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All we'd say
Means nothing today
Foolish eloquence
We're silent again




Le plus sombre des blancs. Cest comme ça que Tristania nous revient après un Rubicon qui n'avait pas nécessairement su convaincre. Un album où les aspects gothiques et symphoniques étaient quasiment oubliés au profit d'un chant plus agressif, et de d'atmosphères plus directes. Une direction déjà esquissée lors de la période Ashes, provoquant le premier désamour de certains fans.

La composition s'était affaiblie, les intervenants vocaux aussi, le groupe subissant le départ de Vibeke Stene, et de son chant fantômatique et aérien. Mariangela Demuertas, malgré son énergie, et son potentiel certain n'avait pas su captiver l'attention des auditeurs. La faute aussi à une composition moins intéressante et aventurière.

La question qui se posait pour Tristania en 2013 était donc : reprendre la main, ou disparaître dans le marasme des groupes qui ont fait leur temps, et n'apportent plus rien à la scène metal (qui a parlé de Visions of Atlantis ?).

La réponse ne se fait pas attendre, et dès les premières notes de Number, l'auditeur est aspiré dans l'agressivité déployée par le groupe. Basse sur-représentée, hurlements de l'ami Kjetil, sur un rythme auquel le groupe ne nous a pas habitués. Aucun doute, c'est sombre. Angoissant. Etouffant même. Les variations de rythme se succèdent et le clavier s'évade, pour un morceau qui s'éloigne clairement du "radio-friendly" de Year of the Rat.

Bon point pour le groupe : le chant de Mariangela, bien que sublimé, n'est plus mis au premier plan de la musique (sauf sur Requiem, où elle chante presque seule). Le single choisi, Darkest White, l'illustre, puisqu'elle n'y chante même pas ! Chant sublimé parce que quelque chose s'est passé depuis Rubicon, lui permettant de se tailler une crédibilité à coups de dents. Plus variéé que dans le précédent album, sa voix se fait plus plaintive sur Lavender, plus triste sur Himmelfall, plus directe et aux faux airs d'Anneke Van Giersbergen sur Diagnosis.

Après Number, Darkest White et Arteries sont deux morceaux dans la même veine : une basse plus présente, un rythme soutenu qui réveilleraient les morts, et un chant accrocheur. Les guitares emportent des riffs bien présents derrière le chant, leur donnant une saveur qui les élève sur le haut du panier de l'album.

La mélancolie caractéristique de la belle époque de Tristania n'a pourtant pas entièrement disparu : Mariangela la convoie dans Requiem quasiment a capella, et Ole Vistnes la porte à la force de son chant clair dans Lavender, où on retrouve des choeurs rappelant le passé quasi cantique de Tristania, mais surtout dans Cypher. La guitare de cet avant-dernier morceau se fait plus douce, et l'émotion coule tout au long de ses presque six minutes.

Vous l'aurez compris, la force de Tristania demeure sa capacité à exploiter les voix de ses intervenants au maximum de leurs capacités. Le groupe norvégien reste un ensemble choral convaincant, soutenu par quelques orchestrations discrètes, et des musiciens solides.

Malgré tous ces points positifs, l'album n'échappe pas à l'écueil du ventre-mou. On s'ennuie parfois. La seconde partie de l'album tend à être moins percutante que la première. D'une part parce que la batterie se fait discrète, et répétitive. D'autre part aussi parce que le chant black et colérique de Kjetil, bien que techniquement réussi, n'est pas toujours assez varié. Diagnosis, Scarling et la trop mécanique Night on Earth seraient ainsi le passage à vide de l'album.

Si le chant caverneux et la mélodie puissante de Scarling sont appréciables, il lui manque ces guitares qui énergisent Number et Arteries. La chanson, assez attendue, ne décolle finalement jamais.
Enfin la composition pêche parfois par redondance, puisque la plupart des morceaux suivent le même schéma (les gars on commence doucement, puis on leur en met plein la vue OK ?). Bien qu'efficace, il ne surprend plus à la longue.

C'est dommage de trouver des longueurs dans un album de moins d'une heure.

Tristania se consolide dans un nouveau genre. Plaira-t-il aux fans ? Certainement, malgré l'absence de morceaux au potentiel tubesque de Year of the Rat.

De mon côté, bien que rassuré sur leur capacité à composer, et à performer, je reste un peu déçu : Tristania avait toujours une double saveur, à la fois défoulante et mélancolique. Cette seconde part n'existe plus qu'en second plan, sur certains titres ; il existe de nombreux autres groupes plus efficaces dans ce domaine purement agressif.

Et pourtant, je me surprends à y retourner ... Quitte à zapper un ou deux morceaux à l'écoute !

0 Comments 14 septembre 2013
Whysy

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