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Et me voici avec entre les mains l’EP d’Abduction, petit groupe français issu de Paname créé en 2006 par Guillaume Fleury (guitare, clavier) et rejoint l’année suivante par Guillaume Roquette (chant, guitare). Il ne manquait plus qu’un bassiste (Mathieu Taverne) et un batteur (Morgan Velly) pour que le groupe soit au complet et nous ponde en octobre dernier leur premier EP.

Premier contact avec l’objet, l’artwork : c’est peut-être bien le 67ème arbre que je retrouve sur une pochette d’album metal que cela ne change rien au fait, c’est finement réalisé, l’artiste n’a pas fait les choses à moitié. C’est d’ailleurs une vision un peu pessimiste, mais réelle cependant, qui nous est ici décrite avec une nature qui semble triomphale à ses débuts mais qui ne cesse de rétrécir par la suite pour être happée par une industrialisation galopante, parfaitement illustrée par ses nombreuses usines et une locomotive crachant leur fumée blanchâtre à la face du ciel. Bref, un côté visuel agréable à l’œil.

Pour ce qui est de la musique… comme spécifié sur le site web officiel du groupe, nous avons ici affaire à du metal à tendance « black/death ». Le tout est très mélodique, mais vous l’aurez sûrement deviné si vous traînez régulièrement vos guêtres sur Heavylaw. Le quatuor ne fait pas dans la dentelle et nous prend à la gorge dès le premier titre avec un Heights’ Shivers tout simplement énorme. Ce qui fait la force de ce titre, ce sont ces riffs qui fusent et qui nous entraînent dans un ailleurs bien sombre auquel se greffe un chant hargneux malheureusement quelque peu en retrait par rapport aux guitares, il est vrai. A noter que ce dernier sait s’effacer, l’on ne frôle pas ici l’overdose, les guitares seules pouvant amplement suffire à nous insuffler cette mélancolie qui suinte sur toutes les compositions, particulièrement sur le titre éponyme.

Le groupe ne connaît aucune baisse de régime en nous assenant de deux titres supplémentaires histoire d’enfoncer le clou. On ne s’ennuie pas un instant et l’on apprécie que le groupe n’abuse pas de la recette de la castagne à tout va en alternant efficacement passages crus et passages plus ambiancés, et adoucissant ainsi le propos, comme le font si bien les guitares acoustiques sur le titre Spacewalk.

A l’écoute d’Abduction, il est difficile de penser à tel ou tel groupe se rapprochant plus ou moins de la musique du quatuor. Parfois, Opeth semble poindre le bout de son nez ou un riff rappeler feu Dissection… mais les influences sont suffisamment digérées pour ne pas choquer l’auditeur averti. Alors on se laisse prendre au jeu jusqu’au titre final qui prend son auditeur à contre-pied. Pas d’intro mais une outro qui nous fait quitter les sentiers balisés pour une ballade au clavier improvisée par Guillaume Fleury. Le titre aurait peut-être gagné à être écourté mais je salue la prise de risque qui ne sera peut-être pas du goût de tout le monde.

Verdict ? Un groupe assurément à suivre et qui, je l’espère, ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Certes, cet EP n’est pas exempt de défauts, je pense notamment à la batterie, qui pâtit un peu d’une production parfois bancale ou au chant, quelque peu en retrait. Mais c’est chipoter pour pas grand-chose car l’essentiel est bien là : Abduction a su marquer les esprits avec un premier jet convaincant, et qui augure du bon à l’avenir. A suivre de très près !

7,5/10.

0 Comments 27 septembre 2011
Whysy

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