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En 18 ans de carrière, les suédois de Månegarm ont publié régulièrement sept albums aux accents guerriers et vikings. Après six albums dans lesquels le combo s’exprime principalement dans sa langue maternelle, Månegarm a décidé de changer son fusil d’épaule, tout en gardant la même ligne directrice à base de batailles sanglantes et de destructions fracassantes, et de s’essayer à la langue de Bruce Dickinson pour son nouvel opus Legions of the North.

Arise” ouvre l’album assez sombrement mais avec le ton requis pour que chacun se mette dans l’ambiance. Le ton martial de l’introduction sied bien au reste de l’opus et prépare pour les hostilités à venir. D’ailleurs le titre suivant, le morceau éponyme du disque, montre tout de suite l’étendue du talent des suédois. “Legions of the North” est un morceau bien enlevé, assez simple dans sa structure, mais qui va droit au but. Le titre est facilement mémorisable grâce aux mélodies folkisantes qui parsèment la chanson et au refrain. C’est ainsi la plus grande force de Legions of the North. Le groupe montre qu’il est capable d’enchainer des morceaux entrainants qui, sans être vraiment innovants, sont suffisamment fédérateurs pour satisfaire les goûts des aficionados de viking metal rentre-dedans.

Au fil de l’écoute, on se rend compte, en effet, que Månegarm a composé des chansons diablement efficaces aux rythmes oscillant toujours entre l’épique et le dansant. “Eternity Awaits” bénéficie donc d’un rythme habile et bien maitrisé et est servi à merveille par son bon refrain possédant le juste niveau de miévrerie pour améliorer le rendu général du titre. De la même manière, “Hordes of Hel” et “Sons of War” reflètent la dualité du disque des suédois. Le premier est un morceau semblable à “Eternity Awaits” et dont la réussite repose en partie sur les choeurs qui adoucissent la férocité des guitares. “Sons of War” joue aussi avec les mêmes codes: on retrouve des instruments percutants et des lignes de chant dignes d’une épopée, toutefois un peu plus aggressives que sur les autres chansons. Il est difficile de résister au cri de guerre de Erik Grawsiö qui hurle à s’en décoller les cordes vocales et appelle à l’unité avec l’énergie du désespoir. Ce titre noir et affligé, qui fait presque presque office de chant du cygne de Legions of the North est, sans conteste le point d’orgue, tourmenté et disparate, de l’opus.

Les guitares sont au centre du septième album de Månegarm. Markus Andé et Jonas Almquist font montre de toute la mesure de leurs capacités avec mélodies qui naviguent constamment entre des passages très incisifs qui mettent en avant l’influence black de la musique du combo, plus brute, et des moments où les musiciens soulignent l’aspect viking, plus désinvolte de Legions of the North (“Fallen”). Toutefois. malgré ce bon travail, la batterie est parfois un peu répétitive. Ce matraquage récurrent a tendance à assourdir les titres ce qui casse la dynamique générale de certains morceaux, surtout quand les guitares passent au second plan (“Echoes From the Past”, “Forged in Fire”). Finalement, les choeurs ne sont pas toujours approriés dans les chansons et la complainte déchirée de Erik Grawsiö, qui les accompagne est quelquefois trop éraillée pour convaincre.

Au milieu des bons titres qui se retiennent facilement et qui donnent envie de se replonger dans l’album aussi souvent que possible, on retrouve des chansons qui ne laissent pas de grande
impression sur les auditeurs. Sans être mauvaises ou incongrues, il y aussi quelques parties qui sortent moins du lot. Malgré les efforts du chanteur et de sa longue plainte, “Tor Hjälpe” reste sans beaucoup d’effets. “Wake the Gods”, le morceau bonus qui est intégré au milieu du disque, est dispensable et semble trainer en longueur même s’il dure moins de quatre minutes.

Enfin, j’aimerais profiter de l’occasion que j’ai de chroniquer cet album pour pousser un coup de gueule une bonne fois pour toutes. Excusez-moi de profiter de cette tribune pour régler un problème plus ou moins personnel (et de blâmer injustement Månegarm qui paie pour les autres) mais la coupe est pleine ! Alors voilà: messieurs et mesdames les musiciens et artistes, où que vous soyez, il est impératif, je répète impératif, que vous arrêtiez de mettre du chant féminin dans chaque album de pagan/celtic/viking pour attirer le chaland ou augmenter le quota d’“émotions”. C’est non seulement lourd et capillotracté mais en plus ça ne sert a rien. Pour être tout a fait honnête c’est aussi un peu niais. Quand on veut faire costaud des epaules on assume jusqu’au bout, on ne rajoute pas des éléments féminins à la va-vite pour des raisons obscures. Je sais que c’est sans doute un voeu pieux mais sait-on jamais les voies du metal sont peut-être impénétrables.

C’est dit, nous pouvons retourner à Månegarm et conclure sur l’opus.

Malgré quelques titres anecdotiques, et des petites fautes de goûts par-ci, par-là, Legions of the North est un album honorable qui s’écoute avec beaucoup de plaisir. Les titres les plus réussis sont suffisamment bien composés pour retenir l’oreiller et donner envie de se plonger dans cet opus une nouvelle fois. Legions of the North est à conseiller aux amateurs du genre mais il peut aussi constituer une belle entrée en matière pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce genre de metal mais qui cherchent des titres épiques faciles d’accès. Månegarm bénéficie de l’expérience nécessaire pour forger un album viking plaisant et sans trop de longueurs. Alors n’hésitez plus. En route pour le nord, camarades !

Nola

0 Comments 19 octobre 2013
Whysy

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