Vous recherchez quelque chose ?

Intéressons nous aujourd'hui à un jeune groupe français originaire de Vienne, fondé en 2008 par Olivier (Guitare / Chant secondaire) et Léo (Guitare). Le nom du groupe, "Aesmah", ancienne divinité Orientale représentant la luxure et le démon salvateur bienfaisant, nous renseigne déjà sur les inspirations du groupe qui se ressentiront aussi bien dans la musique que les paroles. Les débuts du combo furent difficiles, entravés par de nombreux problèmes de line-up et ce, même durant l'enregistrement de leur premier EP "Hegemony". En effet, Léo et Romain (batterie) durent quitter le groupe pour explorer le vaste monde. Le mixage se finit malgré tout en décembre dernier et l'EP sortira dans la foulée le 24. Voyons donc de quoi il en retourne pour ce premier essai de nos jeunes métalleux en herbe.

Hegemony dérivant d'Hégémonie, âge d'or pour une société, que ce soit son apogée ou une domination sans partage sur les autres sociétés. Mais qu'en est t'il vraiment pour les citoyens appartenant à cette même société? Profitent-t'ils eux aussi des biens-faits de cette position dominante ou au contraire ressentent-ils un sentiment de malaise envers celle-ci. Les paroles développent ce concept tout au long des six pistes et laissent une très grande part d'interprétation à l'auditeur.

La première écoute peut nous laisser penser à un énième groupe surfant sur le succès des groupes de Death / melo venant des contrées scandinaves. Bien sûr pour un premier EP, les influences sont encore perceptibles et des défauts sont encore présents. Cela reste inhérent à toute première production, mais nous reviendrons plus tard sur les défauts. Mais après plusieurs écoutes, la qualité des compositions et l'apport de plusieurs touches personnelles, notamment dans l'utilisation du clavier, sort Aesmah du lot de groupes sans âme qui ne font que recopier leurs illustres aînés sans chercher à se définir un style propre. Le clavier à une place omniprésente dans chacune des pistes, relégué en nappes discrètes lors des couplets, il explose lors des refrains et breaks rejoignant les guitares dans leurs soli. La partie rythmique est bien présente et se fait parfaitement entendre lors des montées en puissance mais sait aussi s'éclipser pour laisser la place au chant clair et au piano ("Unregenerate Human State").

Le concept de l'album est présent à travers toutes les chansons, les remises en question et les découvertes de notre cher citoyen se faisant au fur et à mesure de l'EP. Cette évolution est parfaitement retranscrite dans les compositions. De sa fuite de la société ("Betrayal") loin de toute vie sociale et humaine, lui apporte la découverte d'un lieu mystérieux symbolisé par le magnifique break instrumental au clavier. Puis la perte de ses sens ("Massive Immateriality") où le rythme se fait plus lourd, oppressant, l'alternance entre tempos rapides et lents nous montre la plongée vers la folie ("Dementia") d'un homme complètement perdu n'ayant plus aucun repère. La folie est parfaitement exprimée à travers l'alternance du chant. Tantôt voix saturée, tantôt claire, un dialogue naît suivi par les variations de tempo de la partie rythmique suivant l'échange entre les deux protagonistes. De cette rencontre, on apprend l'existence d'une ancienne civilisation ayant prospéré et apporté la paix sur cette terre .Sur la fin de l'EP ("Absolute Path", "Above Me"), la musique montre l'évolution du personnage après sa rencontre et sa découverte sur l'origine de sa société ("on retrouve cette ancienne civilisation via les effigies de la pochette"). Un concept mené de bout en bout donc et non pas sur quelques pistes ce qui apporte une cohérence dans les compositions et le concept.

Tout n'est pas parfait, mais la perfection existe t-elle? Surtout dans un premier EP. Tout d'abord le mixage et la production sont inégaux selon les pistes. Les problèmes de line-up durant l'enregistrement se ressentent, les pistes n'ayant pas été toutes mixées à la suite. Certains plans de guitares auraient gagné à être un peu plus pêchus dans la plupart des pistes sauf "Uneregenerate Human State" et "Hegemony". Dommage une plus grosse présence des guitares aurait poussé la retranscription du concept un petit peu plus loin dans l'immersion. Le gros défaut reste pour moi le chant clair. Non pas qu'il soit mauvais mais il est trop en retrait par rapport aux instruments et au chant saturé lors des dialogues. Ainsi certains passages au chant ne sont quasiment pas audibles ("Uneregenerate Human State") ou très difficilement discernables ("Betrayal"). Cependant on peut noter que l'on ne retrouve pas partout cette inégalité du mixage. Ainsi sur "Hegemony" le chant clair est parfaitement à sa place au milieu des autres instruments.

En conclusion, Aesmah pose la première pierre qui servira de base à leur premier album prévu pour fin 2010. Malgré quelques maladresses de jeunesse, Hegemony est un très bon EP de Death mélodique que se soit au niveau des compositions ou des paroles. On a vu dernièrement  émerger pas mal de groupes de qualité s'auto-produisant. Saluons donc leur courage car on ne peut pas dire que les collectivités locales et l'état soient d'une grande aide à la création et à la promotion musicale en France et particulièrement dans le milieu du metal.

0 Comments 12 mars 2010
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus