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On s’était quitté en 2001 sur une note mythologique pour suivre le parcours de ce nouveau groupe de prog suédois. Cétus la baleine envoyée par Poséidon à qui Andromède est donnée en sacrifice s’apprête à fondre sur son offrande. Mais celle-ci fut sauvée par Persée, chevauchant Pégase, et pétrifiant Cétus de la tête de la gorgone Méduse qu’il avait vaincue.
La belle se maria avec Persée pour une destinée heureuse et prospère dans la ville de Tirynthe.

En ira-t-il de même pour les suédois ? Amour des fans, et succès ?

II = I constitue donc le second album des progueux. Cet album n’a pas été distribué en France d’où une faible notoriété dans notre pays. Un titre comme celui-ci peut en aguicher certains mais repousser les moins matheux d’entre vous qui se diront mais qu’est-ce que c’est encore ces chiffres, ces raisonnements bizarres ?
Ces raisonnements bizarres sont le fruit de l’imagination des suédois qui reviennent en force, avec une meilleure production et un album plus mature et étonnant de complexité. Le tout ne cesse de virevolter de toutes parts. Les morceaux sont longs afin de mieux mettre en œuvre la progression des ambiances et de la musique, en effet la plupart des chansons durent plus de 6 minutes. L’étiquette progressive prend tout son sens avec le self titled qui dure une dizaine de minutes et exploite divers facettes musicales. On passe d’une ballade douce où la batterie ne donne que de très faibles signes de vie, le chanteur emmène l’ensemble brillamment suivi de près par une guitare clean sur fond de nappes de claviers très discrètes mais à force du temps le tout s’intensifie, la batterie se fait de plus en plus présente, puis arrive une guitare au son saturé qui fait son entrée qui confère lourdeur à l’ensemble qui paraissait plutôt aérien au début. La structure du morceau est difficilement perceptible et on ne sait pas forcément quand on va tomber dans le refrain dans un solo ou au cœur d’un couplet. Le tout s’entrelace intelligemment et de manière agréablement surprenante.

La musique d’Andromeda va donc explorer des horizons tantôt heavy, tantôt légers et calmes, d’autres plus speed et électroniques et ce parfois même au cours des mêmes morceaux. De plus le groupe aime mettre en avant l’aspect instrumental et technique de sa musique, en témoigne l’instrumental Morphing Into Nothing mais aussi des pistes comme One In My Head où même si le chant est présent, il ne se manifeste qu’après une ouverture instrumentale conséquente. Le guitariste prend un plaisir à désorienter l’auditeur par de multiples changements de riffs, suivis par un batteur au jeu très Portnoyen qui accumule ralentissements, breaks et autres petites complexités.

La première piste Encyclopedia même si elle présente de bons côtés de par ses suaves passages en guitare clean accompagnés de la douce voix de David Fremberg qui ne parvient hélas pas à me convaincre. L’ambiance est très heavy mais le refrain manque hélas d’accroche et fait un peu mou. Mais Mirages viendra effacer cette déception, la piste est interprétée avec conviction et soin par le chanteur. Cependant, l’intérêt de cette piste réside dans les petites subtilités mises en place, tout au long du morceau. Le jeu de batterie apporte beaucoup à l’ensemble en étant à la base de tous les petits changements de cadences. Le groupe ne manque pas de nous impressionner, non pas par sa technique parce que l’on sait d’avance quand on voit Metal Prog que cela nécessite un minimum de pratique, mais par l’aspect progressif qui se trouve sur cet album poussé à un degré supérieur par rapport à son prédécesseur. Reaching Deep Within baigne dans une ambiance très heavy, tout comme Mirages et même s’il est le morceau le plus court de l’album, il demeure prog puisque s’y introduit un break ambitieux.
Sans conteste les musiciens sont bons, toutefois on regrettera dans leur instrumental Morphing Into Nothing le moindre emploi de passages lents pleins de feeling. Le groupe varie bien sûr son rythme et ne nous fait pas de la double croche tempo 220 pendant huit minutes mais il ne parvient pas non plus à me scotcher. L’instrumental est toujours un exercice difficile.

Après cette déferlante électronique qu’est Morphing Into Nothing vient un moment de pure douceur : Castaway, synonyme de pur bonheur. Ce titre fera pâlir quelques pianistes. L’ambiance y est aérienne et ne manque pas de me faire frissonner, le refrain s’imprime sans mal dans la tête, et cette piste devient l’élu de notre cœur sur cet album et nous fait jurer de le réécouter. David Fremberg y joue son rôle parfaitement et s’y révèle particulièrement prenant. Cette piste sera sans doute une des seules sinon la seule appréciée par les allergiques au progressif car ne s’y immiscera aucune variation importante.
Cette piste est proche de celle qui lui succède, Parasite. En effet, celle-ci s’ouvre au son du piano, encore une fois magique. Néanmoins, la piste évolue et l’on sombre dans un refrain étrange et pas très agréable mais il se révèle être un excellent prétexte aux extravagances musicales d’Andromeda, qui nous gratifient de jolies transitions vers des passages plus toniques puis plus doux qui restent vraiment très efficaces, le guitariste joue parfois quelques notes pleines de feeling, hélas trop peu perceptibles.

Et, the last but not the least The Fragile Surface se présente sous un aspect que j’affectionne bien, une rythmique galopante qui restera cette fois-ci assez longtemps pour que le rythme s’introduise en moi et provoque des mouvements de tête. Cette chanson connait quelques plaisants revers, et chacun des musiciens s’y illustre brillamment. Le clavier, même si discret dans la première partie, n’est pas étranger au succès de cette piste qui parvient à me faire frissonner. Andromeda a eu la sagesse de ne pas mettre tous les instruments au même niveau sonore et évite ainsi une musique à l’aspect gavage de note, et infâme fourre-tout.


Two Is One est une escalade progressive, le groupe pousse ici plus loin l’aspect progressif de sa musique pour le bonheur des progueux mais au détriment des autres. Il est certain que ceux qui ont l’habitude de recevoir les mélodies tout cru dans les bras n’y trouveront pas leur compte et ne comprendront pas ce que le groupe a voulu faire dans ce qui leur paraitra un foutoir. Cet album nécessite beaucoup d’attention pour que l’on puisse suivre son cours car il connait moult tumultes. Ce n’est pas le genre d’album que l’on se passe en fond, mais vraiment un recueil d’idées musicales savamment combinées qui feront le bonheur des gens à la recherche de quelque chose de fouillé. Ce qui lui vaudra une bonne note chez les uns lui en vaudra une mauvaise chez les autres, sa richesse et sa densité.

Dreamer

0 Comments 29 avril 2006
Whysy

Whysy

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