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Second album de Evile, Infected Nations, a été, pour moi, l’album de la découverte et celui de la révélation. C’est à la fois celui que je connais le mieux et celui que je préfère. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de terminer la série de chroniques d’Evile avec Infected Nations. Une façon de conclure en beauté, en apothéose avec ce qui est pour moi une petite pépite dans le style thrash metal.

Sorti presque deux ans jour pour jour avant Five Serpent’s Teeth, en 2009 donc, Infected Nations est aussi la dernière production par le line-up originel d’Evile. Le bassiste, Mike Alexander, est en effet décédé d’une embolie pulmonaire quelques jours après la sortie de l’album. Malgré l’intégration rapide de Joel Graham au poste de bassiste, Evile porte toujours le deuil de son camarade. Le groupe lui a consacré un site et le titre “In Memoriam” sur Five Serpent’s Teeth a été écrite pour lui.

Au delà de la perte, Infected Nations est plus sombre et plus pesant que son prédécesseur. Bien sûr, Enter The Grave ne faisait pas exactement dans le style léger et enjoué, surtout quand on prend un moment pour lire le nom des chansons : le titre éponyme, déjà, et puis “First Blood”, “We Who Are About To Die” ou “Burned Alive” pour ne citer qu’eux ne font pas vraiment référence au chant lexical de la bonne humeur et de la gaieté. Cependant, Infected Nations monte encore d’un cran dans le tragique avec des titres plutôt longs et denses: seuls “Time No More”, le morceau le plus tubesque du disque, descend sous la barre des 5 minutes. Plutôt que de privilégier des hymnes à la “Thrasher”, les frères Drake ont choisi de composer des morceaux intenses avec des introductions plus fouillées. Ainsi, quand Enter The Grave commençait sur les chapeaux de roues, Infected Nations choisit une entrée en matière plus travaillée, qui fait monter le suspense. Une introduction qui avait complètement réussi, en son temps, puisqu’elle avait ouvert la voie à mon coup de coeur pour le groupe.

Cependant, malgré tout le bonheur qu’on peut y trouver, Infected Nations a son lot de chansons moins inspirées qui amoindrit un peu l’effet rouleau compresseur de l’opus. Après “Infected Nations” et “Now Demolition” qui démolissent (ça tombe c’est ce que préconise la seconde) tout sur leur passage, “Nosophoros” plombe un peu l’ambiance et malgré quelques bonnes idées, on a hâte que le morceau s’arrête. On retrouve le même problème plus loin, en seconde partie d’album, avec “Devoid Of Thought” qui n’est pas aussi intéressante que ses voisines. C’est comme si Evile se retrouvait piégé dans des titres trop longs, que les anglais ne savent ni trop contrôler ces morceaux ni trop comment les terminer.

Heureusement la grande majorité de l’album est d’excellente facture et sait produire son petit effet. J’ai déjà parlé plus haut de “Time No More” le petit “Thrasher” de Infected Nations dont le refrain trouvera, je m’en doute pas, un moyen de se graver dans votre cerveau (d’ailleurs en écrivant ses lignes je ne peux pas m’empêcher de le fredonner) et des deux premiers morceaux du disque qui ne sont pas en reste niveau refrain qui tue et riffs entraînants. “Infected Nations” introduit l’album de la plus belle des manières avec son rythme de départ et ses lignes musicales qui roulent toutes seules. Même constat avec “Now Demolition” qui s’avère posséder tous les atouts d’un morceau de thrash réussi, dont des riffs endiablés qui en composent la structure. Mais ce sont pas les seuls à tirer leur épingle du jeu, loin de là...

Si “Infected Nations” a su me scotcher tout de suite, c’est définitivement “Genocide” qui a entériné mon admiration pour les quatre anglais. Avec sa longue mélodie de départ, son rythme accrocheur et son très bon refrain, c’est une pièce majeure de l’album, pleine de grâce malgré un thème principal pas vraiment ragoûtant. “Plague To End All Plagues” a aussi ses moments et  de même que “Metamorphosis” dont les paroles appuyées avec force par Matt Drake lui donne toute sa force. Il reste encore “Hundred Wrathful Deities” pour terminer mais ce n’est presque pas utile tant Evile a déjà rempli son contrat. Infected Nations est, à nouveau, travaillé à la force des bras et forgé à l’huile de coude. Le groupe ne se repose pas et produit titre énergique après titre énergique, d’une traite, sans reprendre son souffle.

Et les quatre compères sont là pour donner leur maximum. Ben Carter, à la batterie, fait preuve de beaucoup de puissance. Il est bien aidé par Mike Alexander, un peu en retrait parfois, mais qui sait (savait) produire un jeu de qualité. Les frères Drake sont, comme à leur habitude, sur le devant de la scène. Les soli de Ol Drake sont bien pensés et collent bien à l’atmosphère des chansons. Matt Drake s’occupe avec application des rythmiques et sait parfaitement ce qu’il fait. Niveau chant, il s’est un peu éloigné de Tom Araya pour trouver son timbre propre même s’il lui arrive loucher du côté de Metallica ou de retourner à Slayer de temps à autre. Mais c’est aussi pour ça qu’on aime son chant. Au final, tout ce petit monde travaille en parfaite entente ce qui explique l’harmonie générale qui se dégage de Infected Nations.

Je pense avoir fait le tour de cet album. Il n’est pas nécessaire que j’insiste encore une fois sur ses qualités. Vous avez, j’imagine, compris. Je reconnais bien volontiers qu’il y a un peu de parti pris dans cette chronique (mais quelle chronique en est totalement dépourvu ?) mais tant pis on ne se refait pas (et surtout on ne refait pas une chronique pour si peu). Je vous souhaite, en tout cas, autant à plaisir à écouter cet album que j’en ai eu à le découvrir, et bien plus tard, à la chroniquer.

Nola

0 Comments 24 novembre 2011
Whysy

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