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La scène française se déploie à la vitesse d’une grippe en plein mois d’hivers sur les horizons tant convoités par les sphères métalliques. C’est une bonne chose et ce constat est d’autant plus encourageant depuis la création du label Klonosphere qui a pour vocation de faire parler des outsiders venus tenter leurs chances sur les dures terres du métal. Avant de passer l’épreuve du feu, beaucoup de ces petits groupes doivent prouver leurs valeurs au travers d’une batterie de tests  par le biais des essais. Si l’auditorat ne réagit pas trop mal la formation est alors propulsée sous les feux des projecteurs avec un debut album. C’est le cas de Jenx. Ce combo aquitain a participé à l’étoffement du panel musical français. Avec un maxi sorti en 2004 (« Unusual ») et un premier album en 2007 (« Fuseless »), Jenx commence à s’émanciper petit à petit. Le troisième bébé des Français « Enuma Elish » voit le jour après près de cinq ans d’absences.

Je dois avouer que je n’ai pas vraiment eu de recul sur ce groupe, en fait la documentation est maigre et tout ce dont je dispose c’est cet album qu’on m’a remis précieusement entre les mains. Dès le début, on sent qu’on va avoir beaucoup de mal à définir le style musical de ce combo qui semble conjuguer énormément de polarités pour déposer ses arrangements dans une dimension survoltée. On entend des hurlements et des rythmiques mécaniques qui se répètent inlassablement (« Chains Of Labor ») ce qui aurait plutôt tendance à nous diriger dans une voie d’un métal moderne. En effet, les cris du frontman ne vont pas lorgner du coté du harsh grunt même si de temps en temps on a le droit à quelques légers filtres vocaux. Or avec des titres plus nuancés comme « RFID » on se retrouve davantage en territoire indus de la trempe d’un Fear Factory avec ses sonorités cyber punk et cette part de musique électronique qui occupe tout l’espace. Du coup, les guitares passent en second plan et les beat box prennent le pas sur les arrangements clairement tournés sur une envergure plus futuriste. Et comme les Français aiment osciller entre les styles, l'éclectisme n’a pas de limites avec Jenx, et le groupe me fait mentir. En effet, avec « Nibiru » c’est l’arrivée des Death growls et des rythmiques pesantes... C’est alors que ma quête à la recherche de vérité s’est arrêtée, car j’ai compris qu’il ne fallait pas essayer de définir la musique de Jenx. Nous conviendrons juste qu’il s’agit d’un panel assez large d’un métal sévèrement burné aux aspérités industrielles.

C’est donc la toute la difficulté, car appréhender un groupe mi-figue, mi-raisin sur le plan artistique n’est jamais chose aisée. En effet, on ne sait pas si l’on doit dire que le style est surdimensionné ou trop faiblard si on considère un genre extrême. A ce titre, le chant ne s’affranchit pas concrètement et ne se détache pas de l’agrégat mélodique formé. Les strates musicales se compriment pour modeler un ensemble tantôt homogène, tantôt disparate sans réelle direction. Ceci dit, avant de noircir le tableau, il faut reconnaître que l’orientation choisie sur le moment reste de qualité (« Sycamore II »). Que reprochera-t-on finalement à « Enuma Elish » ? On aura envie répondre spontanément la simplicité et une certaine pauvreté qui affaiblit l’album par moment et ponctionne la créativité de manière récurrente. Les musiciens semblent rester spectateurs, car le surplus de sonorités électroniques efface les batteries et les guitares bien trop souvent à mon goût. N’omettons pas que le chanteur par plusieurs fois réussi à m’irriter l’oreille à cause de ses lignes vocales à la frontière de la justesse.

Outre ces aspects négatifs, Jenx aborde une musicalité certes hétéroclite, mais fédère malgré tout au travers de la tournure de certains passages. On notera une frénésie omniprésente et une charge véloce qui transpire la démence comme sur « The Loss ». Les riffs de guitares se font entendre un peu plus sur cette chanson, laissant apparaître de ce fait une composante hypnotisante et dépressive lors des breaks. Les Français parviennent donc à susciter un brin d’émotion sans pour autant révolutionner les styles. Nous n’aurons pas le droit à un bouleversement musical en tant que tel, mais nous pourrons apprécier les titres à leur juste valeur. Il est vrai que parfois cette mesure n’ira pas vous décrocher la mâchoire, néanmoins le plaisir de l’écoute frappera sans crier gare (« Blood Obsession »).

En définitive, Jenx signe ici un opus extrêmement hétérogène aux retombées erratiques. Pas forcément conventionnel, mais sûrement déroutant. Rares seront les grosses surprises et ceux qui cherchent avant tout une orchestration pétillante remplie d’assauts salvateurs à la guitare passez votre chemin sous peine d’être déçu. Il n’y aura que des parties musicales servant avant tout une cause, celle de mettre en exergue une espèce d’introspection sur l’homme et son impact depuis son apparition. En effet, les textes écrits posent les fondements sur une critique basée autour de l’activité de l’homme que ça soit au niveau des ressources qu’il sélectionne et s’approprie, mais aussi sur les théories du complot. Un album finalement aventureux et ambitieux, mais qui aurait mérité peut-être plus d’aboutissements sur le plan artistique.


[right]Merci pour tout Debbie[/right]

0 Comments 14 juin 2012
Whysy

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