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Vanden Plas, un groupe malade de sa propre volonté de sur-conceptualiser sa musique ? Au regard de Chronicles Of The Immortals - Netherworld (Path 1), le nouvel album des proggers teutons, la question mérite d'être posée.

Car, plus qu'un nouvel album-concept, ce Chronicles est en fait un opéra, écrit par le groupe en collaboration avec Wolfgang Hohlbein et joué dans leur ville de Kaiserslautern, avant que la première partie ne soit enregistrée en studio, dont nous avons le résultat dans les oreilles. Je ne vais pas vous cacher que la dimension classique et narrative de l'album me laisse de marbre, ça parle de vampires, j'ai pas arrêté True Blood pour rien. Je me suis surtout intéressé à l'aspect musical des choses, et pour le coup, malgré les difficultés naturellement induites par le fait qu'il s'agisse d'un opéra, la musique est bonne. C'est Andy Kuntz qui chante seul presque tous les morceaux, heureusement, et c'est Vanden Plas qui joue, ça c'est difficile de l'ignorer.

Rythmes saccadés, ruptures calmes et posées, guitares puissantes et claviers lointains, pour une première partie d'album c'est du Vanden Plas, pas de doute. Et une certaine propension au lyrisme toujours aussi présente, sans doute leur culture germanique. Mais, indéniablement, c'est prog. Passée l'intro poussive, on plonge dans le vif du sujet avec Black Knight (même si le mot « vif » semble mal approprié), longue pièce épique et variée, aux accords et à l'orchestration typique du groupe. L'excellent Godmaker ne déroge pas à cette règle et ce n'est qu'à partir du superbe A Ghosts Requiem qu'on avance en terrain (légèrement) inconnu. La mélodie, magnifique, est chantée par une voix féminine puis reprise par un chœur lyrique, et c'est beau à pleurer, sans déconner.

Mais là on dissèque, le microscope est de sortie, si vous êtes comme on dit un « casu », que l'on pourrait traduire par « fan de prog du dimanche », il y a peu de chances que vous soyez arrivé indemne jusque-là. Car sans nous faire du Lucassen, Vanden Plas a considérablement densifié son propos, et cet album nécessite une ambiance appropriée, un volonté de départ et un certain courage. Ce qui n'enlève rien à sa qualité bien sûr, et puis c'est le cas pour de nombreux albums de prog, porte ouverte enfoncée. Mais tout de même, comparé à un Christ O ou à Beyond Daylight (oui je sais, c'était y a très longtemps), ce Chronicles faut se le farcir.

Autre écueil : à partir de New Vampyre l'intensité et le rythme de l'album retombent sérieusement. Il faut attendre la neuvième piste pour assister à un retour du metal, et encore, c'est un mid-tempo. Alors oui, je le sais bien, Vanden Plas n'a jamais été un groupe de bourrins teutons ne jurant que par la double pédale et les solos paganinesques mais tout de même, quelle mollesse ! En fait, si j'essaie de me faire une image de l'ensemble, les deux premiers morceaux pourraient être issus d'un album de prog metal, et le reste est une collection d'objets non identifiés, difficiles à classer, ce qui était sans doute l'objectif du groupe. Ou au moins une conséquence du projet d'origine, ne l'oublions pas, un putain d'opéra. Alors ce n'est pas que ce soit vraiment mauvais, mais c'est juste que c'est chiant, voilà, c'est dit, il fallait le dire, je me suis emmerdé grave en écoutant cet album.

Passé un bon quart d'heure c'est lent, mou, plat, et triste. C'est comme si Vanden Plas avait sélectionné soigneusement le pire de sa discographie pour cet album, non pas en termes de qualités mais d'intérêt généré. On y trouvera de belles mélodies et quelques développement intéressants, ainsi que deux superbes morceaux, mais pour le reste c'est pour l'instant un épique foirage. A la hauteur de l'attente bien sûr, ce n'est pas mauvais dans l'absolu, et ça reste bien au-dessus de beaucoup de productions germaniques récentes. Mais bordel, j'ai comme l'impression que rock ou metal et opéra ne collaborent guère harmonieusement. Je propose qu'on arrête donc de se prendre la tête à monter des projets, élaborer des concepts, et surtout quand on en a pas vraiment le talent qu'on se contente, et ce sera déjà pas mal, d'écrire des putains de morceaux et de sélectionner les meilleurs. On est en 2014 les gars, l'opéra-rock c'est mort depuis quarante ans.

0 Comments 21 juillet 2014
Whysy

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