Parfois il est bon de saluer le courage et l'abnégation ! Le don de soi et l'esprit de martyr au service d'autrui...
Stop je vous arrête, vous n'êtes pas à une cérémonie patriotique à la mémoire de militaires tombés au combat, mais bien dans une authentique chronique de Metal tout à fait sérieuse (ou du moins qui tente de l'être). Et si je me permets cette introduction bizarre et hors de propos, c'est pour souligner l'incroyable volonté de DGM à persister dans sa voie sans jamais se départir de ses convictions et de son style ! Au point que, depuis cinq albums, ce groupe est selon moi devenu l'un des combos phares de la scène Speed Metal italienne...

Et pourtant en jetant un bref regard rétrospectif sur la carrière des transalpins on ne peut s'empêcher de grincer des dents. En effet malgré une production exemplaire de régularité, et une volonté sans cesse ravivée d'aller de surprendre et de se renouveler, DGM n'a jamais réussi à sortir de cet anonymat ingrat qui colle à la peau de tant de groupes talentueux dans le monde. Comment ne pas s'offusquer devant cette injustice, alors que l'immense qualité de «Misplaced», disque fondateur sorti en 2004, avait enfin autorisé un fol espoir de reconnaissance... en vain !

Dans ces conditions, difficile pour un groupe de se construire sur la durée et depuis ses débuts DGM souffre d'une instabilité chronique ! En effet un énième clash en 2006 provoque le départ du dernier des trois membres fondateurs, le guitariste virtuose Diego Reali remplacé au pied levé par Simone Mularoni ! Situation rare que celle-ci, dans laquelle plus aucun des membres d'origine n'est présent dans le groupe, et pourtant DGM semble plus que jamais habité par l'envie d'aller de l'avant. Ainsi le nouvel album «Different Shapes» s'attache à poursuivre dans la route tracée par ses trois prédécesseurs. Privilégiant le côté Heavy et direct des compos au détriment du Metal Prog sans concessions des premiers jours. Plus que jamais la technique est au service de la mélodie et malgré des performances instrumentales une nouvelle fois remarquables, aucun titre ne dépasse les six minutes sur cet opus. Le côté rock initié avec le précédent disque est également mis en veilleuse au profit d'une orientation plus classique.

Alors bonne ou mauvaise nouvelle ? A vous de juger... Je pense que si les inconditionnels de Speed Metal trouveront beaucoup plus facilement leur compte avec «Different Shapes», l'amalgame est parfaitement réussi et DGM parvient avec brio à trouver un compromis entre les deux styles. Les claviers se font plus discrets, et servent essentiellement à souligner les leads de guitares et suggérer des ambiances. Le chanteur Titta Tani arrivé en 2001 est désormais un vieux de la vieille, il délivre une nouvelle performance de choix et son timbre rock s'adapte à merveille aux compos. Bref, l'homme par qui le renouvellement est arrivé est en forme sur ce disque et il le fait savoir...

Cependant c'est plutôt les guitares qui sont à l'honneur aujourd'hui, fraîchement arrivé Simone Mularoni impose sa pâte avec des soli à tiroir omniprésents mais jamais envahissants. Il parvient ainsi à conserver la cohérence et l'accroche de l'ensemble. En outre et contrairement aux canons du genre, la batterie n'est pas en reste et joue un rôle prépondérant dans le dynamisme de l'album... chose rare les changements de rythme sont légions, un vrai must pour ceux qui comme moi sont légèrement en overdose de double pédale !

Les speederies de l'album se trouvent franchement valorisées par cette association fructueuse, je pense notamment à l'excellente «Some Day, One Day», à «The Alliance» ou encore à l'ouverture décoiffante «New Life». Mais comme tout groupe de Prog qui se respecte, c'est dans la subtilité et dans la variation que DGM se révèle, avec des titres s'ouvrant sur des arpèges calmes et enveloppants avant d'accélérer progressivement, tout en gardant pour la fin un lot de surprise destinée à l'auditeur inattentif !
«Unkept Promises» en est un bon exemple, «Frontiers» ou encore «A Man I'll Never Be» virevoltante conclusion à un disque régulier dans l'excellence ! Mais c'est selon moi «The Fallen Angels» et son enchaînement final Guitare/Batterie de toute beauté qui s'affiche comme la bonne surprise du disque.

Malgré un résultat une nouvelle fois exemplaire, on peut cette fois déplorer le manque d'imagination des italiens sur «Different Shapes». Soucieux d'appliquer à la lettre la recette mise sur pieds avec «Misplaced» ils en oublient de se renouveler. Qu'à cela ne tienne, mettons ça sur le compte des nombreux bouleversements de line-up et gageons que ce groupe à l'immense talent saura se remettre en cause au prochain disque... En attendant qui sait, le succès sera peut-être enfin au rendez-vous, histoire de marquer d'une pierre blanche le dixième anniversaire du groupe !