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De passage dans la capitale pour quelques jours promotionnels, Kamelot prépare activement la très attendue sortie de son nouvel album, Ghost Opera, prévue pour début juin. C’est donc dans un grand hôtel parisien que le ténébreux et talentueux chanteur du groupe, j’ai nommé Roy Khan, nous a livré ses impressions sur cette nouvelle page de l’aventure Kamelot. Interview !!

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Heavylaw : Salut Roy, merci de répondre à nos questions !! Votre nouvel album, Ghost Opera, sort bientôt en Europe (le 4 juin), donc peux-tu nous présenter ce nouveau chapitre dans la carrière de Kamelot ?

Roy Khan : Eh bien il y a pas mal de choses à dire !! Pour commencer, je crois que Ghost Opera représente une nouvelle étape dans la carrière du groupe. C’est un album plus sombre, peut-être plus dur que ce que nous avons fait auparavant. La grosse différence avec Ghost Opera vient du fait que ça n’est pas un concept album, à l’inverse de tous nos anciens albums. Là, c’est plus la musique qui a guidé le choix des paroles, des textes, et non l’inverse. C’est pour ça que ça représente comme je disais une nouvelle étape pour nous, une nouvelle manière de faire.

Y a-t-il des grands thèmes, des idées qui guident Ghost Opera ?

Pas vraiment en fait. Comme je l’ai dit avant, étant donné que Ghost Opera n’est pas un concept album, il n’y a pas de thèmes ou d’idées qui lient l’album. On parle parfois de la mort, parfois de la guerre, mais il n’y a aucun sujet qui revienne de manière régulière sur l’album.

Avez-vous travaillé avec un orchestre complet pour enregistrer l’album ? (question de NoName)

Complet non. Il y a un certain nombre d’arrangements que l’on a fait ensemble, j’y ai participé également mais bon, mes arrangements comparés à ceux de Miro, ce n’est pas tout à fait la même chose (rires) !! Pour revenir à la question, on n’a pas travaillé avec un orchestre complet, on a comme on peut l’entendre intégré de nombreuses parties de violons notamment, car on cherchait ce son particulier, cette attaque de corde, cette virtuosité que seul le violon peut retranscrire le plus fidèlement possible. Je ne pense pas que l’on aurait obtenu plus en intégrant un orchestre complet, pour une raison assez simple : Ghost Opera est un album de détail, qui va chercher la petite sonorité, le petit truc en plus qui va donner un volume supplémentaire à une chanson. Avec simplement des violons, on peut plus facilement parvenir au résultat que l’on recherche, alors qu’avec un orchestre complet, on ne peut pas « contrôler » tous les paramètres, il peut y avoir un cuivre ou un autre instrument qui produit un son, une ambiance que l’on n'a pas forcément cherché à mettre en valeur.
Et puis le fait de mettre comme ça juste un violon sur une partie de la chanson nous a facilité les choses. Ca n’a pas changé le processus d’écriture, dans le sens où l’on a pas à adapter le morceau pour qu’il colle avec l’orchestre, on subit moins l’orchestre, et puis en live également c’est plus facile à retranscrire.



Comment avez-vous composé cet album ? Quel a été le rôle de chaque membre du groupe ? (question de ptit-bourriquet)

Toutes les chansons ont été écrites et composées par Tom (ndt : Thomas Youngblood, le guitariste du groupe) et moi. En ce qui me concerne, je me suis plutôt occupé de tout ce qui touche aux mélodies, à l’harmonie de l’album. Thomas lui s’occupe des parties guitares, batterie également. Cela dit, la composition de l’album, et de tous nos albums de manière générale, reste évidemment un travail de groupe. Les autres membres peuvent intervenir s'ils ont des idées, et puis toute la partie enregistrement / mixage, où les producteurs, les ingés sons ont un rôle très important. On peut parler aussi des gens qui travaillent sur les clips, les personnes du label… On cherche à obtenir une cohésion forte entre tous les acteurs de cet album, ce qui explique sans doute qu’on ait mis beaucoup de temps à le faire de bout en bout. Notre rôle, à Thomas et à moi, est également que tout le monde, tous ceux qui participent de près ou de loin à la construction de l’album, aient la même vision des choses, qu’ils suivent la ligne directrice qu’on a instaurée. C’est une responsabilité importante de faire que tout le monde tire dans le même sens.

En écoutant Ghost Opera, on a le sentiment qu’il est plus ouvert, plus aéré que vos albums précédents. Etait-ce une démarche volontaire de donner plus de liberté, plus d’espace à votre musique ?

Volontaire, je ne dirais pas ça. Quand on a composé l’album, on a suivi le même processus que par le passé, on s’est assis autour d’une table tous ensemble et on a commencé à construire l’album, rien de plus (rires) !! Non sérieusement, on n’y a pas pensé plus que cela, le processus d’écriture a été aussi « naturel » que les autres fois. Après, c’est vrai que du fait que Ghost Opera ne soit pas un concept album, ça lui a peut-être donné un côté plus ouvert, moins linéaire, mais en tout cas on n'a pas forcément cherché à le faire sonner de cette manière.

