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Dreamer vous avait présenté Civilization One il y a quelques temps en chroniquant leur premier album Revolution Rising, qui est sorti en Juin. C’est aujourd’hui à mon tour de vous en apprendre davantage sur ce groupe de Power Metal très prometteur, à travers l’interview du bassiste français Pierre-Emmanuel Pélisson.

1) Comment s'est monté le projet ?

Il s’est monté en 2006. C’est parti d’une idée de Chity Somapala, le chanteur du groupe, qui a eu envie de monter un nouveau projet quand il a quitté Firewind en 2005. Il a contacté Aldo Lonobile (le guitariste de Secret Sphere) qu'il connaissait depuis plusieurs années. Ils avaient toujours eu envie de faire des trucs ensembles, mais n'en avaient jamais eu l'occasion. Là, l'occasion était bonne, donc ils ont commencé à écrire des morceaux ensembles, puis ils se sont rendu compte que ça sonnait bien et qu'ils avaient envie de monter un nouveau groupe. Aldo a donc appelé Luca Cartasegna, le batteur, qui jouait avec lui auparavant dans Secret Sphere et Chity m'a passé un coup de fil pour que je rejoigne le groupe. En fait, ça fait pas mal d'années que je connais Chity. On s'est rencontrés en 1999. A l'époque il jouait dans Avalon. On avait eu l'occasion de partager la scène de l'Elysée Montmartre où il jouait avec Avalon et moi avec  Heavenly. On était devenus amis et on est restés en contact, donc il a pensé à moi pour rejoindre le groupe. J'ai dit oui tout de suite. Ensuite on a eu quelques petits problèmes de claviéristes. Et au bout du compte on a pu trouver Jesper Stotz qui est brésilien mais qui habite en Croatie. Et voilà, le groupe était complet !



2)  Comment s'est passé le processus de composition?

Ça s'est essentiellement fait entre Aldo et Chity, puisqu'ils ont commencé à composer ensemble. Ils sont allés très vite. Aldo a commencé à bosser sur les musiques, il a envoyé ça à Chity qui s'est occupé de mettre des paroles et des lignes de chant. Ils ont travaillé vraiment très vite et quand ils m'ont appelé, la base était déjà prête pour quasiment tous les morceaux. Ensuite, on a bossé ensemble pour les finitions et les petits arrangements. On a pas mal travaillé par Internet, on s'envoyait des mp3 parce qu'on habite pas tous au même endroit et qu’on n'avait pas l'occasion de pouvoir répéter toutes les semaines.

3) Est-ce que le fait que tous les musiciens du groupe habitent dans des endroits différents a posé des problèmes lors de l'élaboration de l'album ?

Comme je te disais, le problème c'est qu'on ne peut pas répéter toutes les semaines. Mais on n'est pas les seuls à être dans ce cas-là. Finalement il y a beaucoup plus de groupes qu'on ne le pense qui sont dans la même situation. En fait, pour cet album-là, on a voulu vraiment aller très vite, on a pris le problème à l'envers, on s'est dit "on a ces morceaux, on peut faire un album, mais il va falloir qu'on trouve un label qui puisse nous financer l'enregistrement. " Finalement on a choisi d'enregistrer les morceaux d'abord, et ensuite, de chercher un label. Et c'est pour ces raisons pratiques et financières qu'on a enregistré nos parties chacun de notre côté. Aldo et Luca ont enregistré leurs parties en Italie ainsi que les parties de claviers, ensuite ils m'ont envoyé tout ça et j'ai enregistré mes parties dans mon studio. Puis le reste (le chant, le mixage et le mastering) a été fait en Allemagne. C'est vrai que c'est tout de même plus sympa de tout faire ensemble et de bosser dans le même studio, mais là, le fait qu'on habite tous dans des endroits différents et qu'on ait voulu enregistrer cet album sans avoir de label, a fait que ça s'est passé ainsi. Mais je pense qu'à l'avenir on bossera tous dans le même studio, ça sera plus sympa. Donc c'est vrai que le problème de distance, ça nous empêche de bosser régulièrement ensemble, mais bon, on a tout de même pas mal de nouvelles technologies (Internet à haut débit, le mp3, le home studio ...) qui font que c'est tout de même plus facile qu'il y a quelques années. Y'a dix ans, un groupe comme nous, qui est vraiment éparpillé partout, aurait eu du mal à survivre, mais maintenant ça va.

