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"Les dernières années n’ont point été clémentes pour les suédois d’Evergrey". Ainsi débutait la chronique de «Glorious Collision», le précédent album des suédois. Et cette assertion est une fois de plus d'actualité. Toujours perturbé par un line-up instable avec les départs de Marcus Jidell et Hannes Van Dahl, pourtant présents dans le groupe depuis moins de 3 ans, le groupe a même failli disparaître. Mais Evergrey a su se relever de ses moments difficiles et solidifié par le retour de Henrik Danhage (guitare) et Jonas Ekdahl (batterie), revient pour son 9ème album, «Hymns For The Broken».

Ce dernier né ne dépaysera pas le fan de la formation. Celui-ci retrouvera avec plaisir le style qui a fait les beaux jours du groupe que l'on peut définir sous l'appellation «dark progressive metal». Mais, on retrouve sur cet album un supplément d'énergie, de passion, une étincelle que je n'avais pas retrouvé chez le groupe depuis «The Inner Circle».

Cet album se révèle être une synthèse de la carrière du combo. Mêlant habilement l'émotion et la touche sombre de sa musique, sans sacrifier le côté plus moderne de «Glorious Collision», le groupe nous invite à un voyage qui ne nous laissera pas indemne.
Sur «Archaic Rage», ou encore le single « King Of Errors », on retrouve ce heavy progressif typique du combo, mêlant intelligemment puissance et breaks mélancoliques poignants.
«A New Dawn» une des meilleures chansons de l'album, un refrain sublime, plein de feeling, un break renversant au piano suivi d'un superbe solo de guitare final et des sons de claviers apportant une touche électro. Ces claviers aux sonorités modernes et électro, on les retrouvera sur d'autres titres comme «Black Undertow» ou «Barricades», apportant un petit vent de fraîcheur, démontrant que le groupe n'omet pas d'inclure de nouveaux éléments et d'étoffer sa musique.

A l'écoute de cet album, on comprend véritablement l'illustration via les émotions véhiculées.
Tantôt mélancolique et sombre, parfois porteur d'espoir («Wake A Change»), on ressent ce côté «révolutionnaire» dans la musique notamment sur le puissant «Barricades» ou le presque rageur «The Fire», chanson qui m'évoque le feu revendicateur brûlant en chacun d'entre nous, avec son rythme soutenu (c'est la chanson la plus rapide de l'album) et l'utilisation d'un choeur d'enfants avant le premier refrain.
Ce ressenti et les différents titres choisis ainsi que la cover reflétant ce même thème de révolution, de lutte, correspond parfaitement au groupe qui à déjà évoqué des sujets plutôt graves et sombres (les cultes et la religion sur «The Inner Circle» notamment). Il se dégage donc de ce «Hymns Of The Broken» une véritable cohérence artistique et une ambiance plus qu'appréciables, ambiance renforcée par un certain nombres d'éléments sonores tout au long de l'album.

L'émotion est un vecteur central du disque. Celle-ci s'exprime via des breaks et autres cassures de rythme parmi les chansons les plus heavy mais également par de nombreuses ballades. Elles sont au nombre de 3, ce qui peut paraître beaucoup sur un album de 12 titres comprenant une introduction, mais elles servent parfaitement l'ambiance de l'album et n'en constituent pas du tout des moments faibles. En plus du titre final «The Aftermath» dont je reparlerai plus tard, on trouve «Missing You», une simple composition piano/voix, qui bénéficie de toute la qualité d'interprétation de Tom S. Englund et d'une mélodie au piano simple mais touchante.
«Wake A Change», power ballade intense sublimée par l'ajout de choeurs lors du refrain, et qui tout comme «A New Dawn» se termine par un excellent solo de guitare. Ceux ci sont d'ailleurs très bons sur l'ensemble de l'album, accompagnant parfaitement les ambiances et sublimant certains passages sur par exemple «Black Undertow», un petit bémol toutefois, je trouve celui de «Barricades» un peu trop technique à mon goût et du coup un peu hors de propos, mais ce sera là bien le seul point que je pourrais reprocher aux musiciens.
Citons également une production de très bonne facture, ainsi que le travail au mixage du danois Jacob Hansen, qui a du apporter son expérience, celui-ci s'étant occupé de nombreux groupes (parmi lesquels Anubis Gate, Pretty Maids ou Volbeat).

Nous en arrivons aux deux derniers titres de l'album, tous les deux dépassant les 7 minutes, ce qui en fait si je ne dis pas de bêtises, les deux titres les plus longs jamais composés par le groupe.

«The Grand Collapse» tout d'abord, nous régale avec son ambiance inquiétante via les notes de piano du refrain et ses lourds riffs heavy, se terminant sur une longue partie instrumentale durant laquelle se font entendre divers éléments comme des bruits de tirs ou d'hélicoptère, renforçant la sensation que j'évoquais plus haut d'être plongé dans les rues au cours d'une révolution, d'une guérilla urbaine.

«The Aftermath» se révèle être une power ballade qui vient terminer l'album en beauté, et constitue le moment de calme après la bataille qui s'est déroulée pendant «The Grand Collapse». Un court lead de guitare mélancolique à souhait, des parties de piano belles à tomber, guitare acoustique, arrangement symphonique venant renforcer la puissance émotionnelle, tout y est. Le titre se terminant lui aussi sur un long moment instrumental durant lequel tous les éléments précités fusionnent, terminant l'album sur une touche épico-mélancolique des plus sublimes. Encore une réussite !

Je ne peux évidemment pas terminer cette chronique sans réserver un paragraphe à Tom S. Englund. Comme à son habitude, le bonhomme livre ici une prestation tout simplement magistrale. Puissant sur les parties heavy, poignant sur les breaks mélancoliques et touchant sur les ballades, cette prestation impeccable prouve une fois de plus qu'il a définitivement sa place dans la catégorie des tout meilleurs chanteurs métal. Chapeau bas.

Avec «Hymns For The Broken», vous l'aurez compris, Evergrey m'a plus que convaincu et a fait revivre le fan de la formation que j'étais et qui s'était un peu assoupi lors des 3 derniers albums. En se concentrant sur les émotions et la mise en place d'une véritable ambiance donnant une identité forte à l'album, Evergrey frappe fort. Revenant de loin et certainement surmotivé par les retours dans son line-up d'anciens membres, le groupe nous livre non seulement son meilleur album depuis 2004, mais également un des meilleurs albums de sa discographie, au niveau des chefs d'oeuvre que sont «Recreation Day» et «The Inner Circle». Beau, touchant et puissant, que vous soyez fan ou non d'Evergrey, l'écoute de cette œuvre se révèle plus qu'indispensable.

0 Comments 05 septembre 2014
Whysy

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