Vous recherchez quelque chose ?

Au IV ième siècle avant notre ère, le philosophe grec Diogène se désespérait: Ses compatriotes ne l'écoutaient jamais quand il professait son antimatérialisme cynique..Il eut alors l'idée de se placer au centre de l'agora de Corinthe, à l'heure du marché, à la vue de tous et il se mit à imiter une poule. Accroupi, les bras pliés, éructant et jacquetant, il attira très vite l'attention sur lui...Les Corinthiens se rassemblèrent en grand nombre, interloqués ou moqueurs, ils se massèrent auprès de Diogène pour le regarder. Une fois sa prestation terminée, le philosophe se remit sur ses jambes et les condamna violement: Combien de fois avait il tenu des discours sensés, sérieux, construits sans obtenir la moindre attention de leur part et le jour où il fait semblant de perdre la raison, le monde s'arrête et le regarde. Sans le savoir, le grand philosophe avait perçu l'un des travers les plus incroyables de l'homme: sa fascination pour l'absurde, l'attirance dérangeante de la folie, la force de l'étrange...Qu'aurait il alors pensé de la tentative incroyable d'Yngwie Malsmteen de faire revivre,en 1998, la musique classique en composant ce Concerto suite for electric guitar and orchestra in E flat minor opus 1? (qui dit mieux? )  La question n'est peut être pas là, c'est sûr, toujours est il que je vais vous parler, amis lecteurs, d'une oeuvre hétérodoxe et inclassable qui s'apparentera pour le fan de death au supplice du gavage de yaourts périmés (Je rappelle aux plus jeunes que cette expèrience ne doit en aucun cas être essayée chez vous). En effet, ce concerto est totalement instrumental et il se pose en oeuvre classique pour orchestre puisque, en dehors de la guitare, le grand Yngwie a fait appel à l'orchestre philarmonique de Prague. Cette oeuvre est ainsi l'aboutissement de la démarche musicale personnelle du Suédois, celui-ci ayant toujours reconnu l'importance prise par les grands noms de la musique classique dans son processus créatif et, il l'a avoué dans plusieurs entretiens, ce projet est un rêve ancien qu'il a patiemment composé et laissé mûrir avant de le concrétiser. A partir de là plusieurs questions tarraudent l'esprit de mes lecteurs les plus impatients? Ce cd est il vraiment métal ou pouvons nous espérer l'offrir à la fête des mères? Cette Oeuvre marque t'elle le renouveau de la musique classique ou est-ce un simple copiage des grands airs du style? Ce disque peut-il se prévaloir de la signature de l'Union Française pour la Santé Buco-Dentaire?  Alors oui ce cd appartient au monde merveilleux du métal, la guitare est naturellement la clé de voûte de cette architecture musicale baroque et l'orchestre accompagne les différentes disgressions du père Yngwie pour leur répondre et les magnifier. Les 12 mouvements du concerto répondent de la volonté de reproduire les structures classiques imposées (Fugue, Tocatta, Sarabande, Finale) en les combinant avec des variations plus libres ou plus personnelles (Prelude to April, Icarus dream fanfare). Dans les deux cas, la composition est soignée et la somme de travail qu'a nécessité l'oeuvre apparaît dans toute sa complexité.  L'introduction "pastorale" d'Icarus dream fanfare ouvre le concerto comme une introduction sur un "Cavallino rampante" où l'orchestre est un fond rythmique de violons sur les mélodies néo classiques et relevées du Suédois. Cette impression d'un orchestre accompagnateur retera dominante. Seuls quelques morceaux vont selon moi parvenir à une véritable symbiose entre le guitariste virevoltant et l'orchestre:  Tout d'abord la Fugue. Dans la musique classique, c'est une composition,très prisée par J.S.Bach d'ailleurs, qui prend la forme d' un jeu de fuite et de poursuite des mélodies selon une structure ternaire (l'exposition, le développement et la strette). Ici, c'est une totale réussite: la mélodie de Malmsteen interpelle l'orchestre qui lui répond par un jeu en canon majestueux. Ensuite Tocatta: là encore une figure imposée du classique qui réussit très bien au virtuose. Il développe une mélodie à la guitare sèche et l'orchestre l'amplifie au violon et à la flûte. Vivace, le meilleur titre, ombrageux, où la musique devient colère et où l'orchestre est le plus libre et le plus présent (violoncelles, violons...) Une merveille, avec un interlude apaisant qui s'accélère avec maestria pour revenir dans les tonalités troumentées du début. Et enfin, Presto Vivace et le Finale, les dernières pistes du concerto, enjouées et rayonnantes comme une éclaircie après l'orage avant une conclusion grandiloquente.  A l'exception de ces titres l'apport de l'orchestre est moins visible,voir inexistant (prelude to April). Ce sont toutefois de très bonnes compositions émouvantes (Sarabande, à la guitare accoustique et instrument à vent est splendide) ou captivantes (Andante et Allegro où violons et guitare s'entrelassent pour créer une atmosphère magique avec les flûtes traversières!!aaaahhhh). Cependant un point négatif se soulève même pour le non passionné de musique classique! quelques emprunts à Vivaldi (presto vivace)et à Tchaykovski (Adagio) sont perceptibles. C'est certe regrettable mais que celui qui n'a jamais louché sur la copie de son voisin jette à yngwie la première pierre (Ah vous faites moins les malins, là!! :p ) C'est simplement le travers d'une oeuvre impressionnante, qui plus qu'un hommage aux mânes des génies du classique, se pose en une entreprise démesurée et unique. Un moment rare, tout simplement!

0 Comments 20 octobre 2009
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus