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J’en avais pourtant fait la promesse. Et afin de la rendre plus solennelle encore, je n’avais pas hésité à la déclamer haut et fort sur la tête, non, sur la formidable crinière léonine de notre chef vénéré.
Je me vois contraint de revenir sur cette promesse. Il est assuré, toutefois, que l’on vit très bien avec une calvitie et il se murmure même qu’un traitement contre celle-ci sera bientôt au point. Te voilà donc rassuré, chef vénéré.
Mon serment, donc, était celui-ci: « Dans ta chronique, jamais tu ne nommeras autre groupe que celui qui en est l’objet« . Grande naïveté, sotte prétention de ma part? Les deux, mon capitaine.

Steven WILSON!! PINK FLOYD!!  

Voilà, c’est dit. Bon, en même temps, parler de WILSON et du Flamant Rose comme influences relève quasiment du lieu commun dans le monde du prog contemporain. Le riff introductif de SONG FOR MY SON, âpre et métallique, contrastant avec un chant clair et doux évoquera bien sûr immédiatement le PORCUPINE TREE. Sur les nappes de synthés aux sonorités inquiétantes que l’on pourra entendre sur WHERE DO WE GO NOW, il ne manquera que les aboiements des chiens ou les grognements des porcs pour nous imaginer égarés dans la plus sombre des galettes floydiennes: ANIMALS. Les premières mesures acoustiques et la mélodie chantée sur THE FIGHT IS OVER ou YOU nous ramèneront au meilleur du Flamant acoustique de ATOM, HEART, MOTHER ou  THE DIVISION BELL( entre autres…). Et sur HEY MAN, le chant posé sur une guitare bourdonnante et quelques notes répétitives au clavier se fait on ne peut plus wilsonien.

Je vais m’arrêter là, car il serait injuste de réduire le travail de Jean-Pierre SCHENK à une accumulation de «  à la manière de ». Les influences sont prégnantes, certes, mais au fil des écoutes, c’est tout un florilège d’indéniables qualités qui nous emportent finalement, loin de toute velléité à vouloir se livrer encore et encore à l’exercice spécieux de la comparaison à tout va.
Ces qualités, on va les passer en revue. A commencer par la plus importante, le bonhomme lui-même: Jean-Pierre SCHENK, chanteur, multi-instrumentaliste - il fait quasiment tout sur cet album- et compositeur.
Dans ces trois domaines, il excelle.
Ses mélodies… Elles sont belles, voilà. De la frémissante SONG FOR MY SON qui nous prend au cœur durant 8minutes et 25 secondes à l’intimiste et court (curieusement) titre éponyme DARK, rien , absolument rien ne vient contrarier notre plaisir à se laisser porter par les partitions d’un maître d’œuvre attentif à construire des pièces musicales cohérentes, inventives et gorgées de feeling. De l’âme, il n’en manque pas.  Elle se nourrit sans peine d’envolées instrumentales, de montées en puissance, exacerbée autant par la délicieuse ivresse de plages atmosphériques que par l’impétuosité de riffs groovy.
Son jeu aux claviers reste sobre. Planants, aériens, éthérés, obsédants, aux sonorités essentiellement modernes (Hammond fait bien quelques apparitions, notamment sur DARK), ceux-ci se contentent plutôt d’installer une ambiance, laissant plus volontiers le devant de la scène au chant et aux guitares.
Sa voix… Histoire de faire mon malin, je vais citer Emmanuel Kant, qui nous a dit: « La musique est la langue des émotions. » *
Je trouve que la citation marche tout aussi bien quand on remplace « la musique » par « le chant », et qu’elle s’accorde bien alors avec la prestation vocale de JP SCHENK.
Il ya une petite dédicace de lui dans le livret de l’album qui peut laisser penser que la vie n’a pas été très charitable avec lui tout au long de la gestation de cet opus. Une longue gestation, puisque ce DARK a été enregistré entre janvier 2006 et février 2008. Faut-il voir dans ces quelques indices les raisons de la présence de la deuxième -grosse- qualité de cette œuvre?: L’EMOTION. Tellement perceptible au travers des sombres sentiments qui semblent troubler JP SCHENK. Un extrait des paroles de SONG FOR MY SON donne le ton:
Learn to lie, don’t mind to trick someone
This is how things do work today
Forget your feelings, forget yout humanity
This is how THEY make the world run
Cependant, malgré une couleur de texte très DARK, je ne qualifierai pas cet album de dépressif ou cafardeux. J’y entend plutôt une douce mélancolie, exempte de colère, malgré certains thèmes abordés.
Mélancolie, et désabusement. Et je reparle du chant: posé, exempt de colère, mais pas apathique pour autant. S’il peut être poignant, il devient aussi plus vif lorsque le rythme s’accélère et ne rechigne pas à s’habiller d’effets spéciaux comme écho ou distorsion. La douceur du chant contraste avec l’aspect noir et dur de certains textes, ce que j’avais déjà trouvé dans le PURE de PENDRAGON. Et puisque j’évoque Nick BARRET, parlons guitares à présent. La troisième -très grosse- qualité de la galette.
Ce sont deux guitaristes qui se partagent les huit compositions. Et là, je pourrais résumer leurs interventions en un mot: TUERIE. Ce ne sera pas faire offense à Jean-Pierre SCHENK que de dire que ces guitares survolent l’instrumentation, sans contestation possible. Derrière sa batterie, ses claviers ou sa basse (virtuelle), l’homme nous régale pourtant tout autant de sa technique virtuose que de sa sensibilité.
Mais ces guitares… Alors oui, il peut y avoir du GILMOUR dans certains soli, on peut penser à BARRET  aussi, mais la vie qui semble animer ces instruments, qu’ils soient acoustiques ou électriques, est bien insufflée par Roger BURRI et Olivier GUENAT. Ici, au chapitre des sentiments en tous genres, les guitares font jeu égal avec le chant. Je les entends gémir, se révolter, s’adoucir, s’enhardir dans une saine exubérance, contredisant les propos moroses de JP SCHENK, puis semblant les rallier tout à coup, le temps d’un break. C’est la vie. C’est le talent. C’est tout.

Voilà en ce qui me concerne un album qui ne cesse de bonifier avec le temps. Comme tout bon album de prog, il se garde de sombrer dans la routine, multipliant les changements de rythme, et fait l’effort constant de nous surprendre et de nous charmer. Je ne vais pas revenir sur les influences déjà citées abondamment, mais vous qui les aimez, et vous qui avez comme moi aimé vous perdre dans l’océan  émotionnel qu’est PURE de PENDRAGON, et bien je pense que vous devriez aussi aimer ce DARK.



Ma note réelle: 8,5. Que j’arrondis finalement à 9, parce que je m’en rapproche chaque jour un peu plus…





* Merci à linternaute.com...

0 Comments 01 mars 2011
Whysy

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