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Xavier PHIDEAUX ( Prononcez fi-do - eh oui, phonétiquement parlant, ça a du chien!-) ne sera pas un inconnu pour l’amateur de prog ouvert à toutes les variantes de ce genre musical. Il ne sera pas non plus tout à fait un inconnu pour ceux qui ont érigé dans leur salon un autel ou une statue équestre taille réelle à la gloire de leur dieu LUCASSEN. PHIDEAUX apparaissait en effet en tant que guest dans le projet binaire d’AYREON. Invité pour sa voix seulement, mais le simple fait qu’il apparaisse dans un projet LUCASSEN est déjà un gage de qualité, preuve que son travail avait été remarqué - en bien, forcément- par la divinité néerlandaise.
Son travail, parce que Xavier PHIDEAUX n’est pas qu’une voix. Même s’il faudra bien parler de cette dernière.

Derrière « CHUPACABRAS » - traduire par « suceur de chèvres » maille gode, mékess cela??, ne pas confondre avec Chupa Chups, bien sûr- aurait pu se cacher un concept album.
Le Chupacabras, pour ceux qui l’ignorent, est une mystérieuse créature particulièrement active au Brésil, et qui semble s’être fait une spécialité de s’en prendre au petit bétail. Son apparence laisserait à penser qu’elle est le fruit honteux des ébats  fornicateurs accidentels (?) d’un Gris, descendu pour l’occasion de son OVNI, et d’un nostalgique du troisième Reich.
Cauchemar des paparazzi, le Chupacabras continue toujours aujourd’hui d’alimenter une légende à la manière de ses grands camarades Yeti, Bigfoot ou Jospin au second tour.
Légende, Mystère, Inconnu, voilà matière à imaginer un concept sans trop se fatiguer…
Mais il n’en est rien. Pas de concept album. En fait, CHUPACABRAS était un candidat potentiel à une véritable Bérézina créative et mélodique, puisque uniquement constitué de matériel non utilisé sur les précédents travaux de PHIDEAUX, à savoir FIENDISH et GHOST STORY. Réenregistrés, retravaillés, augmentés pour certains, les huit morceaux offrent un ensemble un tantinet hétéroclite - ce qui sera bien sûr reproché par certains- mais qui sont finalement et heureusement liés par une qualité d’écriture mélodique constante, oscillant entre le « bon » et le « superbe ».

Le titre introductif OKAY annonce d’ailleurs le meilleur sans perdre de temps. Un peu d’orgue, quelques notes perdues dans des chœurs éthérés, et c’est déjà la pièce maîtresse autant qu’éponyme de l’album qui s’en vient  nous rappeler, que quand cela est bien fait, le mot « progressif » peut être associé sans exagérer à « plaisir auditif total ».
Relecture moderne de ce que les années 70 ont engendré de mieux dans le prog, à commencer par Genesis, ce titre de plus de 20 minutes justifierait à lui seul l’achat de cet album. Le piano se taille une belle part dans cette perle progressive qui aura donc particulièrement à cœur de varier rythmes et ambiances. Et quand le piano va de concert avec les voix de Xavier et de Valérie GRACIOUS - mais quel joli nom prédestiné!- œuvrant ensemble ou séparément, rhalala, ça vous tirlipote gentiment le palpitant. De bien jolis moments mis également en valeur par de la guitare acoustique, une guitare électrique aux gimmicks entêtants, des claviers empruntant leurs sonorités aux seventies of course, et une batterie inspirée (ne pas oublier que le projet PHIDEAUX est né de l’association de Xavier et de Rich HUTCHINS, batteur de son état…). Breaks atmosphériques et même folk apportent la diversité que l’on est en droit d’attendre d’un titre prog et apaisant,  conçu sous le signe de la sérénité.
PARTY ne va pas trancher de manière radicale avec son illustre prédécesseur. Un poil plus rythmé, sophistiqué, ses lignes mélodiques n’auront encore une fois aucune peine à s’incruster dans vos cervelles. De la voix féminine, des claviers qui égrènent des sons électroniques qui donnent à cette compo un côté années 80 un peu suranné, mais très agréable. Avec le rajout d’une composante folk dans l’écriture, cela devenait un titre que l’on pouvait imaginer composé par Mike OLDFIELD, aux côtés de tubes comme MOONLIGHT SHADOW ou TO FRANCE.
FORTRESS OF SAND, c’est 5 minutes d’atmosphérique. Un peu de voix, un soupçon de chœurs, des accords de guitare acoustique, des notes disséminées par un clavier sur celles d’une guitare saturée qui tapisse l’arrière-plan de longues traînées un peu rugueuses, comme le sable, justement, qui s’écoule, lentement.
Une respiration, avant le deuxième gros morceau de cet opus.
RUFFIAN ON THE STAIRS. Divisé en trois parties. Guitares soudainement agressives sur la première. Dureté du métal. Voix à la Lou REED. La deuxième partie, SUNBURNT, où la guitare, mais surtout les claviers, temporisent, calment le jeu. Avant une nouvelle perle, RETURN OF THE RUFFIAN, titre puissant qui aurait pu figurer dans le ZIGGY STARDUST de BOWIE, parce qu’en plus la voix de Xavier revêt une similitude frappante avec celle de la star ex-androgyne.
Douceur et mélancolie ferment la marche avec TITAN. Encore une fois, le duo vocal capte irrémédiablement notre attention, une jolie montée en puissance la verrouille. L’épilogue parfait.

Pour finir, quelques mots, donc, sur la voix du multi-instrumentiste ( en plus!) Xavier PHIDEAUX, parce qu’elle participe pour beaucoup à l’atmosphère générale de cet album. Tour à tour adulescente, charmeuse, mordante, dramatique, en un mot: intense, on comprend sans mal l’intérêt qu’a pu porter LUCASSEN à la profondeur de ce charismatique organe - omg, mais qu’allâtes-vous imaginer?????-

A l’image de la voix caméléon de Xavier PHIDEAUX, les influences évidentes sur le travail d’écriture amenuisent forcément le capital d’originalité de ce CHUPACABRAS, mais pas ses qualités mélodiques, qui ne déméritent jamais, offrant sans faiblir, que ce soit dans les deux longues pièces ou les titres plus ramassés, de quoi chanter sous la douche pendant pas mal de temps.





Note réelle: 8,5

0 Comments 30 avril 2011
Whysy

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