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A l’écoute de ce nouvel opus de Lumsk, que j’attendais plus qu’impatiemment, me voilà bien perplexe. Bien sûr, dans l’interview que j’avais faite du groupe, Eystein Garberg, le guitariste, m’avait annoncé que le nouvel album s’éloignerait fortement du Metal. Mais, ce genre de choses, en général, on y croit pas trop… Ou on ne veut pas trop y croire ! Surtout lorsque l’on a encore en tête la puissance des écrasants riffs doomesques des deux premiers opus.

Lorsqu’un groupe choisit de baisser la saturation des guitares, c’est en général pour devenir plus commercial, toucher le grand public, vendre plus. Nombreux groupes, et notamment à voix féminine, se sont ainsi progressivement séparés du Metal, de manière à devenir bêtement commerciaux et à perdre toute valeur musicale ainsi que l’estime des fans de la première heure.


C’est un fait, il faut s’y résoudre : Lumsk s’éloigne bel et bien du Metal (plus que je ne le craignais malheureusement) mais n’entre absolument pas dans une logique mercantile de morceaux formatés : au contraire, on pourrait même être tenté de dire que le groupe prend de gros risques, se saborde en quelque sorte, prenant ses fans à contre pied et là où ils ne l’attendent sûrement pas. Et voilà bien ce qui me rend perplexe : comment aborder cet album de… rock/jazz progressif et folklorique portant encore la signature de ce qui fut il n’y a encore pas si longtemps l’un des plus merveilleux groupes de doom mélodique au monde à mes yeux ?

Bon, bien sûr, le constat n’est pas si noir…D’ailleurs les quelques passages Metal de l’album (typés heavy et plus doom du tout) sont si excellents (sur « Diset Kvæld » et « Høstnat » notamment, parmi les meilleurs morceaux du disque) que l’on regrette d’autant plus leur rareté, qui leur confère une dimension exceptionnelle…

Et impossible de le nier, cet album, varié et intelligent, s’écoute merveilleusement, et s’avère des plus plaisants. Stine-Mari chante divinement : sa maîtrise, déjà époustouflante auparavant, est devenue absolument parfaite. Quant aux arrangements, leur complexité ne vient point émousser la sérénité et la douceur qui se dégagent de l’album (les plus vivantes première et quatrième parties de « Svend Herlufsens Ord », qui rappellent parfois « Allvis » de l’album précédent). On sent que le groupe a joyeusement mélangé l’ensemble de toutes ses influences pour composer cet opus. De la basse groovy de "Og du vil Vide", aux guitares puissantes de "Diset Kvæld", jusqu'aux violons du très beau single "Om Hundrede aar er alting glemt", transcendé par le duo de Stine et du chanteur de variété norvégien Ola Bremnes... Le son, à la fois propre et puissant, avantage d’ailleurs beaucoup les compositions. A certains moments, on pourrait presque se croire dans une bande originale, avec ces thèmes à la fois simples et prenants (« Paa Hvælvet »).

« Det Vilde Kor » quoique doux, tendre, est cependant moins mélancolique que ne l’était par exemple « Troll ». Ici, au contraire, le groupe semble parfois s’amuser, aux dépens des auditeurs, déjà déboussolés par les morceaux complexes, qui n’ont plus qu’à se raccrocher comme ils peuvent (la troisième partie de «Svend Herlufsens Ord », me rappelant des scènes burlesques de dessin animé, vraiment étrange) et éviter de se perdre en route.

Mais à de nombreux instants, la magie fait mouche, et le chaleureux timbre de Stine nous dépeint alors toute la beauté de la nature norvégienne. La belle peut aussi se faire enjôleuse, histoire de mieux nous bercer de légendes oubliées chargées de mystère et d’onirique poésie (les textes de l’album sont d’ailleurs des poèmes tirés du « Chœur Sauvage » de Knut Hamsun, écrit en 1904). Et l’auditeur, vaincu par tant d’habiles charmes, de se laisser doucement caresser par ce violon toujours présent, et par ces évidentes et magnifiques mélodies de piano, à l’évidence les plus belles composées par le groupe. Oui, atteignant parfois une dimension religieuse ("Skærgaardsø"), ou à l’inverse s’exerçant dans des terrains plus originaux et inattendus, la voix de Stine reste du début à la fin notre seul guide.

Et devons-nous nous plaindre ou nous réjouir de la courte durée de l’album ? Le morceau présenté en single et qui m’avait tant ému dans sa version courte perd de sa substance et de sa magie dans sa version intégrale, les meilleurs moments semblent dilués dans une pièce un peu vide. Mais à d’autres moments, comment ne pas se sentir frustré, quand les morceaux, beaucoup plus courts qu’auparavant, s’interrompent là où l’on avait l’impression qu’ils débutaient à peine ? Une seule solution, se le repasser, et s’en satisfaire jusqu’à l’overdose… qui n’arrive jamais !!


Loin de toute fougue métallique, aux premières écoutes, Lumsk déçoit, je suis obligé de le reconnaître. Le côté heavy de certains morceaux est réjouissant, mais plus une once de doom ne vient résonner à nos oreilles, et ce manque s’avère des plus cruels. Mais si l’on adopte un point de vue plus ouvert et que l’on accepte de se soumettre à ce voyage, l’évasion reste garantie ! Même si une très légère impression d’inachevé vient troubler mon enthousiasme, je ne peux que m’incliner devant les évidentes qualités de composition de l’ensemble. Mais pourquoi ces 40 minutes passent-elles si vite ?

Quoi qu’il en soit, « Det Vilde Kor »  prouve que Lumsk a déjà tout d’un grand du Folk Metal, et n’a plus rien à prouver, réussissant haut la main quelque soit le style pratiqué ! A vous à présent de prendre le temps d’écouter… et j’en suis sûr, nos facétieux norvégiens sauront vous convaincre !


Gounouman

0 Comments 04 mars 2007
Whysy

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