4) Qu'est-ce que chacun des musiciens a apporté de personnel dans cet album ?

Tout d'abord ses parties. Par exemple, j'ai eu l'entière liberté de faire mes parties de basse à ma manière. D'ailleurs, comme je te le disais, je les ai enregistrées tout seul. La structure principale des morceaux a été faite par Chity et Aldo. Nous, on a ensuite apporté nos idées, pour nos propres parties mais aussi pour les arrangements. Chacun a apporté un petit peu de sa touche personnelle selon les influences de chacun. Par exemple, je suis plus branché par les trucs un peu plus thrash, death... et sur certains passages je disais qu'il valait mieux calmer un peu les arrangements et moins en mettre, pour que ça soit un peu plus heavy. Suivant la sensibilité et les influences de chacun, on a apporté nos trucs et ça a fait le mélange qui figure sur cet album, qui finalement est relativement varié.



5) Que penses-tu de la performance de Chitral Somapala sur l'album par rapport à ce qu'il a fait dans ses nombreux autres groupes ?

Chity, pour moi, c'est l'un des meilleurs chanteurs dans ce style là, même s'il est encore assez méconnu. Pour moi, c'est un mec du niveau de Russel Allen ou de Jorn Lande dont on parle beaucoup en ce moment. Je trouve que sa performance sur l'album est vraiment excellente parce qu'il a pu se lâcher comme il le voulait, contrairement à des groupes comme Firewind ou Avalon qui étaient des groupes qu'il avait rejoints en cours de route et dans lesquels il avait moins son mot à dire que dans Civilisation One. Je trouve qu'il s'est libéré par rapport à ces albums-là et qu'il a vraiment exploité tout son potentiel, que ce soit sur une ballade ou sur des morceaux plus agressifs.

6) Avez-vous des concerts de prévus avec le groupe ?

Il n’y a encore rien de définitif, on est en train de travailler là-dessus. On va essayer de se placer sur une tournée en première partie. Mais c'est vrai que c'est un peu difficile parce que là, c'est la période où toutes les tournées de septembre/octobre se mettent en place et où tous les groupes essaient de chopper des premières parties, donc c'est un peu la bagarre. Mais on va essayer de trouver des dates à droite et à gauche, si possible sur une tournée, ou une partie de tournée. Sinon on va essayer de monter des concerts de notre côté, en essayant surtout de se focaliser sur la France, l'Allemagne et l'Italie qui sont les pays d'où l’on vient et où l’on a une petite notoriété. En tous cas on tient vraiment à faire des concerts. Beaucoup de gens pensent que Civilisation One n'est qu'un projet de studio avec des mecs qui jouent déjà dans des groupes. C'est vrai qu'on a tous d'autres groupes à côté, mais on considère que Civilisation One est vraiment un groupe et notre but n'est pas juste de sortir un album. On a eu l'occasion de faire un premier concert au mois d'avril, on a joué au Progpower Festival en Angleterre. Les gens ne connaissaient pas les morceaux puisque l'album n'était pas sorti, mais ça s'est vraiment super bien passé. Dès le départ, avant même que les morceaux ne soient terminés, on s'était dit qu'on allait faire des concerts. Après cette première expérience sur scène, on s'est dit qu'il fallait continuer. Donc pour les dates, on est en train de bosser dessus et ça devrait se décider dans les semaines à venir.

7) Peux-tu nous dire quelque chose sur l'actualité de ton autre groupe, Maladaptive ?

Bien sûr. Fred, qui est le guitariste / chanteur, est enfin de retour de tournée [Fred est également le  bassiste du groupe Dragonforce].  On se prépare depuis quelques temps déjà à l’enregistrement du premier album. On devait au départ l’enregistrer au mois de Juillet, mais on va finalement le repousser un peu pour permettre quelques petites retouches sur les morceaux. Donc je pense qu’on va commencer à l’enregistrer en Septembre / Octobre.

8) Comment en es-tu venu à jouer de la basse ?

Par opportunisme en fait. J’ai commencé par la guitare, comme pas mal de bassistes dans le metal. Et à l’époque où Heavenly a sorti son premier album, j’étais devenu pote avec Eric, le premier guitariste du groupe. Il m’avait confié que Heavenly avait quelques problèmes avec leur bassiste et qu’ils étaient en train d’en chercher un autre. Alors je lui ai dit que je ne faisais pas de basse, mais que je voulais bien essayer. J’ai pris une basse, j’ai essayé et je me suis rendu compte que j’y arrivais. Et puis voilà, je suis rentré dans le groupe comme ça ! Donc ça a vraiment été par opportunité. Et en fait, c’est quelque chose qui est arrivé à pas mal de groupes de metal, beaucoup de bassistes se sont retrouvés à faire de la basse ainsi. Et la basse, au moins au niveau du metal, n’est pas si différente que ça de la guitare.

