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Certains groupes ont un penchant pour le croisement des genres, n'aimant pas se contenter de ne jouer que dans une seule catégorie. Ambition ou opportunisme ? Vaste débat ! Ce côté a ses avantages et ses inconvénients : pouvoir appâter et rebuter un même public !

C'est un cas comme celui-ci que les canadiens d'Edge of Attack risquent de rencontrer avec leur premier opus éponyme, pas si facile à appréhender. Il y a comment dire … un melting-pot intéressant d'influences et d'inspirations différentes. Comment l'expliquer ? On va faire de notre mieux dans les lignes à venir.

Un titre comme «In Hell», ouverture du brûlot, est assez révélateur de ce qui va vous attendre. Si on vous demande de combiner Trivium et Dragonforce, est-ce que vous réussissez à imaginer ce que donnerait la mixture ? C'est à peu près le résultat qu'on obtient. Difficile de penser que la formation adapte à ses envolées épiques speed / power des influences modernes ou thrash. Le growl masculin, par exemple, vient contrebalancer un refrain que les britanniques cités ci-dessus ne renieraient pas, tant il est efficace, dans une pure tradition de power metal léguée de générations en générations. Et bien que l'aspect power l'emporte souvent sur les penchants plus ''actuels'', Edge of Attack livre d'entrée de jeu une piste qui sent bon : combiner avec adresse deux courants musicaux antinomiques, qui s'aiment et se haïssent à la fois, avec passion et talent, voilà qui n'est pas si évident. Force est de constater que le pari est réussi !

Et bien que cette formule soit assez systématique, elle n'en devient pas pour autant un automatisme. Qui plus est, le groupe n'est pas à la recherche constante de l'efficacité à la Amaranthe. Les quelques petits défauts de production passeront par-dessus la tête de l'auditeur sans soucis, notamment grâce à la voix de Roxanne Gordey, qui demande son petit temps d'adaptation. Sur «The Haunting», sa performance est plutôt excellente, dans des graves vraiment plaisants. En fait, cette chanteuse semble presque un ovni dans ce disque. On pourrait presque l'imaginer chanter dans un groupe de grunge … ce qui fait assez bizarre pour du power metal. Pourtant, le défi d'intégrer Roxanne à cette mixture musicale hybride n'était pas gagné. Combiner ces trois éléments est un challenge de taille relevé avec brio par Edge of Attack.

Leur musique a en plus le bon goût d'être assez variée pour ne pas ennuyer. Alternant entre d'astucieuses combinaisons comme l'exemple de «In Hell» ou encore «Take Me Alive», la formation sait aussi donner dans des morceaux plus heavy, aux inspirations non-dissimulées (Dragonforce, Metallica ou Trivium). Le combo surprend tout en restant sur les mêmes bases, globalement, en ayant la capacité de passer du coq à l'âne sans tomber dans le cliché. «Forever» est moderne, mais tout aussi power-heavy traditionnel à la fois, au refrain franchement bon. Sur «Take Me Alive», comme pour «In Hell» ou «The Haunting», le chant de Roxanne est réellement prenant. Le solo de «Take Me Alive» est d'ailleurs une franche réussite, avec un sympathique feeling !

En fait, le petit reproche qu'on pourrait adresser à Edge of Attack est probablement celui du son. Pas toujours optimal, la production est donc un point à retravailler. Et sinon, un cul entre deux chaises ? Non, les diverses sources d'inspiration sont bien dosées, et l'ensemble bien construit. Le chant de Roxanne ? Un peu poussif sur les aigus, elle n'hésite pas à descendre dans de très bons graves (le refrain de «The Haunting» vaut le coup d'oreille, de même que celui de «Rise Above». Par contre, quand le quintette penche un peu trop vers son côté metalcore, le résultat est en-dessous de leurs capacités. Le seul morceau qui en souffre, c'est «The Damned», peu inspirée.
Mais Edge of Attack voit aussi la présence de Pellek (Damnation Angels) su un titre de plus de huit minutes, «Set the World Aflame». Et là, on en vient à regretter ce guest tant la voix du chanteur peine à s'harmoniser avec celle de Roxanne, bien plus en adéquation avec la musique. De plus, la construction trop hasardeuse de la piste démontre que les canadiens doivent encore progresser dans cet exercice.

«Edge of Attack», premier album du groupe du même nom, est un très bon cru de power metal. Allant chercher parfois ses inspirations vers le thrash, le metalcore ou le heavy plutôt que vers Rhapsody, Edge of Attack évite bon nombre de clichés et délivre une musique inspirée et prenante, où le potentiel est énorme. Les quelques petites erreurs de jeunesse seront certainement rectifiées, et en tout cas, voilà un combo à soutenir !

0 Comments 14 février 2013
Whysy

Whysy

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