Vous recherchez quelque chose ?

Dans de nombreux genres musicaux, le premier album d’un groupe reste souvent le meilleur. Celui dans lequel les fans trouvent l’essence de ce que les musiciens veulent donner à leur scène, à leur milieu, celui qui est le plus réussi car il intervient après les premières foudres créatrices. Au contraire, dans le métal, et particulièrement pour ce qui est du heavy symphonique, le premier est souvent relégué rapidement derrière ses successeurs, bien souvent plus aboutis, bénéficiant d’une meilleure production et ayant pour eux l’avantage de la maturité.

C’est, en l’occurrence, exactement ce que l’on peut dire à propos de ce troisième album de Coronatus. « Fabula Magna » convainc là où « Lux noctis » et « Porta obscura » peinaient à rassembler, sauf dans la critique. Il faut dire que l’on attend nettement plus qu’un autre un groupe à chanteuse au tournant, depuis que le genre est galvaudé. Il en est de même pour le Folk métal, mais un certain machisme empêche que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ainsi donc, les deux albums précédents, il est vrai, manquaient d’âme, cela est incontestable.

« Fabula Magna » devrait réjouir les détracteurs du groupe : l’album est bon, sans conteste.
Et affirmons le tout de suite : le suivant, on l’espère, sera excellent.
Pour «Fabula Magna», la recette n’a pas foncièrement changé : l’ambiance est toujours à un heavy mélodique, aux accents de folk métal, à l’image de l’enthousiasmante « Der Vierte Reiter » sur « Porta obscura ». Aux accents seulement, et heureusement : on ne tombe pas dans l’atmosphère taverne médiévale d’un vieux bourg perdu, on reste dans une évocation proche des Carmina Burana de Carl Orff. On remarquera d’ailleurs que le groupe, non content de marier l’anglais et l’allemand, développe certaines pistes en latin. Ces changements de langue viennent apporter une certaine forme de discontinuité bienvenue.

L’intro nous fait pénétrer dans l’atmosphère que suggère l’artwork, grâce à des notes de piano subtilement ésotériques.
« Geisterkirche » nous rassure sur les changements opérés dans le line-up du groupe : la magie de la chanson opère dès la première écoute, notamment grâce à son « Schneller » bien placé, que même les non germanistes auront plaisir à remarquer./à fredonner. Carmen R. Loch donne le meilleur de son chant lyrique, et Lisa Lasch, fraîchement arrivée dans le combo pour le chant clair (en remplacement d’Ada Fletcher) , emporte l’adhésion. Ensuite, la complémentarité de leurs deux chants va malheureusement être mise à mal par les fausses notes de la (trop) jeune Lisa, dont l’absence de talent ne fait que renforcer l’admiration pour le chant de Carmen, qui vient égaler les meilleures vocalistes actuelles du genre. « Wolfstanz » en est une cruelle démonstration, où l’on a l’impression que l’une apprend à chanter à l’autre. Heureusement, si nos oreilles crissent régulièrement lorsque Lisa chante seule, cela est compensé par la maîtrise du nouveau bassiste (l’iranien Todd Goldfinger) qui nous la fait gentiment oublier, ou par les notes tsiganes d’un violon entêtant.

Les chansons évoluent ensuite entre diverses influences, folk (« Der letzte Tanz », évocatrice d’une ronde moyenâgeuse-comme son nom l’indique) voire celtique (« Flying By (Alone) »), mais lorgnent également parfois vers l’est (« Kristallklares Wasser »). Toutes sont rehaussées d’une orchestration bénéficiant d’une très bonne production (« Tantalos », s’ouvre ainsi par des choeurs rappelant Epica, sans la récente prétention du groupe), de riffs speed et parsemées de chant guttural ce qu’il faut pour maintenir l’ambiance sombre de rigueur. Du coup, emporté, le groupe échoue à proposer une bonne balade (« Blind »), mais se rattrape avec le jazzy « Josy », qui détonne un peu mais en ravira beaucoup, ou « How far », qui rappelle Rhapsody.

Finalement, si l’album manque ça et là de contraste dans les émotions pour se parer de la vertu de l’originalité, c’est une belle succession de morceaux groovy, emportée par des musiciens qui semblent pris à leur propre jeu et qui mérite que l’on s’y attache.

Ne reste plus pour un disque parfait qu'à abandonner Lisa Lasch qui ne semble être là que pour donner raison aux mâles qui regrettent l'époque où les femmes n'avaient pas encore investi le métal.

0 Comments 21 janvier 2010
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus