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Premier album auto-produit du combo strasbourgeois Desdinova, Defying Gravity est un passionnant recueil d'influences diverses en matière de heavy metal, enregistrées dans des conditions excellentes par de très bons musiciens. A vrai dire, il ne manque pas grand chose à ces morceaux pour décoller véritablement, et avec ce premier LP on y est presque.

Pratiquant un heavy-thrash relativement balisé, Desdinova souffre sur ce premier LP de la comparaison avec Metallica, sans doute provoquée par le timbre de Baston, le chanteur du groupe, sorte de mini-Hetfield. Le groupe pousse même la ressemblance sur Faster Than Light, dont le refrain vous rappellera sûrement quelque chose que vous connaissez. Musicalement on est plus proche d'un bon vieux Megadeth, mais là n'est pas la question. Écumant les scènes alsaciennes et après un premier EP montrant surtout la bonne humeur régnant au sein du groupe, Desdinova saute le pas et entre en studio pour enregistrer ce Defying Gravity, auto-proclamé Sci-fi metal. Là où on pourrait craindre des influences cosmiques et chiantes, au contraire le groupe privilégie une certaine forme d'intégrité thrash, une rudesse d'ensemble, qui tranche avec la sympathie des membres.

C'est Laurent le maître d’œuvre de Desdinova, le dernier membre fondateur encore présent après le récent départ du chanteur. Guitariste rythmique, c'est lui le principal pourvoyeur de riffs, et donc lui qui initie chaque morceau, en quelque sorte. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'à ce niveau-là le mec envoie la purée sans trop chercher à se soucier des éventuels éclaboussures ! Solanum (le single), Rules Of Engagement (très Slayer), et le magnifique Bloodstone, autant de manifestes thrash old school, impression amplifiée par la sécheresse du son des alsaciens : pas de chichi, pas d'overdubs à n'en plus finir et un son de guitare assez propre et presque léger. Seul point noir la batterie qui semble un peu lointaine. Le tout est mis au service d'un message clair et direct, puissant et volontaire, auquel il manque sans doute une certaine musicalité.

Là où on peut avoir quelque regrets c'est dans le peu de risques pris par Desdinova : n'importe quel fan de Slayer, Megadeth ou Metallica (période 80's) se sentira immédiatement en terrain connu. Pour l'instant, les strasbourgeois n'apportent pas beaucoup d'eau au moulin, se contenant de ressortir de vieilles recettes quelque peu éculées, même si elles sont toujours efficaces. Le potentiel est indéniablement présent, et on ne peut que les féliciter d'être parvenus à enregistrer un album aussi propre et d'aussi bonne qualité, mais ça manque cruellement d'ambition. Peut-être parce qu'ils n'avaient pas envie de se retrouver à poil, et c'est compréhensible, et puis je le redis je serai le dernier à reprocher à un groupe débutant en studio de vouloir assurer ses arrières. Mais dans le cas de Desdinova c'est dommage car on aurait pu espérer, au vu de la qualité de l'album, quelques tentatives plus affirmées de se démarquer du style. Par moments, on sent des motifs plus travaillés, des sons clairs, à l'image de l'intro de l'album (Whisperer) : il faudra explorer cette dimension pour la suite des opérations.

Mais dans l'ensemble, malgré cette ressemblance parfois amusante, parfois gênante avec les cadors de la Bay Area, c'est un premier opus très satisfaisant, et j'attendrai le deuxième album pour me mettre vraiment à râler. Car maintenant Laurent et Desdinova doivent conjuguer leurs attentes avec celles du public, sans aucun doute grandissantes, et il devront pour leur prochain effort studio frapper un grand coup s'ils ne veulent pas rester cantonnés au rôle de sympathique combo metal local qui aurait presque pu percer. Il ne manque pas grand chose au groupe pour s'extirper du chaudron bouillonnant des divisions d'honneur alsaciennes, vivier heavy-thrash (voir les excellents et sympathiques Bull Terrier et Cygonia) s'il en est: un chouilla de maîtrise supplémentaire (on y est presque), une prise de distance avec les grands anciens (le départ du clone vocal d'Hetfield va aider), et surtout une prise de risque identitaire.

0 Comments 23 juin 2014
Whysy

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