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En 2003 une ombre inquiétante grandissait au nord, rien ne laissait présager qu'une jeune formation de doom métal mélodique allait tout bouleverser. Un premier album proche de la perfection pour Swallow The Sun, un jeune groupe dont la musique, d'une tristesse insoutenable, parvint à me toucher profondément. Les critiques furent unanimes, le groupe venait de composer un album hors norme et disposait d'un potentiel impressionnant. L'heure de la confirmation approche à grands pas, et c'est peu après la rentrée 2005 que leur second opus, Ghosts Of Loss, envahit la France.

Une fois n'est pas coutume, Swallow The Sun nous accueille avec une cover splendide. Le livret lui-même n'est pas en reste car toutes les illustrations sont d'une beauté semblable, si vous aimez les beaux paysages sous un film doom, laissez-vous aller car le livret est un plaisir pour les yeux. De même, avant de parler de l'album, j'aimerais revenir sur la version limitée de ce Ghost Of Loss qui est une bonne initiative. Si vous avez la chance de la trouver, jetez vous dessus, car pour le prix d'un album simple vous avez plus d'une heure de musique et un cd bonus qui contient le magnifique clip (très professionnel et superbement réalisé) de Descending Winters ainsi que 4 vidéos lives du premier album. Un gros cadeau du groupe à ses fans est une initiative qui mérite d'être saluée.

Swallow The Sun pratique un doom métal épique incroyablement mélodique. Le groupe s'éloigne des clichés du style en intégrant à sa musique de fortes influences death métal, notamment un chant guttural très profond qui évoque plus un sentiment de dépression qu'un sentiment de violence. En effet, Swallow The Sun n'est pas un groupe violent et bien qu'il suive les traces de My Dying Bride ou Anathema et qu'ils soient clairement influencés par la scène doom des débuts 1990, cela ne les empêche pas d'avoir un son unique et une musique incroyablement personnelle.

Ghosts Of Loss est une fois de plus un album lent et le point fort est une nouvelle fois l'émotion. La musique de Swallow The Sun est un exutoire et sa noirceur extrême est l'oeuvre d'un seul homme. Juha Raivio (guitariste) est la personne qui assure la composition, l'arrangement et l'orchestration de la totalité de l'album. Cet homme a de l'inspiration, et il partage avec nous sa vision du doom métal pendant plus de 65 minutes. Swallow The Sun prend son temps, tout le temps dont il a besoin pour tisser sa toile. Une toile sombre et imperméable, de laquelle il est impossible de s'extraire. C'est alors que nous subissons ses assauts, lents et mélodiques, structurés et convaincants où tristesse et désespoir cohabitent. Des scènes de dépression entrecoupées de colère. En plus d'être un musicien hors pair, le bonhomme est un sacré poète car les paroles de Swallow The Sun sont vraiment sublimes.

Cette sensation est clairement ressentie dès le 1er morceau. Un véritable petit chef d'oeuvre de 11min55 qui décrit à lui tout seul toute la magie, toute la puissance et tout la mélancolie d'une musique unique, la musique de Swallow The Sun. La mélodie est convaincante, les vocaux clairs sont à pleurer, ce titre possède une cohésion, une efficacité et un facteur émotion incroyable. La structure de The Giant est exemplaire, la manière d'alterner ces deux phases (colère et tristesse) antagonistes en un tout cohérent et magnifique.

Dans l'ensemble, ce Ghosts Of Loss se montre moins direct que The Morning Never Came (son prédécesseur) et il nécessite un grand nombre d'écoutes pour en tirer toutes les subtilités. En effet, à la première écoute, j'ai moi même été incroyablement déçu, et bien aujourd'hui j'ai du mal à m'en passer. Ce second album est moins mélancolique et la tristesse y est distillée avec plus de subtilité, et les ambiances, bien que très présentes, s'illustrent différemment selon les morceaux. De ce fait, des titres comme Descending Winters privilégient l'efficacité à l'émotion. Vocalement Mikko Kotamaki obtient une mention spéciale tant sa contribution est à la hauteur de nos espérances. Cet homme est un futur grand vocaliste car il sait se montrer sévère en vocaux death, incroyablement sensible et fragile en voix claire ainsi que troublant lorsqu'il passe en screamings black (mais comment produit-il ce son??). De plus la production est exemplaire.

Ghosts Of Loss est une fois de plus un album intelligemment construit. On commence par un titre fort en émotion The Giant, puis nous sommes conquis par un Descending Winters très influencé death métal pour arriver sur les tristes Psychopath's Lair et Forgive Her. Fragile constitue l'une des plus belles compositions de ce nouvel album, toute en subtilité et en émotion, où la voix claire et limpide est à la fête, où la mélodie est d'une tristesse incroyable et le refrain puissant. Les trois dernières compositions forment une apothéose finale de près de 25 minutes où le génie de Raivio peut librement nous ensorceler. Toutes les émotions, toutes les atmosphères sont réussies et incroyablement prenantes, chaque riff et chaque mélodie est un plaisir de tous les instants. Trois compositions hautes en couleur, homogènes et pourtant si différentes, tristes et pourtant si belles.

Les mots me manquent et les larmes coulent, ce disque n'est pas comme les autres, et Swallow The Sun est de loin l'un des groupes les plus talentueux du moment. Comme son prédécesseur, les mots sont de trop pour qualifier une telle perle et de telles émotions ne se partagent pas. Venez tenter l'expérience Swallow The Sun, et si cette musique ne vous trouble pas, alors votre coeur est fait de pierre...

...TeRyX...

0 Comments 25 octobre 2005
Whysy

Whysy

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