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Metal barré, extreme prog metal, progressive black metal, difficile de définir précisément l'OVNI qu'est ce second album des australiens de Ne Obliviscaris, Citadel. Du black de violoniste, je vous propose ça comme terme, c'est pas très élégant mais ça résume bien l'ambiance de ce nouvel opus. On connaissait le saxophone d'Ihsahn et Shining, mais j'avais rarement entendu autant de violon dans un album de black metal. Et pas du violon tradi à la Moonsorrow, du putain de crin-crin bien strident et dégueulasse, un truc qui laisse peu de marge de manœuvre quant à l'atmosphère de l'ensemble: glauque, sale, peu engageante, du black oui, mais on est loin des derniers Dimmu Borgir. C'est du moins l'impression qui se dégage de Painters Of The Tempest part 1, premier morceau de ce Citadel.  Je suis pas le dernier à crier au génie dès qu'un groupe de metal s'écarte volontairement des sentiers battus, et j'apprécie toujours qu'un album me renvoie à cette éternelle question: peut-on détester une œuvre d'art que l'on admire? L'inverse est plus facile et évident, bien sûr, aimer de la merde c'est accessible à tout un chacun, et c'est d'ailleurs un très grand plaisir. Par exemple, j'adore les chanteurs kitsch des seventies, à mi-chemin entre la West-Coast, Eric Woolfson et Burt Bacharach, genre Rupert Holmes ou Chris Rainbow. Quel rapport, vous allez me dire? Eh bien c'est tout simplement que se pose la question de la compréhension d'une œuvre. Si vous n'aimez pas un album de merde, c'est probablement que c'est de la merde. Mais un album génial, ou qui du moins semble l'être, où est la faute? N'ai-je pas assez bon goût pour apprécier Ne Obliviscaris? Ou serait-il possible que cette étiquette d'avant-garde soit parfois un peu distribuée à tort et à travers?  Après plusieurs écoutes, il est clair que ce Citadel reste obscur à mes oreilles. Non pas qu'il soit incompréhensible, mais c'est juste que je ne parviens pas à rattacher les passages violoneux/chant clair au wagon de l'art contemporain. Parce qu'il faut tout simplement arrêter de se foutre de la gueule du monde deux minutes, si Catherine Lara se mettait au metal, il y a peu de chances que ça nous rende accro au violon. Pleins de bonnes intentions, les australiens ont voulu allez plus loin que leurs congénères métalleux dans le domaine en nous proposant une fusion de black, de pop-rock RTL2, et de violon, le tout imbriquées dans des structures prog.  Et la sauce ne prend pas, bien au contraire. Reconnaissons ensemble que c'était peu probable. Et c'est bien dommage, car les passages black sont souvent magiques. Prenons pour exemple la deuxième partie de Painter Of The Tempest, section qui dure bien seize minutes, et qui se présente comme une forme d'alternance. Des fois je fais du black prog, et là c'est génial, et des fois je chante des morceaux aux couleurs musicales franchement commerciales, secondé par mon violon. Et là c'est complètement raté. Est-ce plus difficile de faire de la pop commerciale que du black prog? Non bien entendu, c'est même l'inverse. Mais il y a dans la nature du black progressif quelque chose qui le rend bien plus complexe à appréhender, et donc presque impossible à juger correctement à la première écoute. Alors qu'il vous suffira de quelques secondes pour détecter le bousin pop.  C'est le piège dans lequel tombe Ne Obliviscaris à pieds joints. Dès qu'entre le chant clair, dès qu'apparait le violon (hormis sur l'excellente intro de l'album), le niveau de l'ensemble baisse. Il aurait été sans doute possible d'apprécier les morceaux mis à part, chacun de leur côté, mais la démarche n'aurait eu aucun intérêt. C'est cette volonté de rendre les choses plus difficiles à aborder qui nuit à Citadel. Vous trouverez peut-être que je n'ai pas assez parlé de musique dans cette chronique, et pourtant, tout était dans le premier paragraphe: du black de violoniste. Précisons, du bon black de mauvais violoniste.

0 Comments 29 novembre 2014
Whysy

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