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Fort d'un second opus (le bien nommé « Hope » sorti en 2007) qui avait vu les tunisiens prouver avec force et talent qu'ils n'avaient rien à envier aux ténors du genre, Myrath revient en ce début 2010 avec un nouvel album, « Desert Call ». Un effort sur lequel reposent de nombreux espoirs, tant le précédent avait mis l'eau à la bouche à de nombreux mélomanes... Et c'est là tout l'enjeu de cette nouvelle offrande. Elle doit non seulement confirmer les qualités entrevues chez son prédécesseur, mais également aller au-delà !

Alors, pari réussi ?
Inutile de tourner autour du pot, c'est un OUI franc et massif !

Non seulement « Desert Call » conserve les vertus et le talent pressentis sur « Hope », mais il prouve que le groupe est capable de repenser sa musique en nous proposant plus qu'une simple relecture de ses principales influences. Car "progressif", le groupe l'est indéniablement, que ce soit dans la technicité de ses virtuoses ou dans ses références musicales. Mais il l'est aussi dans le sens noble du terme, à savoir dans sa volonté d'innover et de se remettre en question, afin d'offrir de nouveaux horizons musicaux... Avec « Desert Call », les tunisiens intègrent désormais des éléments plus personnels à leur compositions, leur permettant ainsi de se démarquer intelligemment du reste de la masse. Ils y affirment un peu plus leurs origines arabes et les revendiquent de la meilleure façon qui soit, en nous léguant une œuvre en tout point magistrale.

Dès les premiers accords de « Forever And A Day » le ton est donné ! Des sonorités orientales, riches d'instruments traditionnels en tout genre (violons, percussions et bien d'autres instruments à cordes dont le nom m'échappe complètement) se font entendre et vous transporte de suite de l'autre côté de la Méditerranée... Une odyssée musicale qui ne cessera qu'à la dernière note de l'album. A noter que ce titre d'ouverture sera présenté sous deux versions différentes selon les régions où l'album sera distribué : sur la version européenne, via XIII bis Records, les couplets sont chantés en arabe, alors que sur la version distribuée par Nightmare Records, dans le reste du monde, les couplets sont en anglais. Je ne saurais que trop vous conseiller la version européenne, le résultat étant particulièrement réussi !

Sur ce canevas "oriental", marque de fabrique du groupe, vient se greffer un Metal progressif "occidental" puissant et inspiré, dont on retrouve les codes fondamentaux appliqués à la lettre : attaque des riffs de guitares, rythmique massive et versatile, orchestrations soignées, lignes de chant captivantes et soli vertigineux, tout y est. Les influences de Symphony X et Adagio sont palpables sur des titres comme « Desert Call », « Madness » ou « Ironic Destiny » (sur lequel apparaît d'ailleurs Stephan Forté pour un solo à la fin du titre) et l'on perçoit même un clin d'œil évident à Dream Theater sur l'excellent « Silent Cries » (morceau épique où certaines lignes vocales rappellent celles de James Labrie et les breaks claviers/guitares ceux des américains) ou la ballade « Memories ».

Nouvelle recrue du groupe, Zaher Zorgati se fend de performances remarquables derrière le micro, en assurant dans tous les registres, des plus calmes au plus intenses, sur des vocalises arabisantes ou des passages plus 'rock'. Malek Ben Arbia, de son côté, assène des riffs que ne renieraient pas Michael Romeo pour leur puissance, leur dynamique ou leur virtuosité. Quant aux soli, ils démontrent tout autant de technicité que de feeling ! Autre maître d'œuvre à bord, Elyes Bouchoucha s'occupe, lui, des claviers, de certains parties de chant et de l'ensemble des orchestrations de l'album... Il effectue un travail minutieux et remarquable sur ces majestueuses ambiances traditionnelles que l'on croiraient, par moments, échappées d'un des contes des milles et une nuits. Et sur les interventions plus 'classiques' du Metal Progressif (à savoir les nombreux soli de claviers et autres duels avec la guitare) il assure tout autant ! Enfin, n'oublions la section rythmique qui réalise, elle aussi, un travail d'orfèvre. La batterie de Saif Ouhibi est irréprochable de justesse (notamment sur les contretemps), et la basse tenue par Anis Jouini se montre groovy à souhait (« Silent Cries », « Memories » ou le solo de basse sur « Desert Call » comme on aimerait en entendre plus souvent).

Mais que les allergiques au Metal Progressif trop technique et impersonnel se rassurent, Myrath ne se limite pas à répéter les codes élémentaires du genre et mise avant tout sur les émotions véhiculées par la musique. Et de ce point de vue, le feeling des tunisiens et leur sens aiguisé des mélodies s'avère imparable. En effet, chaque morceau présent sur cette galette offre un refrain ou des harmonies qui vous accrochent dès la première écoute et ne vous lâchent plus. Le côté oriental de la musique vous faisant voyager sans mal vers de lointaines contrées, que demander de plus...

On appréciera aussi la volonté du groupe à varier les plaisirs avec titres comme « Memories », « Ironic Destiny », « No Turning Back » ou « Shockwave » qui délaissent un peu les atmosphères arabisantes pour offrir des morceaux plus classiques des scènes européennes ou américaines... Preuve que les tunisiens sont capables d'évoluer sur des registres multiples et variés, sans perdre de vue l'impact et l'accroche mélodiques des morceaux. Une palette impressionnante pour un groupe pétri de talent !

Au final, « Desert Call » se montre donc être un chef d'œuvre remarquable dans sa conception, son exécution et sa production (signée Kevin Codfert d'Adagio). Ainsi, à l'heure où le débat sur la notion d'« identité nationale » agite certains esprits chagrins, Myrath nous démontre magistralement que le brassage des cultures occidentales et orientales, loin d'être incompatibles, révèle des moments de pur bonheur et qu'il est source de richesses ô combien jouissives.

Pour tout cela, Messieurs, je vous dis Bravo... et Merci !

0 Comments 18 janvier 2010
Whysy

Whysy

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