Et ce côté sombre que tu évoquais tout à l’heure, avez-vous cherché à le faire ressortir ?

Oui et non. Tu sais, les thèmes des chansons, la manière dont l’album sonne, tout cela vient aussi du vécu du groupe, de comment on ressent les choses. On a pu extérioriser certains sentiments, on a en quelque sorte libéré la pression que l’on avait pendant qu’on composait l’album. Tous les détails que l’on voulait faire ressortir peuvent parfois engendrer de la frustration, de l’impatience, et ça se traduit dans la musique. Les membres du groupe ont plus de vécu, plus d’expérience de la musique que l’on joue, plus de recul aussi, et ce côté sombre vient aussi sans doute de là.

On peut presque dire que Kamelot a la culture du détail. Sur le dvd, en concert, sur les albums, tout est fait pour que chaque détail soit travaillé, mis en valeur…

Oui tout à fait. Ce qu’on a cherché à faire sur Ghost Opera, mais qui est aussi vrai sur les autres albums, c’est qu’en écoutant une chanson pour la dixième fois, tu peux encore trouver quelques chose de nouveau, un son, un riff, un arrangement qui t’avait échappé la fois d’avant. C’est très important à mon avis de penser sur le long terme, de se dire que l’album doit, pour être intéressant, avoir une longue durée de vie, un album que tu peux écouter pendant des années et redécouvrir de nouvelles choses à chaque fois. Et ça passe évidemment par travailler les petits détails.



As-tu mis en valeur certains aspects de ton chant sur cet album ?

Disons que mon chant sur Ghost Opera est peut-être à certains moments moins rapide, plus posé. Avec l’âge aussi, la voix devient plus profonde, plus grave, on arrive plus facilement à faire transparaître certains sentiments, certaines émotions avec l’âge et l’expérience. Tu vois sur Up Through The Ashes par exemple, mon chant est plus profond, plus intense, je me dis que je n’aurais pas pu chanter comme ça il y a quelques années, ma voix n’était pas assez mûre pour ça.

Vous avez travaillé avec Ann-Catrin Märzke (ndt : la chanteuse qui assure les back vocals sur l’album ainsi qu’en concert) sur Ghost Opera. Va-t-elle vous accompagner pour la prochaine tournée, et pourquoi pas participer au futur album? (question de NoName)

Pourquoi pas en effet. C’est une personne très complète artistiquement parlant : elle a une belle voix, elle est également actrice de théâtre, elle peut danser aussi. Elle a beaucoup de talents, et la combinaison de tout ça peut donner des choses intéressantes, sur les clips par exemple où l’on ne doit pas seulement savoir chanter, mais aussi bien se tenir face à la caméra… Elle a un profil intéressant c’est sûr.

Parle-nous du clip tiré de la chanson Ghost Opera. L’histoire, les personnages…

L’histoire de Ghost Opera est celle d’une jeune fille, d’environ 16 ou 17 ans, qui est chanteuse d’opéra, et qui un soir va faire sa première sur scène. Sur le chemin de l’opéra, elle se fait attaquer et elle est violée, et rate donc cette fameuse première. La chanson fait en quelque sorte un flashback sur la vie de cette femme, elle s’imagine sa vie si elle n’avait pas raté sa première, si les choses s’étaient passées différemment. C’est une question que l’on est tous amené à se poser un jour ou l’autre, quelle aurait été ma vie si cet évènement s’était produit et au contraire si celui-là n’avait pas eu lieu…

Que veut dire le titre de la chanson Blücher ? Quelle est l’histoire derrière cela ?

Blücher était le nom d’un cuirassé allemand de la seconde guerre mondiale, qui a participé aux batailles maritimes près de la Norvège. Blücher est en fait l’histoire de jeunes soldats allemands qui, sur le pont du bateau juste avant la bataille, se rendent compte que leur futur proche n’est pas si rose que cela. La chanson traite de la désillusion des jeunes face à une guerre qu’ils ne comprennent pas forcément, qui se heurtent à une réalité bien différente de celle qu’on leur a décrite à l’armée. Ce titre illustre bien ce que je disais tout à l’heure, c’est vraiment la musique qui a inspiré les paroles, et pas l’inverse. Quand on a écrit la chanson, on s’est dit que le riff collerait bien à cet univers.
Un autre exemple de ça, c’est le titre Anthem, qui parle du fait d’avoir un enfant. J’ai écrit cette chanson peu après que mon premier enfant soit né. Cette chanson est presque fragile, comme un bébé, on a voulu insister sur ce sentiment de candeur, avec un chant plus doux, du piano…

Certaines chansons sont donc plus personnelles ?

Oui clairement, certaines le sont. Le fait d’écrire les paroles d’une chanson, c’est toujours personnel, mais là effectivement ça nous touche parfois de très près.



