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Juger le dernier album d'une institution du Metal n'est jamais aisé, surtout quand il s'agit d'un groupe aussi régulier et fidèle à sa ligne directrice que Grave Digger. Car finalement que faire ? Faut-il chroniquer ce douzième album de la bande à Chris Boltendahl comme s'il s'agissait de celui d'une jeune formation pleine d'avenir, ou alors faut-il partir dans une complexe analyse empirique détaillant les points forts et les points faibles du nouveau disque par rapport au reste de la discographie?
Comme souvent la réponse se trouve un peu entre les deux, savoir faire abstraction du passé, tout en tenant compte du parcours du groupe et de son statut quelque peu « intouchable ». En effet, difficile de reprocher un manque d'innovation à une légende qui a déjà tout inventé dans son style ou presque...

Le cas de Grave Digger, et de son douzième album Liberty Or Death est particulièrement révélateur de ce genre de situations. Cela fait quinze ans depuis la sortie de The Reaper que Chris Boltendahl a pris seul le commandement du navire et n'a plus dès lors changé son cap d'un millimètre. Grave Digger s'est construit sur un ensemble de caractéristiques à la fois simples et originales  qui ont fait tout son succès : un Heavy Metal typiquement germanique épuré de toute forme de fioriture, une voix reconnaissable en mille qui apporte une puissance démentielle à l'ensemble, et enfin des visuels uniques et des concepts prenants qui ne gâchent rien.

Pour le reste, et succès aidant, «le fossoyeur» n'a jamais eu à forcer son talent et à se réinventer pour assurer sa pérennité sur la scène aboutissant au fil des années à une routine régulière: tous les deux ans, avec la ponctualité d'un coucou irlandais, les allemands sortent un album qui se classera à coup sûr parmi les plus grands disques de l'année, sans jamais vraiment s'embêter à changer de visage. Cependant au grand bonheur des fans, la cuvée 2005 avait quelque peu troublé ce long fleuve tranquille. En effet The Last Supper, sans toutefois tout révolutionner, avait fait soufflé un vent de changement sur la forteresse inébranlable.

Alors forcément les fans comme quoi s'était pris à rêver (un peu naïvement je vous l'accorde) d'une mue très prochaine de Grave Digger. Dans mes songes les plus rocambolesques je me prenais à imaginer la légende prussienne présenter à chaque fois une nouvelle facette de son talent, repartir à chaque album dans une nouvelle direction tout en gardant ce fil connecteur qui fit sa gloire. Mais bon c'était un peu osé et ce Liberty Or Death est là pour le prouver, cet album semble nous dire :
« le groupe se dégage de toute responsabilité concernant les éventuels effets secondaires de The Last Supper, et tient à rappeler que Grave Digger restera plus qu'hier et bien moins que demain, le groupe qu'il a toujours été. »

Liberty Or Death n'est absolu pas un mauvais album, il n'est pas décevant ni peu inspiré. Il se trouve juste que je m'étais pris à espérer quelque chose que Grave Digger n'avait pas l'intention de faire. Ainsi la cuvée 2007 du «fossoyeur» reste de l'excellent Grave Digger qui apportera son lot de tubes imparables qui viendront enrichir le répertoire scénique déjà impressionnant du combo allemand. Pour le reste Liberty Or Death est exactement l'album qui se fait après vingt ans d'existence : à savoir la synthèse de toutes les tendances qui ont meublé le répertoire du groupe pendant toutes ces années.

On retrouve ainsi au gré des pistes des éléments s'inspirant directement de la période «Tunes Of War» comme «Highland Tears» ou «The Terrible One», d'autres beaucoup plus sombres et solennels qui évoqueraient plus The Grave Digger, je pense en particulier à l'orgue du titre éponyme ou à «Silent Revolution». On retrouve également le côté épuré et direct du début avec «Until The Last King Died» bref pas grand chose de neuf. Enfin «Massada», «Ocean Of Blood» ou «Forecourt To Hell» rappellent le glorieux prédécesseur. Cependant n'ayez crainte, tout ou presque dans ce disque est un bonheur pour l'oreille métallique avertie. «Forecourt To Hell» est un petit bijou, «Liberty Or Death» une merveille qui se construit sur plus de six minutes, le refrain de «Highland Tears» et le final de «Shadowland» font frissonner. «Massada» incorpore dans la musique de Digger une petite touche orientale bienvenue. Seule peut-être «Silent Revolution» déçoit, tout le reste c'est du grand Heavy Metal !

Liberty Or Death est donc un agréable florilège truffé d'excellents titres qui viennent prendre une place de choix dans la discographie très fournie de Grave Digger, mais qui repousse à plus tard l'éventuelle évolution qu'on s'était pris à espérer. Profitons de la musique quand la qualité est bonne, mais on ne m'ôtera pas de l'idée que la bande à Chris Boltendahl est décidément plus tournée vers le passé que vers l'avenir...

SMAUG...

0 Comments 21 décembre 2006
Whysy

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