différentes du Metal traditionnel. On notera, entre autres, l’utilisation de cuivre sur le refrain, de saxophone à la fin du titre, de guitare sèche, et de vocaux modifiés aux porte-voix sur les ‘pre-chorus’. Les soli de guitare sont, quant à eux, toujours présents et bien sentis. When the Sinner est un morceau agréable et intéressant à écouter pour qui est un minimum ouvert d’esprit (outre un côté très cliché inhérent aux Early 90’s qui a assez mal vieilli ; ceux qui ont vu le clip tiré de ce morceau me comprendront !!!).  * I don’t wanna cry no more est un titre orienté Rock FM, mélange de ballade et de Pop sirupeuse. Bien que crédité à Roland Grapow , ce morceau est très proche de la carrière future de Kiske . Certes, ce titre assez dispensable n’est pas le plus réussi de l’album, mais il reste sympathique.  * Crazy Cat , avec son intro aux cuivres, se rapproche de la variété américaine jazzy de l’époque. Le texte humoristique, typique d’Helloween, est inspiré du dessin-animé Fritz the Cat (déconseillé aux enfants !!!). Ça sonne un peu démodé aujourd’hui, je vous l’accorde, mais c’est assez fun.  * Giants , introduit par un solo de guitare, est un morceau plus Metal dans sa forme, tout en restant mid-tempo. Il marque un retour au Helloween plus conventionnel que l’on connaît, et ce titre n’aurait pas dépareillé sur les albums suivants du groupe. Il aurait pu (et aurait du ! ) devenir un classique du groupe. A ré-écouter absolument...  * Windmill , se veut être la ballade de l’album. On aime ou on déteste, c’est selon ! Quoiqu’il en soit, ce n’est certainement pas la meilleure écrite à ce jour par un groupe de Metal... Composée par Michael Weikath , elle fait pourtant partie de ses favorites (elle figure à ce titre comme seule et unique représentante de l’album sur le dernier Best of du groupe... Drôle de choix !).  * Revolution Now : Avec son intro très rock’n’roll, ce morceau rappelle les grandes heures du Hard Rock 70’s en évoquant les vieux Deep Purple, Rainbow ou Black Sabbath (période Dio ). Un son Vinyl est d’ailleurs surimposé au morceau pour accentuer cet impact. Le riff, lourd, et l’effet ajouté à la voix confère à ce titre une atmosphère de Stoner-Rock qui mérite le détour, ne serait-ce que pour son originalité dans la discographie féconde du groupe allemand. A noter que le thème du refrain est repris du San Fransisco de John Phillips . Un titre à part, mais bigrement intéressant.  * In the Night : A l'écoute de cet autre morceau écrit par Kiske , il ne fait aucun doute que le chanteur désire explorer des univers musicaux très différents de ceux auxquels il avait collaboré jusque là. La séparation future n’en devient que plus évidente. Mais ce titre n’est pas mauvais, loin s’en faut ; il s’agit là de Rock FM avec un petit côté bluesy fort sympathique. C’est juste qu’il n’était peut-être pas à la bonne place au bon moment...  * Music : Voici encore un titre de rock FM, au tempo assez lent, avec un rythme de basse lancinant et de nombreux soli de guitare. Assez épique dans sa structure, il est orchestré subtilement. Roland Grapow démontre ici un feeling exceptionnel et prouve qu’il n’est pas nécessaire d’en faire des tonnes à toute vitesse pour savoir jouer ou faire passer des émotions. Nul doute que ré-enregistré avec la technologie actuelle et débarrassé des certains gimmicks typés Early 90’s qui ont assez mal vieilli, ce titre ferait aujourd’hui un carton.  * Step out of Hell : L’intro aux claviers rappelle un peu The Final Countdown . Le reste du morceau, très typé Hard FM, est entraînant et mélodique à l’instar d’un vieux Bon Jovi ou d’un Harem Scarem d’aujourd’hui. Les chœurs sur le refrain trahissent les gimmicks de l’époque... Ecoutez, c’est flagrant !  * I believe : Ecrit par Kiske , cet autre titre épique aux nombreux soli de guitare et au rythme assez lent, est ultra-mélodique et assez progressif dans sa structure. Une fois encore, celui-ci ferait un véritable carton si on le ré-enregistrait aujourd’hui. Nombreux sont les groupes sur lesquels on s’extasie aujourd’hui lorsqu’ils proposent des morceaux de cet acabit.  * Longing : L’album se clôt sur cette superbe ballade acoustique écrite et arrangée par Kiske , comportant de subtiles orchestrations renforcées par l’adjonction judicieuse de violons. Combien de groupes actuels nous gratifient de tels morceaux sur lesquels nous n’avons que trop vite fait de nous emballés...  De par l’orientation musicale de l’album, il est compréhensible que les amateurs inconditionnels des premiers Helloween aient été déçus, ou du moins décontenancés par Chameleon. En plus de cela, la production ‘Pop’ de l’époque a pour gros défaut de desservir les morceaux les plus ‘Hard’. Pourtant, cracher sur cet album serait une erreur grossière car il renferme d’excellents morceaux pour qui sait faire preuve d’un minimum d’ouverture d’esprit ( When the Sinner , Revolution Now , Music , I believe , ...). Il est certain, par conséquent, que cet album ne s’adresse pas à la frange la plus conservatrice (pour ne pas dire intégriste) du Metal.  Un album mi-figue mi-raisin dont le principal défaut est de ne pas avoir été sorti au moment le plus opportun. Nul doute qu’à l’heure actuelle et avec les moyens dont on dispose désormais, un tel album trouverait un écho plus que favorable auprès des amateurs de Hard FM, de Rock mélodique, de progressif, ou tout simplement auprès de ceux qui ne se laissent pas aveugler par les préjugés gratuits concernant la conduite dont doit faire preuve un " vrai " groupe de Metal. L’erreur d’Helloween a été d’avoir publié cet album 10 ans trop tôt... Alors décrié par de pseudo-amateurs de Rock ou de Metal, cet album saurait, aujourd’hui, être apprécié à sa juste valeur. Pas un album exceptionnel, mais assurément un album intéressant et agréable à écouter, ne serait-ce que pour entendre à nouveau le timbre de voix envoûtant de Kiske, la frappe légendaire de Schwichtenberg (décédé deux ans plus tard) ou le feeling indéniable du virtuose Grapow.  Il a été reproché à cet album de se fourvoyer dans le son pop de l’époque, mais combien de groupes, aujourd’hui encensés, utilisent des éléments pop dans leur musique. Certes, ces derniers sonnent assurément ‘Metal’, à l’inverse de Chameleon, mais il faut se replacer dans le contexte musical de l’époque ! Combien de groupes utilisent désormais des orchestrations dans leurs compositions, ou parsèment leurs albums de ballades pas toujours du meilleur goût (je ne vous les citerai pas tous, la liste serait trop longue...). Avec Chameleon, Helloween est l’un des premiers groupes à l’avoir fait de façon aussi flagrante et le risque qu’ils ont pris ne s’est pas avéré payant. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui et nombreux sont les groupes à oser la performance acoustique ou les expérimentations diverses au risque de déboussoler les plus arriérés des métalleux.  Je me demande parfois (par esprit de provocation sans doute) si je ne préfère pas encore écouter Chameleon et ses défauts liés à la volonté de progresser, à un album comme le Keeper III qui, hormis quelques titres vraiment intéressants, se contente de proposer une recette qui sent le réchauffé, ce dont n’importe quel groupe de seconde zone serait capable de produire aujourd’hui... Helloween avait su prendre des risques sur cet album, démarche dont il ne fera plus jamais preuve à l’avenir. Dommage... car il n’est jamais bon de rester sur un échec !   Bonobo

0 Comments 30 janvier 2006
Whysy

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