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Ayé ayé ! Le Freedom Call nouveau est arrivé, tout juste deux ans après un ‘’Legend of the Shadowking’’ qui sans transpirer l’originalité avait réussi à ramener dans son giron les indécrottables fans de speed melo fantasy quelque peu déçus par des ‘’Circle of Life’’ et ‘’Dimensions’’ trop expérimentaux à leur goût. Mais comme nous dit Chris Bay, « Qu’est-ce qui est 100% Freedom Call ? Même moi je ne sais pas ce qui est 100% Freedom Call. ». Enfin bon, toujours est-il que cet opus remettait le groupe dans une direction moins ambigüe quand bien même quelques morceaux savaient sortir des carcans habituels des joyeux teutons. Un album live plus tard pour célébrer cet amour renouvelé, un nouveau batteur officiel (Klaus Sperling, en réalité leur batteur live depuis quatre ans) en lieu et place de Dan Zimmerman parti se concentrer sur "Gamma Ray" et voilà venir une nouvelle offrande ! Son nom ? ‘’Land of the Crimson Dawn’’ ! Et d’après le discours promotionnel de coutume, cet album est censé nous montrer le groupe à un niveau encore jamais atteint, plus heureux que jamais et la besace remplie de morceaux plus "hymniques" que les autres. Alors, qu’est-ce qu’il vaut ce Freedom Call en 2012 ?

Et bien derrière leur bonne humeur de tous les instants, cet album s’avère complexe à appréhender selon ce que vous attendez du groupe. Car cet album vient s’inscrire dans ce procédé discret enclenché depuis ‘’Dimensions’’ qui consiste à glisser quelques morceaux speed histoire de dire « Regardez, on en fait encore » mais de proposer des morceaux qui sortent de l’ordinaire. Alors si le phénomène était un peu atténué avec ‘’Legend of the Shadowking’’, on nage en plein dedans pour ‘’Land of the Crimson Dawn’’. Du speed à l’ancienne vous en aurez avec l’opener pas bien fin (franchement, commencer le morceau CASH par du chant…on a vu plus délicat…) Age of the Phoenix, Crimson Dawn ou « Salut on recycle le rythme de ‘’Land of Light’’ et ‘’Tears of Babylon’’ parce que ça marche en live », les typiques Back Into the Land of Light et Valley of Kingdom ou encoreSpace Legends. Un bon tiers d’album donc consacré à ce qui a fait jusque-là la gloire de Freedom Call. Ratio plus qu’acceptable mais bon voilà, ces morceaux sont loin d’apporter autant de magie que les illustres ‘’Warriors’’, ‘’Heart of the Rainbow’’, ‘’Metal Invasion’’, ‘’Freedom Call’’, ‘’We Are One’’ ou encore ‘’Tears of Babylon’’(pour taper dans le plus récent). C’est bien exécuté, on reconnait en mille la patte Freedom Call, la voix de Chris Bay n’a pour ainsi dire pas changé d’un poil, mais c’est clairement écrit en mode automatique. On répète les bonnes vieilles ficelles et hop c’est dans la boîte ! Cela n’enlèvera pas bien sûr la qualité d’un Crimson Dawn (certes un poil longuet) assez épique et du fédérateur Space Legends mais un minimum d’objectivité suffira à vous faire réaliser que ces morceaux ne sont pas les meilleures speederies de l’histoire de Freedom Call. Associés à un son de guitare assez faiblard (en dépit de ce que Chris Bay peut déclarer en interview), des morceaux comme Back Into the Land of Light (faudra expliquer le pourquoi du comment du clin d’œil là…à part au niveau des paroles…) ou Valley of Kingdom ne sont pas forcément à ranger au rayon des grandes réussites de l’album. D'autant plus que le chant lexical du groupe n'a guère évolué et ces morceaux ressassent les mêmes sempiternels thèmes. Niveau renouvellement c'est pas vraiment ça donc...

