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Espoir. Désespoir. Tout un symbole. Parfois la beauté appelle à la contemplation, silencieuse, d’un édifice mélancolique : les mots perdent leur sens. La souffrance s’intensifie tandis que la musique s’évade… Doucement, calmement… Si le sublime naît du mélancolique, Swallow The Sun est un magicien. Il joue avec nos émotions. Tendresse, dépression, rage. Des sombres sentiments virevoltent en de nombreux accords. La douleur amène à la création, « Hope » et sa noirceur en témoignent : parfois, le malheur mène au génie. Je crois sincèrement que nos finlandais sont devenus, en l’espace de trois albums, la nouvelle coqueluche de l’extrême dépressif européen. En évolution constante, Swallow The Sun impressionne par son talent, sa créativité, son humilité.

Avec « Hope » la beauté prend une définition nouvelle. Le groupe a décidé d’abandonner ses brides et signe un disque contrasté aux mélodies obscures, aux accords parfois doux, parfois rageurs et aux paroles travaillées. « Hope » distille l’émotion avec force, des rythmes lents, des guitares à fleur de peau, un chef-d’œuvre de tristesse. Certes Swallow The Sun n’a pas bouleversé sa formule magique, mais il a habilement perfectionné son élixir. La musique atteint un degré de sensibilité inespéré. Les mélodies pleuvent, majestueuses, comme des torrents de larmes. Comble du paradoxe : « Hope », bien qu’étant d’une détresse inouïe, recèle de passages lumineux. La voix claire, magnifique et charmeuse, apporte une légèreté déconcertante face à l’extrême profondeur du chant caverneux. Mikko Kotamäki fait preuve d’une justesse vocale impressionnante, toutes ses interventions sont calibrées. Un chant bipolaire couplé à des guitares glaciales et des rythmes hypnotiques.

Unique compositeur, Juha Raivio, est l’âme de Swallow The Sun. Un esprit torturé capable de prouesses. « Hope » est un album sans fausse note. D’une extrême richesse, et d’une grande intelligence, il distille ses ambiances avec soin, développant si besoin ses chansons sur de longues minutes. Un voile sombre s’étend, lentement, et enveloppe l’auditeur dans un état de transe. Un voyage vers un monde lointain, régi par l’émotion. On s’oublie, quelques instants, l’esprit vagabonde dans le néant. Telle est la force des mélodies. D’une nature indéfinissable, elles chassent toute lumière pour ne laisser que pénombre et beauté, une beauté froide certes, mais tellement expressive. L’expression de sentiments enfouis que les nombreux pianos et guitares parviennent à raviver en une cruelle dépression. Swallow The Sun utilise également, et pour la première fois, d’emphatiques violons conférant aux ambiances une force et une sensibilité incroyables. « These Hours Of Despair » devient une œuvre aux reflets parfois gothiques. Pour la première fois, nos finlandais expérimentent le chant féminin lyrique. Un chant unique qui confère à la longue complainte « Doomed To Walk The Earth » une force et une beauté sans pareil, et « Don’t Fall Asleep » devient bijou.

Toutefois, et bien qu’était profondément triste, l’album assume être plus « lumineux » que ses prédécesseurs par la place plus importante accordée au chant clair, d’une qualité inégalable. Des chansons plus aérées, et des nombreux passages aériens et atmosphériques parachèvent le tableau. Mieux encore, deux guests de génie ont apporté leur contribution. Ainsi Jonas Renkse (Katatonia) sublime « The Justice Of Suffering » de lignes vocales inoubliables et font de cette chanson l’une des plus belles œuvres jamais composées. Un timbre d’une douceur incroyable, un voix d’une pureté cristalline, une émotion qui se marie à merveille à la détresse musicale. La reprise « These Low Lands » compte sur Tomi Joutsen (Amorphis) et un superbe riff pour clore, brillamment, une fresque épique et dépressive de plus d’une heure. « Hope » s’écoute la larme à l’œil, chaque minute est exceptionnelle. Les mots sont de trop pour expliciter une telle perfection musicale. « Hope » ou l’espoir d’un album éternel.

Plusieurs termes apparaissent souvent dans ma chronique : émotion, sentiments, beauté, sensibilité, mélodies. Swallow The Sun condense le meilleur de chaque chose et propose une œuvre complète, riche, et déconcertante à la fois. « Hope » pourrait devenir un classique de l’extrême dépressif. Un album d’une telle qualité soulève toutefois quelques questions… Pourront – ils encore faire mieux ? Avec 3 chefs-d’œuvre en tant d’albums, si déchéance un jour arrive, on se souviendra, avec nostalgie, de l’immense apport de Swallow The Sun à la scène doom métal européenne. Pourvu qu’un jour Swallow The Sun passe du statut de leader, à celui de légende.

...TeRyX...

0 Comments 15 octobre 2007
Whysy

Whysy

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