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La rencontre entre le speed mélodique et l’Italie est une grande histoire d’amour. Comme toutes histoires de cœurs commençant à durer, l’apparition de dérapages, de disputes et même de cassures sont des passages dont un couple ne peut échapper. L’alchimie entre ces deux « synonymes » débuterait-elle une période de déclin ? Seuls des experts pourront répondre à cette question, mais il est vrai que la tendance penche vers une exportation du speed dans les pays de l’est. La comparaison avec la délocalisation des entreprises européennes vers ces pays parait utopique mais pourtant le phénomène se constate bien sur Heavylaw. En effet les news concernant des groupes de Russie (Kaira), de l’Ukraine (Reanimacia), de Hongrie (Overdream), de Pologne (Ceti) émergent de plus en plus. Vous pensez que j’exagère, on en reparlera dans quelques années. En tout cas l’arrivée de Moravius, combo venu de République Tchèque, vous fera peut-être réfléchir sur le sujet.

Si je vous fais part de cette réflexion, c’est parce que Moravius réalise là un premier album de qualité. Le contraire aurait été le cas, mon introduction se serait contentée de continuer à faire des louanges sur le speed italien et de juste faire allusion à cette nouvelle vague de l’est. Mais dans le cas présent, on ne peut qu’approuver le fait que Moravius, avec son « King’s Grave », rénove de fort belle manière l’image du bloc soviétique. Certes leur musique n’innove en aucune manière le style, mais a le mérite d’être directe et terriblement efficace.

Je vous vois ruminer d’ici : « euh doryan, ils sont bien beaux tes cours de géographie mais si on est venu te lire c’est plus pour des cours de musique si tu vois ce qu’on veut dire... ». Ne vous inquiétez pas, papy dodo a plusieurs casquettes. Je pose ma carte du monde et prends mes partitions et me voilà professeur de musique. Chers lecteurs ouvrez votre livre page 10 et commençons de ce pas l’analyse de ce King’s Grave.

Comme je le disais plus haut Moravius n’a pas inventé la poudre. La double pédale est présente sur une bonne partie des titres, les riffs guitares sont joués à double crochets, les solos guitares et claviers fusent. Les amateurs ne seront pas dépaysés. L’atmosphère de Stratovarius plane tout au long de l’album : que ce soit au niveau du son clavier à la « King Diamond », l’enchaînement des solos, « Without You » et son début « Papillon » ainsi que la petite piste instrumentale en milieu d’album, les comparaisons avec les Finlandais sont multiples.

Que possède donc cet album de si accrocheur, pour ne pas s’en lasser au bout de quelques écoutes ?

Le rythme ne faiblit jamais grâce à une guitare aux riffs heavy très présents qui apporte de la puissance aux compositions. Cette puissance est renforcée par d’excellents chœurs dévastateurs accompagnant Dalibor Halamicek au chant (ex-Salamandra). Celui-ci posséde un grin dans la voix qui la rend irrésistible. On lui reprochera, peut-être, son léger chant du nez, mais rien de bien méchant. Une ribambelle de guests accompagne Dalibor. Ils participent, la plupart du temps, en tant que backing vocals. Que ce soit les sopranos féminins, la voix death (uniquement sur une piste pour ceux à qui cela inquiète), ils apportent une vraie profondeur aux morceaux. Les refrains sont lumineux et le clavier, des plus inspirés, les éclaire davantage.
Au niveau du titre éponyme, Moravius ne fait pas dans la demi mesure. King’s Grave est divisé en 3 parties qui sont respectivement chacune un titre de l’album : The Curse, The Fight et The Deal. Trois pistes qui se suivent donc au niveau lyrics. Instrumentalement la première partie et la troisième se ressemblent assez avec leur rythme guitare/clavier et leurs refrains speed ravageurs. La deuxième partie, au contaire, propose un rythme plus lent et plus heavy avec, sur le refrain, une voix death parfaitement en harmonie avec le chanteur. Sans aucun doute trois pièces maîtresses de cet album.
Pour ce qui est des points faibles de l’album, on peut citer un son clavier un peu trop kitsch, quelques refrains qui se ressemblent un peu, et, même si la production est bonne, une batterie un peu en retrait par rapport à la guitare. Mais sincèrement je pinaille. Le vrai point faible serait, peut-être, de relater un manque de prises de risques du groupe sur certaines compositions. Mais pour un premier album leur inspiration est largement suffisante.

Au final, j’ai envie de dire, que si en cours de musique on nous avait fait découvrir ce genre de groupe, j’aurais peut-être troqué ma flûte contre une bonne guitare électrique et ces années de calvaires à apprendre des partitions seraient devenues un vrai délice.

Doryan.

0 Comments 11 avril 2007
Whysy

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