Mais il n’y a pas que ça dans l’album ! Ouf ! Car si on sent un Freedom Call un peu sous la contrainte pour écrire du speed, cela traduit tout simplement un léger changement d’inspiration chez Chris Bay et surtout un mode de composition différent pour cet album. En effet suite au départ de Zimmermann, le groupe a voulu se concentrer sur une recette plus brute, plus ‘’live’’ et en témoignent des morceaux au feeling très rock n’ roll. Bon alors attention, pour les titres, ça va chercher très loin : Hero on Video, Rockin’ Radio et Power & Glory. Mais bon, ce détail mis de côté, ces morceaux nous montrent un groupe qui s’amuse et ne se prend pas au sérieux. On le savait déjà, là c’est complètement assumé. Aux allures de fêtes, ces pistes pourront surprendre par leur côté hard FM très prononcé mais le constat est là : c’est foutrement efficace ! Rockin Radio, par ailleurs choisi comme single est irrésistible, Power & Glory donnera envie de danser comme le faisait ‘’A Perfect Day’’ sur l’opus précédent tandis qu’ Hero on Video vous fera chanter à tue-tête ces fameux ‘’BANG ! BANG !’’ crispants aux premières écoutes mais terriblement addictifs par la suite. Un Freedom Call décomplexé donc qui semble exceller dans ce genre de morceaux légers au risque de laisser de côté une certaine ambition musicale.

En effet, entre des morceaux speed quelque peu contractuels et du rock n’ roll efficace mais un peu facile, nous sommes en droit de se demander en quelles eaux nage Freedom Call. A cheval entre le désir de satisfaire les fans et celui de se faire plaisir, Freedom Call livre un patchwork pas forcément très homogène. Surtout que ‘’Land of the Crimson Dawn’’ est du genre long avec pas moins de quatorze morceaux. Et le groupe en a profité pour expérimenter et dégainer quelques riffs bien heavy que nous n’attendions pas forcément.

Car si ‘’Circle of Life’’ voyait le groupe ralentir le tempo, il s’était rarement fait aussi menaçant que sur ces Rockstars, Sun in the Dark ou Killer Gear qui ont le bon goût d’être à la fois nouveaux et très réussis. Quand le premier file à toute berzingues et présente un côté musclé rare chez le groupe, le second nous ramènerait presque chez du "Down" (du moins pour le riff) et nous montre un Bay adopter un flow plutôt inédit. Surprenant et assurément une bonne idée ! Il reste ensuite Killer Gear, curieuse chose au riff très folk, rythme à la ‘’The Rythm of Life’’ et refrain ultra sombre pour du Freedom Call. Pour tout vous dire, des voix extrêmes (assurées par Chris Bay himself) viennent s’inviter de façon très crédible car peu envahissantes sur ce morceau atypique qui s’impose comme un des temps forts de cet album bien plus varié qu’il ne peut en avoir l’air aux premières écoutes.

Car voilà la force de ‘’Land of the Crimson Dawn’’. Si un bref jet d’oreille nous offre un Freedom Call paumé entre morceaux traditionnels, pistes heavy et récréations rock n’ roll, le temps révèle une œuvre dans laquelle le groupe s’amuse et varie les plaisirs avec habileté. D’autant plus que l’équipe encadrant Chris Bay joue son rôle à la perfection, la section rythmique envoie du bois et Lars Rettkowitz seconde Bay à merveille en tant que soliste multifonctions. Avec ce line-up Freedom Call semble avoir trouvé l’harmonie qui lui fallait, préférant une équipe stable qui s’entend bien plutôt qu’un troupeau de mercenaires. On regrettera cependant des claviers plus que discrets et un son quelque rachitique pas franchement à la hauteur des réalisations de l’époque.

En définitive, Freedom Call ne sait pas vraiment sur quel pied danser mais se débrouille pour le moment très bien dans son numéro d’équilibre. Si le groupe a plus que jamais une identité musicale aux frontières floues, il parvient encore à marquer des points. Si vous aimez sa glorieuse époque vous trouverez de quoi vous rassasiez pour peu que vous soyez bon public et cet album vous plaira si ‘’prise de tête’’ est absente de votre vocabulaire mais ceux qui cherchent de l’ambition et de la remise en question comme du temps de ‘’Dimensions’’ et ‘’Circle of Life’’ rentreront bredouilles malgré les tentatives certes réussies du groupe de sortir des sentiers battus. ‘’Land of the Crimson Dawn’’ est un bon album (bien qu'inégal), cependant l’impression que Freedom Call avance dans le brouillard se fait de plus en plus pressante. Peut-être est-ce là que réside la force du groupe, avancer en eaux troubles mais marquer des point à chaque fois... Pas sûr que cela marche indéfiniment...

0 Comments 15 février 2012
Whysy

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