Eternal Tears Of Sorrow n’est – il plus que l’ombre de lui-même ? C’est une question que je me suis longuement posé à l’écoute de ce 6e album à la parure plus mélodique et entraînante que sa pochette ne veut bien le laisser entendre. Non pas que « Children Of The Dark Waters » soit un mauvais album à proprement parler, mais il souligne en quelque sorte les limites artistiques des Finlandais. En effet, nos musiciens s’inspirent allégrement de ce qu’ils ont déjà proposé par le passé et offrent cette année un patchwork musical assez grossier non exempt de défauts en tout genre, et à l’inspiration vacillante. La créativité ne semble plus aussi florissante qu’auparavant, et l’album s’affiche en véritable déception pour une personne ayant connue l’époque « Chaotic Beauty » ou « A Virgin And A Whore ».  Ces deux albums sont certainement les deux disques les plus importants dans la carrière des Finlandais. C’est après un split de plus de 4 ans que le groupe proposait en « Before The Bleeding Sun » un opus réussi en développant un aspect symphonique assez inédit dans le son du combo. Cette année Eternal Tears Of Sorrow tente une synthèse de ses deux époques. Voilà une initiative intéressante sur le papier. Malheureusement la promesse n’a pas été tenue et « Children Of The Dark Waters » sonne davantage en plagiat dans ses pires moments, et peut être en hommage dans ses meilleures lignes. On retrouve ici à peu près tout ce qui a fait le succès du groupe à savoir ses guitares hyper mélodiques, son clavier envahissant, son growl pas toujours agréable, ses multiples duos de voix claires et féminines et enfin une dimension symphonique certes moins prépondérante qu’en 2006, mais toujours présente.  L’album s’ouvre sur une chanson au feeling assez sombre, à savoir le second acte de la chanson « Angelheart, Ravenheart » avec chœurs féminins diaboliques. Malheureusement elle ne décolle pas et n’évolue que très peu pour finalement passer assez inaperçue. La suite n’est qu’une succession de chansons portant la griffe caractéristique du groupe, empruntant sans vergogne dans toute leur discographie. Qu’il s’agisse des chansons classiques « Baptized By The Blood Of Angels » ou « Midnight Bird » autant dans les structures que dans les mélodies. Voire même de véritables plagiats par moment. « Tears Of Autumn Rain » sonne exactement comme « Red Dawn Rising » (sur l’album « Before The Bleeding Sun ») dans l’idée. Ce n’est pas mieux lorsque le groupe s’essaie à la ballade entre électrique et acoustique « Sea Of Whispers » où l’inspiration absente vient gâcher la superbe voix claire de Jarmo Kylmänen et nous fait regretter la superbe « The River Flows Frozen » (sur l’album « A Virgin And a Whore »).  On peut aussi être agacés par l’aspect parfois grandiloquent des chœurs assez ridicules comme pour le refrain de « Tears Of Autumn Rain » ou « Nocturne Thule » par exemple. Cet album évolue constamment entre le bon et le mauvais goût. Rien que le piano au son superbe lors des mélodies d’introductions – « Baptized By The Blood Of Angels » ou « Tears Of Autumn Rain » – et absolument abominable lors de certains soli, sorte de playskool issu d’un autre age. De plus certaines pistes semblent dépourvues d’intérêt, si ce n’est dans un rôle de remplissage. « Summon The Wild » aux influences davantage black mélodique que d’habitude ou la courte « When The Darkest Night Falls » qui bourrine sur 2 minutes après une introduction sympa. Si encore ces deux chansons n’étaient pas dépourvues de riffs valables ou de mélodies pertinentes… Voilà le défaut du disque. Les chansons oscillent entre les très classiques du groupe, les véritables repompes, les ratées et les chansons sans véritable intérêt. Ainsi seule « Diary Of Demonic Dreams » un chouilla plus ambitieuse parvient à tirer son épingle du jeu.  Je tire un bilan assez alarmiste, mais c’est en déçu que je parle. Je n’ai aucun doute sur le faite qu’un néophyte découvrant Eternal Tears Of Sorrow par cet album risque de le trouver fabuleux. Ceci explique d’ailleurs la note, l’album n’est pas mauvais en lui-même, il s’écoute plutôt bien et dans leur style les chansons savent se défendre. Mais lorsque l’on a goûté à ce que le groupe a su faire de mieux, cette soupe réchauffée donne assez mal au ventre et l’on ne peut que regretter l’époque bénie. Même après sa reformation, Eternal Tears Of Sorrow n’a pas su retrouver la même verve mélodique, le même esprit de composition. Pour l’un des groupes qui m’a ouvert à l’extrême, c’est avec le cœur gros que je n’ai d’autre choix que de laisser cet album sur le coté du chemin, car il s’agit de leur moins bonne réalisation depuis très longtemps.  …TeRyX…