Vous recherchez quelque chose ?

Quand je ne connais pas un groupe, je m'amuse souvent à essayer de deviner à quoi m'attendre musicalement à partir du nom du groupe en question ou de la pochette de l'album. Alors, voyons voir, une pochette bien colorée et lumineuse, des aliens, un nom de groupe renvoyant peut être au satellite Enceladus (la sixième lune de Saturne par la taille dont on a parlé récemment car celle ci contiendrait les éléments nécessaires à la vie à savoir de l'eau, de la chaleur et des molécules organiques), je pencherais pour du happy power metal avec l'espace pour thématique ! Gagné ? Pas loin ! En effet, le groupe définit lui même son style comme étant du «Cosmic Enlighten Metal». A savoir du power/speed rappelant des groupes comme Ascension, Dragonforce (pour le côté shreddeur du guitariste) ou encore Helloween. Pour terminer cette petite présentation, sachez que Enceladus est un jeune groupe texan, remarqué l'année dernière par les fans du genre après leur EP, qui délivre avec ce «Journey To Enlightenment» son tout premier album. Et c'est armé de l'indispensable serviette de l'explorateur que je me lance dans ce voyage musical intergalactique !

    Tout d'abord, si vous avez été effrayé par le mot «cosmic», pas de panique ! Le côté cosmique est en effet très limité, pas de concept complexe ici ou même de sonorités spatiales, le groupe se concentre à délivrer du bon power/speed comme on l'aime ! De nombreux tubes parsèment l'album, le début de celui-ci s'avère particulièrement efficace. Après une introduction instrumentale bien sympathique, on retrouve «Live Or Submit» et  «Seven Year Solstice», deux très bons titres, mention spéciale à ce dernier, aux mélodies de guitares particulièrement savoureuses.

    Après ce départ canon, l'erreur aurait été de proposer les meilleurs titres en premier et des titres plus passables en suivant. Ce n'est heureusement pas le cas, le rythme ne faiblissant pas tout au long de l'album (ce qui sera aussi à vrai dire un peu un défaut mais l'on y reviendra plus tard). Les tubes sont bien répartis au cours de l'album, en milieu de parcours, «Darkened Aura» s'avère intéressant avec son ouverture à l'influence néoclassique et avec l'imparable «Time In A Dream» (qui faisait parti de l'EP) à sa suite permettent d'éviter une baisse de régime. De même, le final s'avère également réussi, avec l'excellent «Ancestral Venture» et «Book Of Pure Evil» qui se permet une introduction orientale surprenante avant de replonger rapidement dans le speed efficace et mélodique qui constitue cet album.

    Et c'est là que réside le gros point noir de l'album. S'il n'y a pas de faux pas et que la qualité est présente tout le long, l'album souffre d'un fort sentiment de répétitivité. Pris séparément les titres sont bons et efficaces, débordant d'énergie et de bonne volonté mais l'album est assez long pour le genre, quasiment 55 minutes et manque de variété. A titre d'exemple, l'album de Twilight Force paru cet été est exempt de ce défaut, sa courte durée (36 minutes de mémoire) permet d'apprécier pleinement la qualité de ces titres et les différents interludes ainsi que la ballade d'apporter de la variété et de changer du pur speed, de ne pas proposer que des compositions au rythme effréné. Or, ce «Journey To Enlightenment» s'avère très homogène, en qualité ce qui est un bon point, mais également en terme de style et de rythme, il manque des variations, des cassures rythmiques, ce qui fait qu'il est difficile de garder son attention et de ne pas décrocher lors d'une écouté complète de l'album (ce qui est embêtant vu les 2 derniers très bons titres!). C'est plutôt dommage car ce défaut aurait pu être évité, certaines chansons démarrant par des introductions intéressantes («Book Of Pure Evil», par exemple) mais reviennent très rapidement au speed.

    Ce sentiment s'additionne avec le côté shreddeur du guitariste Geo Roessler, la guitare étant omniprésente tout au long de l'album que ce soit par des leads mélodiques ou de longs solis rapides et techniques. Si cela ne s'avère pas gênant lors d'une écoute fragmentée ou si l'on prend les titres un par un, ces longs solis et ces débordements d'énergie guitaristique se révèlent monotones si l'on écoute tout d'un trait et manquent une fois encore de variété, en étant trop axés sur la rapidité et la technicité et pas assez sur le feeling.

    Mais ces reproches sentent l'erreur de jeunesse (il s'agit de leur tout premier album je le rappelle) et me rappellent ce que je reprochais aux premiers albums de Dragonforce, qui ont su avec le temps varier leurs tempos et proposer autre chose que du speed à toute allure.
Autres petits reproches, la production ne s'avère pas optimale, notamment la batterie qui sonne très synthétique, ce qui s'explique certainement par le fait que le groupe soit aujourd'hui un trio seulement. De même, et je m'en veux presque de le signaler tant le chanteur Soikkam a progressé depuis l'EP, on retrouve quelques montées dans les aigus pas forcément maîtrisées.


    Pour conclure, si j'avouais me méfier du type d'extraterrestre représenté sur la pochette depuis Le Royaume du Crâne de Cristal, pas de soucis à avoir pour cet album qui saura convaincre les amateurs de speed européen (du vrai avec un rythme très rapide), confirmant la potentiel des jeunes texans aperçu sur l'EP de l'année dernière. Ceux-ci déborde de vivacité et d'énergie, et nous livrent des titres accrocheurs, incisifs et très dynamiques («Seven Year Solstice», «Ethereality» ou encore «Frigid Vigor»). Néanmoins, le groupe dispose encore d'une belle marge de progression, en apportant plus de variété et en calmant un peu la virtuosité de leur guitariste, nul doute que Enceladus dispose de tous les atouts pour devenir une pointure du genre.

0 Comments 19 septembre 2014
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus