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Est-il besoin de relancer le sempiternel débat sur le nouveau visage de Iced Earth depuis le départ de Matthew Barlow ? On aura beau rétorquer que non, on ne pourra jamais s’empêcher de jeter sans cesse à la figure de Tim Owens le nom de son illustre aîné. Nightwish connaîtra probablement les mêmes difficultés. La vie d’un grand groupe de métal est ainsi faite. Mais quand en plus, le patriarche Jon Schaffer annonce que le nouvel opus sera directement inspiré probablement du meilleur album procréé jusqu’à maintenant, Something Wicked This Way Comes, les raisons de s’inquiéter se font plus prégnantes.

Dire que The Glorious Burden n’avait pas fait l’unanimité est un pléonasme. Et j’avouerais que pour ma part, le récent EP Overture Of The Wicked ne m’a pas rassuré sur les choix des américains. On a eu plus l’impression que le capitaine du navire, Jon Schaffer, a cherché à prouver aux fans dubitatifs que Tim Owens pouvait faire aussi bien que son charismatique prédécesseur. Résultat mitigé semble-t-il. Mais qu’importe, un capitaine est toujours têtu, et Iced Earth persiste donc avec son nouveau rejeton, Framing Armageddon.

La tradition qui veut qu’un EP donne la température de l’album à venir est généralement respectée, mais pas toujours, et Iced Earth nous en donne l’exemple avec Framing Armageddon. De l’ambitieux (mais périlleux) projet de reprendre la trilogie Something Wicked… sur l’EP, qui a tenté en vain de faire oublier la fabuleuse version originale, à cet album qui prend beaucoup plus de libertés par rapport à la version 1999, il y a un grand pas que Iced Earth a visiblement franchi.

Le format d’abord, a de quoi dérouter. 19 titres pour presque 70 minutes, rarement les américains ne nous avaient habitués à un tel luxe. En jetant une oreille sur l’album, on comprend cette démarche : à la façon d’une histoire, ou d’une pièce de théâtre, Iced Earth cherche à créer une atmosphère, un univers propre à ce Framing Armageddon en multipliant les interludes (tantôt tribales, tantôt acoustiques) et les tonalités. Même si le cœur musical du groupe se retrouve dans des titres phares (tels que Setian Massacre ou Retribution Through The Ages), construits à grands coups de riffs acérés et supersoniques, on sent une volonté exacerbée de s’adapter au style vocal de Tim Owens, plus coloré et hétérogène que celui de Matthew Barlow.

En ce sens, on se doit de reconnaître l’intelligence de composition qui arrive, à la différence de The Glorious Burden qui manquait de cohésion d’ensemble, à relier le thème, la musique et les parties vocales, renforcées parfois par des chœurs (qui rappellent étrangement les vocaux de Hansi Kurch sur Demon’s & Wizards). Même si quelques titres ne sont pas au niveau et cassent parfois la belle dynamique, il y a une âme qui se dégage de cet album.

Vous l’aurez compris, je vote oui pour ce Framing Armageddon. Entre un Tim Owens qui a définitivement pris ses marques au sein du groupe et un Jon Schaffer qui nous offre des riffs guitares, certes moins massifs qu’auparavant, mais toujours aussi bien ciselés et tranchants, qui laissent plus de place aux autres instruments, les ingrédients de base sont réunis. Si l’on rajoute cette volonté de créer des ambiances bien plus poussées que par le passé (symbolisée entre autres par le nombre élevé d’interludes courts présents sur l’album), qui a pour effet premier d’aérer une musique que l’on a pu qualifier de linéaire sur les opus précédents, le pari risqué au départ est plutôt réussi dans l’ensemble. Si l’on excepte quelques titres qui traînent parfois en longueur (The Domino Decree fait tâche parmi les perles dont recèle l’album), on se doit de saluer cette prise de risques et cette volonté d’évolution. Framing Armageddon est une agréable surprise que l’on n'attendait pas, ou que l’on n'attendait plus. Qu’importe, elle est là.

0 Comments 13 septembre 2007
Whysy

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