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Tel un OVNI dans le ciel, Synesthesia apparaît fébrilement dans les nébuleuses du death progressif. Le projet emmené par Dimitris Makrantonakis, qui a sorti un album la même année avec son autre groupe Transcending Bizarre? montre que le personnage ne manque pas à l'appel les matins pour pointer au travail. C'est au profit du death métal que notre Grec accomplit sa tâche, habitué à faire vibrer les cordes de sa guitare sur un style plus black, il est aidé par Stelios sur le chant et la bande virevolte dans tous les sens pour libérer le maximum d'émotions et sans lésiner sur les moyens mis en œuvre. Constitué de seulement trois grands gaillards, le combo s'annonce au-devant de la scène avec ce début d'album From Amnesia To Apocalypse. Voyons voir les prétentions de nos musiciens...

De prime abord, l'album sonne assez power avec des influences plus extrêmes un peu comme Divine Fire. On a le droit à des guitares puissantes mises en évidence par une production très claire et très professionnelle, des batteries omniprésentes interprétant une ode monosyllabique, l'ambiance est très légère par moment ce qui sème la confusion dans les esprits. Sur certains morceaux on a carrément l'impression de passer sur un style diamétralement opposé, mais alors on se pose la question existentielle : quel est donc ce style d'une richesse exorbitante ? Nous savons que ce genre de questions demande des réponses rassurantes nous permettant de nous ranger dans un tiroir précis et surtout de pouvoir poser une étiquette sur nos goûts musicaux (comme le Français sait le faire sur tout son environnement d'ailleurs). Alors, je vous répondrais que nous sommes à la croisée de plusieurs chemins mais les tendances sont bien trop diverses pour pouvoir enfermer l'album sur un seul style... Néanmoins, les empreintes mélodiques et musicales sont bien trop aiguisées et surdimensionnées pour un simple power décontracté.

Les riffs sont ultra inspirés, percutants et acérés donnant de la profondeur musicale à From Amnesia To Apocalypse. Les refrains sortent eux aussi du lot : fédérateurs et entrainants, ils donnent du contenu et de l'âme à l'ambiance générale de cette œuvre. Ce n'est pas tout, et mon petit lecteur novice, tant que tu ne t'es pas frotté les oreilles à cette compilation tu ne pourras pas comprendre tout l'intérêt que je lui porte. En effet, le groupe sait se prévaloir de soli magistraux comme sur « Frozen Rose » ou bien planants (« The Distance Within »). Ces différents états sont des constantes que l'on retrouve au sein de l'album, celui-ci n'a pas qu'une âme mais aussi un cœur ! Les musiciens font passer plusieurs émotions et sentiments, animés par la base musicale et la ligne vocale.

Le chant principalement interprété par Stelios provient de divers horizons, dualité, sensualité, douceur seraient des substantifs qui pourraient qualifier, ou du moins définir les lignes vocales. Le frontman caresse très délicatement ses mots sur des titres comme « The Departure » ou en plein milieu d'un break sur « In Silence Disgress » titre plutôt énervé. Cependant, les musiciens ne restent pas dans leur atmosphère déchainée et fougueuse sans l'accompagnement des chants. Stelios pousse alors les refrains d'une manière plus conventionnelle, complémenté par Dimistris au growl nos grecs font revêtir les morceaux d'un habillage plus pêchu sans dépeindre l'album de sa teinte émotionnelle. Il s'agit juste d'une gradation dans la structure musicale pour faire décoller les notes. Synesthesia livre tout, éviscérant sa musique pour n'en délivrer que le message général. Celui-ci ne se refusera pas de se targuer d'effets appétissants : des nappes de claviers de-ci de-là, des passages à la guitare sèche (« Temptation »), des violons (« Departure »), des chants pseudosymphoniques (« Threshold »), des pianos sur la fin de « Field Of Sorrow ». Bref, chaque chanson apporte son lot d'idées et ses propres caractéristiques en plus de son ambiance. On ne pourra en aucun cas reprocher à l'album de combler des manquements ou de colmater les trous avec des stéréotypes musicaux.

Par ailleurs et parallèlement à tout cela, l'aspect progressif prend de plus en plus d'ampleur et atteint son apogée sur « Through The Eye Of Ambivalence », à ce moment on constate le génie grec sur la composition de From Amnesia To Apocalypse. Au-delà de ces considérations personnelles, et sur un point de vue rythmique les Grecs se montrent hyper entrainants, l'hypnotisme des guitares mêlées aux nombreuses cavalcades de percussions est lié par le chant. La cohésion est donc assurée par la batterie et d'ailleurs Thanasis n'agit pas comme un fou sanguinaire qu'on aurait placé derrière un instrument, il sait doser son jeu avec un doigté exceptionnel. Les variantes rythmiques sont denses et on est emmené sur différents domaines : on passe d'une déferlante de double caisse à un généreux break en passant par des rythmes technoïdes mid-tempo.

Officiant dans un style plus subtil sur ce From Amnesia To Apocalypse, le groupe nous offre un millésime retentissant, gorgé de dualité et d'effets abondants. La production est plus qu'acceptable et se dore de tout le savoir-faire nécessaire pour une approche dans le death progressif et où chaque titre est pleinement mené. La production est courte et longue à la fois. Courte, puisqu'il y a seulement huit pistes à se mettre sous l'oreille (la version radio edit a été rajoutée à la fin) et longue, car l'écriture et le jeu des instruments montrent que le groupe en a long à dire. En tout cas, cet album est envoutant et promet de sérieux moments de plaisir en perspective.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 14 septembre 2008
Whysy

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