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Les Français de Trepalium nous donnent une nouvelle fois rendez-vous avec « H.N.P. ». Trois ans après « XIII », il aura fallu trois années pour permettre de rebooster le combo afin qu’il puisse s’exprimer une fois encore. Avant de développer ce que nous proposent les musiciens de la région Poitou-Charentes, revenons un petit peu sur ce qui a fait la force de Trepalium sur l’opus précédent. Ça pourrait être intéressant de poser les bases pour ceux qui ne connaîtraient pas notre formation. Ce qu’il faut noter en avant propos, c’est que nos musiciens ont su broder un style très caractéristique se dénotant par un groove mêlé d’une atmosphère death métal. En effet, l’univers décrit par nos joueurs est systématiquement chaotique et complètement funeste. Les accords donnent une touche sautillante à la structure, mais le double effet sinistre parvient inexorablement à couvrir les chansons délivrées par un voile ténébreux.

C’est vrai qu’avec « XIII » on était surpris par cette dominance et cette direction disparate, néanmoins avec « H.N.P. », le sentiment d’étonnement s’efface quelque peu. En effet, les Français persévèrent dans cette logique musicale qui frôle l’anarchie et qui pourrait terroriser les plus téméraires des glam rockeurs. Le groupe assouvit un besoin inconditionnel de formuler des titres aussi sombres qu’alambiqués. Cependant, ce nouvel opus conserve une excentricité mélodique qui permet de trancher le style et par la même occasion de renforcer la personnalité du combo. Ces deux axes majeurs sont considérés jusqu’à l’extrême avec une cover qui, selon moi, illustre parfaitement la qualité musicale de l’album : en deux teintes, ésotérique et glauque.

Il est vrai qu’avec des titres tels que « Heic Noenum Pax » (Ici il n’y a pas de paix), ou « S(L)ave The World », nous n’aurons pas besoin de rentrer dans le détail tellement ils sont évocateurs. Ceci dit, la noirceur n’atteint son apogée qu’avec les riffs étourdissants et les cris du chanteur. « Order The Labyrinth » pose un environnement sordide avec une introduction à la guitare sèche tandis que « Insane Architect » déroule un arsenal instrumental en plein essor sous l’impulsion des lignes de chants rutilants et extrêmement guindés. Trepalium s’emploie, et je pense que vous l’aurez compris, à fabriquer une musique malsaine qui donne le sentiment d’effroi. Toutefois, la formation excelle dans la concoction de mélodies aux allures élastiques. Certes dans un climat stérilisé de toute émotion joyeuse, renforcée par des basses et une rythmique entortillée, nous aurons paradoxalement le droit d’appréhender une structure musicale particulièrement extensible qui soulèvera le couvercle lorsque la pression devient un peu trop suffocante (« Let The Clown Rise »).

Cette docile caractéristique s’affiche de manière doctrinaire et est appliquée avec une posologie curative (« (A)I Was(s) »), mais n’est jamais excessive. Les Boisméens parviennent finalement à jouer sur deux tableaux à la fois et mènent un combat sur deux fronts sans faillir…?
Car effectivement peut-on vraiment définir « H.N.P. » de succès ? Si on en croit la cover, l’album serait un embellissement de « XIII » ou du moins une évolution probable.
Je dirais plutôt un prolongement, car avec « Let The Clown Rise » on se rend compte que le groupe reprend des riffs de « XIII » sans vergogne. À mon sens, il s’agit d’un signe avant-coureur d’épuisement et si l’autoparodie guette au travers de réminiscences de l’opus précédent, on pourra reprocher à « H.N.P. » d’être hermétique. En effet, on sent une influence suédoise à la Meshuggah sur l’écriture des morceaux, hélas le déroulement de la tracklist est bien trop confus par moment pour laisser apparaître toutes les subtilités, ce qui aura pour conséquence d’en dérouter plus d’un. La reprise de Pantera « I’m Broken » sur « Far Beyond Driven » se teinte elle aussi de trouble…

En définitive, à cause de cette difficulté d’approche musicale, on a l’impression que Trepalium ne s’adresse pas à n’importe quelle classe d’auditeur. La complexité d’écoute, les redondances et les déperditions créent une sorte d’hémorragie sur les arrangements et sèment la route d’embûches. On aura perdu au passage énormément de fidèles qui préféreront répandre la parole de Tony Kakko ou Luca Turilli parce qu’eux sont bien plus évidents (voire primaires). N’omettons pas que la facilité musicale a toujours été une recette qui fonctionne et pour laquelle on est capable d’inventer afin d’idéaliser un constat affligeant de platitude.

0 Comments 21 mai 2012
Whysy

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