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Ô douleur ! Ô douleur ! Le temps mange la vie,
Et l'obscur ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

Je me permets cet emprunt au poème L’ennemi de Charles Baudelaire afin d’ouvrir cette introduction de manière poétique. Comme nous le suggèrent ces vers, le temps passe et grignote la vie. Chaque être humain connaît sa propre évolution, et les musiciens d’Andromeda ne dérogeront pas à la règle. Il s’agit déjà du troisième album pour ces suédois, déjà présentés comme des espoirs du métal progressif lors de leurs deux précédents opus. Comme beaucoup de groupes, Andromeda s’est lancé dans l’univers du métal progressif grâce à l’impulsion de l’influente école américaine (Dream Theater, Symphony X…) dont la musique a littéralement irradié le reste de l’univers métal. Andromeda peut-il prétendre à rejoindre les leaders du progressifs ?

Chimera succède à Two Is One, un album complexe et progressif à souhait. Et en cela, Two Is One diffère de Chimera puisque l’on remarque que le groupe a produit ici un album plus accessible. Ce dernier album a moins tendance à nous perdre dans les changements de rythmes, certains ne le considèrent même pas progressif. Quant à moi, je n’irai pas jusque là, certes Andromeda aborde un virage le rapprochant plus du power métal mais on relève toujours des aspects progressifs. En témoigne le côté complexe des compositions. La batterie se révèle très intéressante par son jeu, ses ralentissements et ses accélérations qui confèrent relief et bonne tenue à l’ensemble. Le jeu fait de temps en temps penser à celui de Mike Portnoy mais de manière très discrète. Les plans apportent de la fraîcheur à l’auditeur ayant l’habitude de batterie trop systématisée réduit au rôle de boîte à rythme. Cette dernière suivie de près par la basse de Fabian Gustavsson nouveau bassiste qui ne se limite pas essentiellement à des rythmes mais s’investit aussi dans des mélodies lorsque les tempos le permettent tels The Hidden Riddle.

Le groupe aime se reposer sur son clavier comme en témoignent des compositions comme Periscope ou Going Under où ce dernier se retrouve placé au centre. Il privilégie des sonorités électroniques, tendant parfois dans des tonalités Lucasseniennes. Il emmène le tout efficacement, faisant preuve de virtuosité par instant et d’un indéniable sens de la mélodie. Clavier et guitare se lancent parfois dans des jeux où chacune de leur mélodie se chevauche et s’entrelace de manière intelligente.

Quant à David Fremberg, le chanteur, il use parfois de filtre ou d’effet genre mégaphone comme aime le faire Labrie, mais ceci avec parcimonie. Son chant tend vers les aigus mais ne se révèle pas cliché. Il aime à caresser l’auditeur de son timbre doucereux. Il colle parfaitement aux ambiances développées sur Chimera. Par moment, ce dernier est doublé de légers chœurs. Les lignes de chants sont de manière générale composées avec efficacité et parviennent par moment à nous troubler comme sur The Hidden Riddle. Fremberg nous fait aussi état de son talent dans des vocaux plus agressifs avec la puissante The Cage Of Me ou sur No Guidelines où le groupe introduit des influences hard rock qui viennent trancher un peu avec l’esprit des chansons les plus électroniques.

Au niveau de la guitare, on remarque avec joie que Johan Reinholdz ne galvaude pas son talent par des solos purement techniques mais nous réserve des passages plus lents où il délivre des notes bien senties. Le bougre place ces envolées mélodiques à des endroits où on ne les attend pas toujours et font toujours bonne figure.Cependant il n’aura pas réussi à me faire frissonner. De manière générale ses riffs et ses mélodies sont plutôt bien trouvées et ne souffrent pas d’influences trop présentes.

Vous l’aurez compris, l’ensemble des compositions sont abordables et composées avec talent, alternant entre le côté enjoué, d’un Periscope, Going Under,The Cage Of Me ou encore Inner Circle, et la face plus douce de compositions comme In The End, The Hidden Riddle ou encore la pièce maitresse Blink Of An Eye.
En jouant de ces contrastes, le groupe parvient à préserver l’auditeur du spectre de l’ennui. Cependant, Blink Of An Eye se révèle en dessous des autres compositions, sa lourdeur n’est pas assez majestueuse pour que l’auditeur ne présente pas quelques signaux de lassitudes, même si elle recèle d’émotions et a été peaufinée mélodiquement, elle met hélas un peu trop de temps à se mettre en route. Elle clot l’album avec brio avec sa reprise du thème de Périscope au doux son du piano.

Andromeda vient de signer là un album efficace et original, on prend plaisir à l’écouter mais pas le moindre signal caractéristique d’une bombe à l’horizon, pas de frissons, aucun chant n’émane de ma bouche malgré moi. On frole donc de peu la réussite mais il manque encore un petit quelque chose. Quoiqu'il en soit cet album mérite le coup d'oreille. Au final, on a donc une pièce progressive plus accessible que ses prédécesseurs. Les puristes verront en cela un signe de mauvais augure, une démarche commerciale. Il faudra donc remettre la prise de pouvoir d’Andromeda dans l’univers progressif pour une date ultérieure.

Dreamer

0 Comments 05 avril 2006
Whysy

Whysy

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