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Ah l'AOR, que c’est bon ! Enfin, c’est mauvais, mais disons que ça fait beaucoup de bien par où ça passe.

Adult Oriented Rock (à ne pas confondre avec Album-Oriented Rock, format de radio américain), l’AOR est une musique puissante et très mélodique, aux textes basiques, aux airs entraînants, et qui connu ses années de gloire à partir de la fin des seventies. Foreigner, Journey, Boston, Asia, Toto, et tant d’autres firent les grands heures de l’AOR, et puis le style s’affaiblit, se mélangeant à la vague glam, jusqu’à disparaître lorsque Kurt Cobain et les gars de Seattle sonnèrent brutalement la fin de la récré.

Depuis le début des années 2000, le style renaît de ses cendres, même si ses anciens pontes ne sont plus aussi vivaces qu’alors : il faut compter à présent sur une vivifiante scène européenne, et notamment scandinave. Voici donc les gars de Edge, venus tout droit de Suède, et dont le premier album, Heaven Knows, est un recueil de mélodies furieusement datées, de chansons sérieusement bien conçues et de textes faciles.

Jonas Forss et Tobias Andersson jouent ensemble depuis les années 90 et se sont décidés enfin à sortir leur premier album, sans doute encouragés par le renouveau de la scène AOR actuelle. Cet album, s’il est une réussite du genre, ne casse que peu de briques dans le fond, vous vous en doutez. Mais il y a certains points intéressants qui méritent d’être soulevés.

Leur puissance, déjà. Si certains groupes AOR s’orientent plutôt vers une musique chatoyante aux reflets rock voire pop, Edge est plus clairement metal, parfois, hum, disons de temps en temps, même si aucune comparaison pertinente avec Ihsahn ou Arch Enemy ne saurait être faite. Dès le premier morceau, Little Girl, les guitares foisonnent, parfois elles sont même lourdes, et parfois même, y a un chouilla de shredding. La plupart des morceaux (hormis la ballade) sont de ce style, puissant, mid-tempo, avec des bonnes nappes de synthé qui vont bien, bref, de l’AOR. Mouais, on est très loin de ce que l’on nomme usuellement metal mais en même temps, qu’est-ce que le metal ? Si le dernier Within est du metal au même titre que le dernier Ihsahn ou le dernier Devin, alors que ces trois albums n’ont franchement rien à voir,  pas de souci, Edge fait du metal !

Autre bon point : la voix de Jonas Forss. Sans être furieusement originale ou exceptionnelle (n’est pas Jimi Jamison qui veut), son timbre assez sympathique apporte un vrai plus aux morceaux, sans qu’ils soient limités à un rôle d’écrin, car effectivement, le véritable intérêt de cet album ce sont les morceaux, et le songwriting des deux compères. Enfin, songwriting, restons calmes, on ne parle pas de Bob Dylan ici, et puis concernant les textes, ils sont surtout à base de «  je veux juste voir un sourire sur ton visage, boucle ta ceinture et laisse le passé derrière toi, libère ton esprit, il n’y a nulle part où te cacher, la vie est trop courte, rentre à la maison car je crois en l’amour ». Voyez ce que je veux dire.

Les cinq premiers morceaux (Little Girl, How Long, Nowhere To Hide, la balade un peu faiblarde Get Over It et le fantastique I Believe In Love) laissent présager du meilleur, et occupent franchement le haut du panier dans le domaine. On a là vraiment du bon AOR, musclé, ultra mélodique, complètement au ras des pâquerettes. Après, c’est pas que ça se corse, c’est juste que c’est la même histoire avec un petit quelque chose en moins.

C’est vraiment pas clair, je vais vous la faire autrement : l’album se termine comme tant d’album d’AOR, il est dans la moyenne et y a pas vraiment de quoi en faire une thèse. C’est la même recette qui est appliquée dans la première moitié, sauf qu’il y a comme un ingrédient supplémentaire dans les cinq premiers morceaux, si vous me permettez de filer cette métaphore un peu pourrave. Ce petit supplément d’âme, c’est dans la qualité des morceaux, ils sont meilleurs tout simplement. Heaven Knows ne déroge malheureusement pas à la règle de tant d’albums, surtout parmi ceux qui sont calibrés FM, musicalement a minima, voire carrément dans l’intention. Vous avez déjà écouté en entier un album de R&B ? Genre Rhianna, Usher ou Beyoncé ? Les meilleurs morceaux sont souvent, voire toujours au début de l’album, et après, c’est un peu du remplissage, la même méthode répétée à l’envi sur encore une dizaine de plages ou moins, selon la qualité de l’album.. Même constat pour Edge, et c’est d’autant plus regrettable qu’il ne se cache aucun plan commercial derrière ces potes qui font la musique qu’ils aiment, c’est pour ça que je serai infiniment moins sévère avec eux qu’avec les artistes hollywoodiens sus-cités.

Vous êtes loin de tenir là un potentiel album de l’année, mais vous vivrez sans doute un bon moment, et si I Believe In love, à l’image de son antonyme culte (I Don’t Believe In love, Queensrÿche), laisse en vous un sentiment fugace d’euphorie, si vous vous sentez soudainement un peu bête et joyeux, et s’il vous prend l’envie inexpliquée de reprendre à tue-tête Richard Anthony, alors Edge mérite bien son 7.

0 Comments 29 janvier 2013
Whysy

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