9) Continues-tu encore à jouer de la guitare ?

Oui, mais surtout chez moi pour composer. Je ne m’entraîne plus comme avant, donc j’ai largement perdu au niveau technique.


9) Qu'est-ce qui t'a donné envie de jouer du metal ?

Quand j’étais petit, j’avais environ 4/5 ans, mes parents m’avaient acheté des petits instruments en jouets, et je trouvais que la guitare était le plus cool. Quand je regardais la TV et qu’il y avait des pubs ou des morceaux où j’entendais de la guitare électrique, ça me rendait fou, j’adorais ça.  Donc j’ai commencé à jouer de la guitare assez jeune. Je ne connaissais pas encore le metal. Je ne sais plus quel est le premier truc que j’ai écouté, mais c’était la grande époque Metallica au début des années 90 et quand j’ai découvert ça, j’étais fou. Je me suis dit «  voilà, c’était ça que je cherchais depuis des années ».



10) Que penses-tu du metal en France actuellement?

Le metal en France se développe très bien. Depuis que je fais des interviews, on me pose assez fréquemment la question et je dois avouer qu’au début je disais que la scène française n’était pas terrible, alors que maintenant ça se développe bien. Disons que le problème qu’il y a eu en France, ce n’était pas vraiment un problème de talent, mais un problème de professionnalisme. Dans les années 80 il y avait pleins de très bons groupes, mais les structures n’existaient pas et il n’y avait pas de managers compétents pour booster ces groupes-là. Les groupes ne savaient pas trop ce qu’ils devaient faire. La différence est flagrante quand tu vas en Allemagne ou en Suède, il y a énormément de groupes et le moindre petit groupe local agit de manière professionnelle. Et ça, ça n’existait pas en France. Mais justement, je trouve que ça commence bien à se développer, les groupes sont de plus en plus sérieux. Un groupe comme Gojira en est la preuve flagrante. Ils se retrouvent à jouer aux Etats-Unis et je trouve cela super bon pour eux. La scène française est en train de rattraper les autres au niveau de la mentalité.

11) Quels conseils donnerais-tu à un jeune groupe qui souhaite débuter dans le metal ?

Premier conseil : ne pas s’imaginer que l’on va gagner de l’argent. Faut pas s’imaginer du tout que l’on va être riche en jouant du metal, ni même que l’on va gagner sa vie. Il faut vraiment être là pour la passion de la musique. Il faut essayer de bosser, et comme je disais, d’agir de manière professionnelle. Il faut essayer de promouvoir sa musique, d’avoir un site Internet, un site Myspace, essayer de trouver des concerts. Même si on trouve un concert dans un bar et si l’on joue devant deux personnes, il faut le faire quand même. Je pense que c’est vraiment cela qui est le plus important, en dehors de la musique évidemment, agir de manière professionnelle dès le départ.

12) Est-ce qu'il y a une question que t'aurais aimé que je te pose?

C’est vraiment une bonne question… là, je ne vois pas. Mais je vais quand même essayer de trouver quelque chose.  Ah si, j’aurais aimé que tu me poses une question pour savoir si j’avais d’autres projets que Maladaptive ou Civilization One.

13) Eh bien tu peux y répondre.

C’est bien, ça me permet de faire ma propre pub ! Donc oui, je commence à travailler avec d’autres groupes au niveau de la production et je suis en train de monter mon propre studio ici à Besançon. Les travaux ont débuté, j’aurai bientôt ma propre structure d’enregistrement. Donc si des groupes sont intéressés, qu’ils n’hésitent pas à me contacter ! L’enregistrement et la production sont des choses qui m’ont toujours branché, donc j’ai vraiment envie de développer cela. Cela me permet de continuer à faire de la musique sans forcément en jouer.

Merci d’avoir répondu à cette interview ! Je souhaite le meilleur avenir possible à Civilization One et j’espère pouvoir vous voir très bientôt en concert !

Merci également à Dreamer et Hélène pour leurs coups de mains respectifs.

0 Comments 03 juillet 2007
Whysy

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