Vous recherchez quelque chose ?

Cocorico ! Le coq vient sortir de la bassecour avec frénésie  pour faire retentir son chant. Il est fin prêt pour déployer son magnifique organe et pour nous livrer son cri matinal si caractéristique, et tel le phénix des plaines, il apparait fièrement alors qu’on le pensait disparu depuis bien longtemps. Notre pauvre France a un emblème bien triste, cet oiseau caquetant et ne sachant pas voler, juste bon à hurler avec un organe défaillant et sa crête pendante sur un côté de la tête dès les premiers rayons à l’aube du jour… Néanmoins, d’un point de vue musical la France arrive toujours à illuminer les scènes et malgré un univers très occupé, notre peuple est parvenu à se délimiter un terrain dans lequel il est respecté.

La chronique du jour reprendra la cas des « divergences d’opinion ». Mick, chanteur de Destinity est remercié et c’est avec un sale goût amer qu’il dénonce la pratique assez culottée (pour rester dans des termes corrects) de son ex-groupe. Mais notre homme ne baisse pas les bras pour autant et retrouve le micro après quelques mois avec une bande de vieux roublards franciliens. No Return est sa nouvelle famille d’accueil et c’est avec sa collaboration que nous découvrons aujourd’hui le neuvième album de la formation qui a démarré en 1990. Le choix ne s’est pas fait par hasard, car à l’instar de Destinity, No Return s’emploie dans le registre similaire du métal extrême mais avec un accent davantage porté sur le thrash - surement la marque de l’héritage des années Metallica, Megadeth and Co. Il est vrai que Fearless Walk To Rise est un opus qui s’appuie principalement sur les instruments à cordes et il va s’en dire que les musiciens ont un savoir faire qui n’a rien à envier aux plus grands guitaristes de ce dernier siècle. « Sworn To Be » met en lumière un jeu embrigadant, illuminé par les instrumentistes à la dextérité aussi fertile qu’addictive. Le combo développe un album dans lequel chaque atout est un élément qui soutient la structure musicale et lui confère une dorure particulière. En outre, une légère teinte old-school vient s’assécher dans nos oreilles et pour autant le mélange avec les lignes vocales permet de créer un anachronisme musical complètement dépaysant.

En effet, si on s’attendait à un Destinity-bis, c’est raté et je pense sincèrement que la comparaison n’a pas lieu d’être car mis à par le dénominateur commun qui réside dans la présence de Mick, rien ne peut rapprocher les deux formations de près ou de loin. Destinity est percutant, outrancièrement violent alors que No Return est beaucoup plus sage dans son approche musicale. Nous avons une orchestration certes thrash avec une accroche violente mais qui respecte les codes où chaque membre est un rouage qui permet de faire fonctionner la machine. Le sentiment d’unité prédomine et lorsqu’on découvre des titres tels que « Submission Falls », « Face My Dark » ou « Hold my Crown », on comprend parfaitement cela. Néanmoins, « Sounds Of Yesterday » est un titre plus innovant avec une intro moins conventionnelle et surtout différente à cause de la présence de samples (boite à musique) en support au niveau du refrain. On sent que le frontman est plus à l’aise et peut se donner à 100% en lâchant les chevaux.

No Return délivre ici un album répondant exactement à tous les critères d’un opus réussi et nous n’avons pas encore parlé de la prestation de Mick. Mais que dire ? Son timbre reconnaissable parmi tant d’autres appuie fortement ce sentiment de rage omniprésent. Son death grunt caverneux et puissant peaufine chaque mélodie et noircit chaque lead de guitare. Petit mais costaud, notre diable se démène et est arrivé à trouver sa place au sein de la formation même si on sent encore quelques incommodités par ci par là. Cependant, dans l’ensemble, la cohésion est complète et on retrouve un grand homme qui a raison de persévérer dans le milieu car on sent qu’il est vraiment taillé pour ça. Son organe est inégalable et confère une intensité que No Return n’avait jamais réussi à atteindre jusqu’à présent. Alors s’il est vrai que ce mélange entre classicisme des guitaristes et modernité vocale peut être quelque peu déstabilisant, cet opus restera une valeur sûre et dévoile dans mal tout le talent du métal à la française.

0 Comments 05 août 2015
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus