Vous recherchez quelque chose ?

Il n’y a pas à dire, il y a des marchés musicaux bien saturés dans le métal. Power Sympho, Death mélo, la liste est longue. Remarquez, pas autant que celle des instrumentalistes qui, tout genre confondu et non contents de nous ravir les oreilles au sein de leurs groupes respectifs (Gredins, va !), ont décidé de pousser la branlette (de manche, ho !) sur un album solo. Nombreux sont ainsi donc les guitaristes de renom, ou non, qui nous ont avec les années offert le fruit de leur labeur personnel, instrumental dans la plupart des cas. Il faut croire que l’exercice est motivé par des élans personnels et non mercantiles, du point de vue de l’artiste du moins, car on ne leur consacre souvent bien peu de notre temps, et de notre argent par le même fait. Peut-être avez-vous aussi cette impression qu’en fin de compte, les albums de ces ‘guitar-heros’ se ressemblent tous ? Qu’il n’y presque plus rien à en tirer, outre la vaine excitation devant la rapidité du shred, devant une technique banalisée par les Tolkki] de ce monde? C’est aussi ce que je me disais, mais il faut bien avouer qu’il y a, comme dans tout, des exceptions. Chronique, donc, d’une de celles-ci.

J’ai connu la musique de Loureiro il y a quelques années, à travers celle d’Angra, groupe désormais phare de la scène métal Brésilienne et du Power à fortes tendances progressives. Avant même d’écouter son premier album solo, No Gravity, il me fallait reconnaître que le jeu du guitariste, à l’instar de Turilli par exemple, possédait une patte particulière, reconnaissable parmi tant d’autres. Pourtant, et bien que ce soit déjà tout un exploit, ce n’est pas seulement par son son ‘métal’ bien personnel que Loureiro étonne, mais par son métissage avec la musique latine et brésilienne. L’exercice, détectable chez Angra mais véritablement poussé à ses limites avec le presque abandon des sonorités métal sur Universo Inverso (2006), est plus que jamais réussi avec la parution de de Fullblast, en mars 2009.

Ne s’y méprenons pas, Fullblast, contrairement à l'effort précédent, reste premièrement un album de métal instrumental. Comme au sein d’Angra, Kiko nous offre des pièces aux mélodies variées et à l’écriture inventive, sans verser dans le branlage de manche frénétique. Occupant surtout la première moitié de l’album, ces pièces présentent avec efficacité le jeu particulier de Loureiro comme guitariste de métal. Ce jeu qui, comme dans Angra, possède une grande part de feeling, de mélodie, et aussi un peu de cette démonstrativité inhérente à l’album solo. Pourtant, même sans parole, la structure des pièces et leur découpage en couplets et refrains distincts, aux mélodies faciles à reconnaître, réduisent le potentiel indigeste de l’instrumental. On y retrouve un peu de variété, notamment l’essai à un rythme plus speed (Outrageous) et des ballades étonnamment inspirées où le jeu du guitariste fait montre d’une grande sensibilité (Excuse me, a Clairvoyance ). Jusqu’ici, l’ensemble tient la route, plaira indéniablement aux fans d’Angra, mais se démarque en fin de compte bien peu des autres albums du genre.

L’attrait, l’originalité, la fraîcheur indéniable de la musique de Loureiro proviennent surtout des pièces s’éloignant des standards métalliques. Se entraga, corisco ! , Whispering , Mundo Verde et Pura Vida, sans compter nombre de breaks insérés dans les pièces métal, font état du fort lien qu’a le Brésilien avec ses origines. Ces pièces, donc, ravivent de par le métissage du métal avec la musique latine, la salsa et le Jazz. Loureiro, bien qu’artiste de renommée mondiale, reste proche de son milieu. On peut en voir un témoignage dans les bruits de rues animées et de conversations en portugais que sont l’intro de Se entraga, corisco ! . Comment ne pas succomber au jeu jazzy de Whispering, rappelant Santana, ou à l’ambiance positive de Pura Vida, où la guitare est soutenue par percussions et maracas ? Comment ne pas reconnaître la versatilité de l'artiste sur Mundo Verde?  Les instruments traditionnels ont leur place, surtout le Berimbau, que vous avez peut-être déjà remarqué en intro de Force of Nature, d’Angra, et diverses percussions aux mains de Mike Terrana. Finalement, comment ne pas passer à côté de la très classique As it is, Infinite, où seule la guitare, dépourvue de toute distorsion artificielle, suffit à clore un album par un jeu tranquille, organique et dextre, certes.

Le pari de l’amalgame des musiques métalliques et latines et donc encore réussi avec Fullblast. Si les amateurs de Universo Inverso se verrons déçus par le moins grand nombre de pièces latines, l’album possède le potentiel de charmer plusieurs oreilles, de celles du métalleux chevelu que vous êtes peut-être à d’autres moins tolérantes à ce qui a trait aux violences métalliques. Une chose est sure, c’est que Kiko Loureiro s’impose avec cet album en maître brésilien de la guitare, et est en quelque sorte au Brésil ce que Carlos Santana est au Mexique.

0 Comments 29 septembre 2010
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus