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Le Chili… Une destination à priori inattendue pour écouter du Doom Metal ! Cependant, après avoir vraiment flashé sur Uaral, et m’être abreuvé de longues heures de la bande sonore de leur dépression, j’étais tout disposé à découvrir cet autre combo chilien qui, avec seulement un album sorti en 2004, était parvenu à se forger une très bonne réputation et à émerger ainsi de l’underground. Et même si Mar de Grises évolue sur une voie radicalement différente de ses compatriotes, le groupe apporte au massif édifice du Doom Metal une vision particulièrement personnelle, bien plus « moderne », mais loin d’être dénuée de pertinence et d’intérêt. Plongeons donc ensemble dans les eaux troubles de ce « Draining the Waterheart », avec lequel je découvre le combo…  


« Sleep just one dawn » s’avère assez représentative de ce que sera notre voyage : des titres fouillés et complexes, presque progressifs, où les nombreux changements de rythme évitent la monotonie inhérente au genre, un chant death profond et affligé, des solos, avec des riffs heavy ou black, des passages acoustiques subtils ne tombant jamais dans la facilité ou l’évidence, et des lignes de claviers enjôleuses, idéales pour délivrer ce charme mélancolique (« One possessed »). Par la suite, un chant clair de très bonne facture viendra ponctuer la lourdeur de l’opus par des apparitions toujours bien amenées (comme sur la très belle « Kilometros de Nada », dont le final constitue l’un des points culminants de l’opus). Les rythmiques, quant à elles, s’avèrent très caractéristiques : tempos lourds, batterie résonnante et chargée sur les cymbales, riffs efficaces, chargés de mystère (comme sur l’excellent départ de « Deep-seeded hope avant-garde »). Les morceaux oscillent entre 6 et 13 minutes pour le final, si l’on excepte l’inquiétant interlude « Fantasia », qui survient à point nommé en milieu d’album.

Les seules comparaisons qui me viennent à l’esprit pour parler de Mar de Grises s’avèrent assez vagues : on peut parfois penser à Shape of Despair, pour une certaine fusion des sons de claviers solennels aux guitares pour délivrer cette ambiance flottante, ou encore à Saturnus, tout aussi habile quant à la création de ce spleen latent, cette mélancolie insidieuse…Rien de flagrant en tout cas, les chiliens disposant d’une forte personnalité. Je repense également au premier opus des finlandais de Terhen, qui, s’ils délivraient une musique bien plus monolithique, avaient fait le même choix d’incorporer de nombreux samples modernes et mystérieux, qui renforcent la cohésion et l’aura mystérieuse de l’opus (comme ici sur les déstabilisantes dernières minutes du final).

Quoiqu'il en soit, je suis resté pendant longtemps dubitatif : le nombre d’écoutes n’y faisait rien, cet album demeurait une énigme pour moi. Malgré sa qualité irréfutable, l’inspiration, le talent et la maturité (la production et les arrangements sont irréprochables) présents à chaque note, rien à faire, j'étais perplexe quant à mon incapacité chronique à absorber quoi que ce soit d’un opus finalement bien hermétique, malgré toutes ses qualités… Peut-être le trouvais-je tout simplement un peu trop long ? Toujours est-il qu'un beau jour vint l'éblouissement, l'illumination... Et depuis, je me prosterne devant ce monument de Doom Prog'.


A cheval entre le très bon et l'excellent, je me résous finalement à accorder à cet album un bon 8/10… Arrondi au demi-point supérieur, malgré tout, la beauté du voyage demeurant incontestable. Rien que pour « One possessed »… Oublions cette complexité : pourquoi vouloir toujours tout comprendre ou analyser ? Mieux vaut sûrement fermer les yeux et se laisser emporter… Quoi qu’il en soit, un album admirable, très recommandable : les affictionados du genre ne sauraient d’ailleurs s’y tromper !

Note réelle : 8,5/10


Gounouman

0 Comments 23 mai 2008
Whysy

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