Est-il vrai que vous avez prévu réaliser 10 clips avec les chansons de Ghost Opera ?

On avait lancé l’idée il y a quelques temps effectivement. Cela dit, depuis on a revu nos ambitions à la baisse, faire un clip c’est beaucoup de travail, du temps et des moyens conséquents. Avec la sortie de l’album bientôt, et donc tout le travail promotionnel, la prochaine tournée, on n’aura tout simplement pas le temps, ni l’énergie je pense, d’en faire autant. Disons que pour le moment, il y en a deux de prévus et qui seront faits, le premier qui est déjà terminé, celui de Ghost Opera, et le deuxième qui viendra un peu plus tard.

Une nouvelle tournée est donc déjà planifiée ? (question de ptit-bourriquet)

Oui tout à fait !! Cet été, on va faire quelques festivals, après je pense qu’on prendra un peu de vacances, et on en a besoin je crois (rires). Après, les premières dates sont prévues pour octobre il me semble, pour une tournée en Amérique du Nord pour commencer. Et après l’Europe (Espagne, Angleterre…), ainsi que quelques autres destinations, l’Australie par exemple…

Et en ce qui concerne la France, avez-vous prévu de faire des dates hormis Paris ?

Oui bien sûr, des villes comme Lyon, Strasbourg ou Bordeaux sont des dates que l’on prévoit pourquoi pas de faire.

Avez-vous déjà pensé à avoir un second guitariste en live. Ca pourrait donner plus de volume, plus de puissance à la musique ?

Non on n’a jamais pensé à le faire. Tu vois, on arrive sur scène à combiner les rythmiques, les solos, enfin tout ce que la guitare peut faire. Et puis quand Thomas fait son solo, le clavier peut prendre le relais pour assurer la partie rythmique. Dans ma conception de ce qu’est Kamelot en concert, l’idée d’un autre guitariste n’est pas nécessaire, dans la mesure où on se débrouille pour toujours faire des combinaisons d’instruments pour avoir un son assez puissant.

Comment est née l’idée de faire un duo avec Shagrath (Dimmu Borgir) sur la chanson March of Mephisto ? (question de Viking)

Déjà l’album Black Halo se prêtait mieux à ce genre de duo que les albums précédents. Le titre March of Mephisto aussi, et évidemment pour coller à l’ambiance, à l’univers de cette chanson, il nous fallait quelqu’un dans le style de Shagrath. On a pensé à lui assez naturellement, on l’a contacté et il a accepté de jouer le jeu sur la chanson et aussi sur le clip tiré de ce titre.

Quel regard portes-tu sur l’évolution de Kamelot depuis les débuts du groupe ?

Je dirais que depuis le début du groupe, ou tout du moins depuis que je fais partie de Kamelot, il y a eu beaucoup de changements musicaux, beaucoup d’évolutions. Depuis The Fourth Legacy, on a essayé de franchir de nouvelles étapes, d’avoir sur chaque album une meilleure production pour aller crescendo dans le temps. On essaie de donner le plus de liberté possible à la musique, de ne pas se contenter d’un style, d’une manière de voir la musique. Jusqu’à présent, on a beaucoup touché au heavy, au power, mais pourquoi pas s’orienter désormais vers des choses différentes, plus d’atmosphérique, pourquoi pas du black métal aussi, aucune porte n’est fermée…

Du black métal ?????

Oui ça peut paraître bizarre (rires) !! Mais tu sais, quand tu vois ce que peut faire par exemple Dimmu Borgir aujourd’hui, du black avec beaucoup de symphonique, d’orchestrations classiques, les styles deviennent de plus en plus interdépendants, de plus en plus liés, et on voit beaucoup de groupes qui touchent un peu à tout, au black et au heavy sur un même album, et les résultats parfois très réussis. J’ai dit black comme j’aurais pu dire pop ou autre chose, mais je peux affirmer une chose, c’est qu’à l’heure actuelle même Kamelot ne sait pas encore à quoi ressemblera le prochain Kamelot (rires) !! L’avenir nous le dira.

L’interview touche à sa fin. Encore une fois, merci à toi de nous avoir accordé un peu de temps pour répondre à nos questions. On te laisse conclure !!

J’espère que les fans apprécieront tout le travail qui a été fait avec ce nouvel album, qui représente en tout cas pour nous un nouveau challenge. La tournée que l’on vient de finir il y a un mois a été vraiment géniale, avec des salles toujours pleines, et notamment à Paris où le concert a vraiment été super. Pourtant avant de faire cette tournée, on était un peu anxieux, on craignait que le public ne réponde pas totalement présent, du fait que la sortie de l’album vienne après cette tournée, mais franchement on ne regrette pas cet investissement. C’était tout simplement incroyable !! On espère que les fans prendront du plaisir à écouter ce nouvel album, et on vous donne rendez-vous bientôt sur scène.

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Interview réalisée par Smaug et Cliff
Paris, le 15 mai 2007

0 Comments 15 mai 2007
Whysy

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