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Adrian Erlandsson, c'est une véritable star de la batterie ! Un CV plus long que mon bras gauche, pour preuve sa participation dans de nombreux groupes, tous styles confondus. Rien que pour vous donner l'étendue de son talent et de son palmarès, l'ami Adrian a été faire un tour chez The Haunted ou Cradle of Filth et s'applique toujours derrière les futs chez At the Gates, Paradise Lost ou Brujeria. Que des groupes dont la reconnaissance n'est plus à faire, me direz-vous mes braves gens. MAIS connaissez-vous le projet principal de notre homme à cogner partout ? Je viens de vous poser une colle, n'est-ce pas, vous ne savez plus quoi répondre ?

Présentons de ce fait Nemhain, formation de heavy metal/hard rock en provenance de Londres, c'est à dire musicalement bien loin de n'importe quelle autre formation chez laquelle notre batteur de renom à pu être ou se trouve encore. Et comble du comble, derrière le micro c'est une jeune et jolie demoiselle, Amber Erlandsson, renommée pour le coup "Morrigan Hel", sans doute pour rendre le tout plus effrayant ou pour mieux coller à l'optique du quintette, à vous de voir. Passons les détails superficiels et venons en aux faits. Ayant quitté la formation black metal Cradle of Filth (même si l'appartenance à ce genre de ces derniers est aujourd'hui discutable pour beaucoup) pour se consacrer à Nemhain, 2010 sonne l'arrivée de «From the Ashes», 4 ans après la création. Et autant dire qu'avec un batteur de ce niveau, il est de notre droit d'attendre quelque chose de lourd, de puissant et d'entêtant, et du devoir de ce-dernier de nous offrir un merveilleux présent.

Et ça débute très, très fort avec un titre éponyme aux riffs Motörhead-like mais à l'enthousiasme galopant ! Chevauchez votre moto et roulez sur la route 66, cheveux aux vents, les mouches collées dans les dents, le CD de nos britanniques à fond ! «From the Ashes», c'est une véritable incitation à la rébellion, totalement fidèle à l'esprit rock'n'roll ! Le disque s'ouvre donc avec une pure bombe, explosive dès les premiers accords d'une guitare solidement affutée, et donnant envie de laisser les cheveux à l'air, s'envoler, dans tous les sens, de gauche à droite, du moment que vous en avez, tout du moins ! Un air très 80's plane sur le morceau, qui se retranscrira avec l'ambiance générale de l'album, d'ailleurs. Judas Priest n'est pas loin, même si la voix aiguë du très talentueux Rob Halford a été subtilisée pour être remplacée par la voix grave et rauque d'Amber, tout aussi talentueuse. Répétitif ? Pas une seconde, car voici un titre très diversifié, et que c'est bon ! Les lignes vocales permettent à la belle anglaise d'aller chercher dans toutes les tessitures, révélant toutes les magnifiques couleurs de sa voix, surtout lorsqu'elle descend dans les tons les plus bas et les plus chauds, devenant presque sensuelle. Notre dame aux cheveux noir corbeau devrait avoir un succès fou après des motards de la route américaine.

Ce qui est presque troublant, c'est que la voix de la dame s'approcherait presque de celle de la chanteuse pop P!nk, rien que le début d'«Ana» met la puce à l'oreille. Cependant, notre Amber préférée n'est en aucune seconde une chanteuse pop, son énergie débordante communiqueront une allure de Crucified Barbara, sur des morceaux phares et tubesque, aux refrains qui doivent avoir une dimension exceptionnelle sur scène. «Ana» et «Second Skin» sont des titres qui feront parti de la futur compilation «comment créer un tube en 10 leçons», avec du refrain destiné à faire un carton, peut-être même à passer sur une radio «hard» rock (même si ce serait déjà un peu trop pour l'auditeur de radio moyen). Comment ne pas headbanguer, montrer son enthousiasme sur une musique effrénée ? Car même s'ils sont un peu «faciles», les termes «mauvais» et «mainstream» n'ont pas une seule seconde leur place dans la liste des qualificatifs que l'on pourrait donner à ces tubes. Il flotterait même un esprit un peu punk là-dessus, le bon vieux trip «sex, drug and rock'n'roll», idéal pour ramener à la cause des anglais les vieux routards égarés, trouvant également de l'appétit chez les excellents Glyder.

Côté retro à l'appui, dites bonjour à «Girls Like Honey», «Babylonia» et «Speed Quen», qui savent utiliser le vieux pour en faire du neuf. Cette fois, mélangez des riffs à la Accept et à la Saxon, ce trio gagnant va venir vous faire pousser la chansonnette. Amber sait faire concurrence avec les grands du nom par sa versatilité et sa grande puissance, qui a osé dire que les femmes n'ont pas leur place dans le metal ? «Speed Quen» a su préserver une énergie fraiche, quasi-neuve, tout en conservant la recette des vieux pots de confiture, car c'est dans les vieux chaudrons que l'on fait les meilleures soupes, les restes n'en sont que plus savoureux. Nemhain l'a bien compris, pendant que nous, on se pourlèche les babines, et on en redemande. A la soupe !
«Babylonia» et «Girls Like Honey» sont encore bien différentes, gardant plus le côté hard rock, encore une fois à la Motörhead, un groupe culte qui doit probablement être celui de chevet du couple Erlandsson. Descendant bien plus dans la profondeur, notre chanteuse poussant sa voix de façon plus rauque que jamais sur «Babylonia», c'est un hymne au plaisir, un retour aux anciennes valeurs, prenant le contrepied de l'esprit pop-metal qui règne dans le climat général du metal en ce moment.

Speed, à la vitesse du deux roues sur lequel vous emprunterez l'autoroute américaine, «Heroin Child» et «The Filth and the Fury» possèdent des refrains taillés sur-mesure. Sans originalité, en revanche, cela va de soit, est inexistante, Sister Sin, Motley Crüe ou même The Ramones (pour le côté punk) étant déjà passé par là. Et puis, pour un supposé maître de la batterie, cette dernière est plutôt absente du devant de la scène, préférant agir en coulisse, ne laissant pas constater amplement l'étendue des capacités de notre ami «j'ai un CV d'enfer !». Même constat avec la basse de celle qui a les cheveux de feu, la séduisante Lisa, et certainement bourrée de talent, mais trop éloignée derrière le duo des guitares.
«Mr Bronson» est très catchy, de la véritable perle hard-FM, nostalgie du passé, de la grande période du genre. C'est sans aucun doute possible le meilleur refrain de l'album, bien que le titre en lui-même ne soit pas le plus inoubliable.

Cependant, il manque une bonne vieille ballade hard rock, heavy-FM, qui aurait permis de constater les qualités de Nemhain dans cet exercice. «Clear My Eyes», c'est le substantif, le médicament générique, renonçant partiellement à sa dose de guitares volant dans tous les sens, tranchant de manière complète avec un «Second Skin». Une petite dose bluesy vient même se glisser dans l'étrange potage. L'émotion est vive, et on ne retrouvera pas les vibrations de ce morceau sur les autres, laissant place à d'autres belles sensations. Mais un morceau à la «Back to the Water» des irlandais de Glyder n'aurait pas été trop demandé.

Disque naviguant entre les temps et les tendances, proposant un hard rock-heavy intemporel, catchy et puissant, à la production claire et au chant convaincant, Nemhain a taillé son premier opus sur-mesure, envoyant la gomme et montrant son mordant. «From the Ashes» est l'une des sorties les plus réussies en cette année 2010. Et n'oubliez pas que vous pourrez retrouver le quintette Londonien lors de son passage au MFVF, en 2011. Jusque là, prenez le temps de réécouter cette oeuvre, peut-être témoignage de la naissance d'une future icône du heavy metal. Un manifeste à se procurer de toute urgence. Et n'oubliez pas, pour profiter d'un album, on ne s'en empiffre pas, on le déguste délicatement. Conseil à retenir pour prolonger le plaisir.

0 Comments 19 mars 2011
Whysy

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