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John Young, né en 1956 à Liverpool, est l'un de ces héros du rock, l'un de ces innombrables musiciens qui n'auront jamais vu leur talent récompensé à sa juste mesure. Un parmi d'autres, pourrait-t-on dire, et pourtant celui-ci est des plus attachants et sympathiques, et surtout des plus doués. Claviériste de facture classique, chanteur polyvalent et léger, et compositeur acharné de superbes développements prog, John semble avoir, enfin, trouvé le bon moment pour s'exprimer à voix haute et s'extirper du landerneau prog britannique.

A tous ceux qui se plaignent qu'internet et le téléchargement illégal ont détruit une industrie du disque moribonde, John Young pourrait expliquer ce qu'il doit à la communauté de fans qui le suivent grâce au web. A vrai dire, à moins d'être spécialiste très pointu d'Uli Jon Roth, Bonnie Tyler, Scorpions ou de l'Asia de John Wetton, difficile d'avoir entendu parler de John Young dans les années 80 et 90, et de son Band, lancé au début des années 2000. Mais ce genre de truc fonctionne par ricochets : John ayant acquis la maturité et la reconnaissance de ses pairs nécessaires à un projet comme Lifesigns, grâce sans doute à l'augmentation de ses fidèles followers, il s'entoure de pointures du prog tels Nick Beggs (Steven Wilson Band) et Frosty Beedle (Cutting Crew), ce qui lui permet d'avoir la légitimité de décrocher son téléphone et de convier Steve Hackett (Genesis) et Jakko Jakszyk (King Crimson) à participer à son nouveau projet, projet qui attire rapidement l'attention d'Esoteric Recordings, division de Cherry Red Records, écurie prog aux signatures prestigieuses (Squackett, Todd Rundgren,  Hawkwind, Barclay James Harvest, ainsi que des rééditions de Camel et Soft Machine).

Le résultat, c'est que nous avons sous les yeux et dans les oreilles le sublime album éponyme de Lifesigns. Un album rempli de belles mélodies, à la production parfaite, aux textes riches, mais qui est un peu l'anti-thèse du dernier Steven Wilson. Ne cherchez pas de génie dans Lifesigns, vous n'en trouverez pas, c'est surtout un album honnête de rock progressif à l'ancienne. Sans le moindre temps mort, les cinq morceaux qui constituent l'album s’enchaînent parfaitement, et chacun d'entre eux recèle ses petits moments de transcendance, où le groupe semble plus soudé, plus cohérent, et où la pureté mélodique se mêle à l'exécution parfaite et aux textes de John.

Ils sont trop nombreux pour être listés, et puis cet exercice n'aurait pas le moindre intérêt. Mais tout de même, ne loupez le beau solo de guitare sur Lighthouse, profond et mélancolique. Ou le refrain sublime de Telephone, ainsi que le subtil jeu de guitare acoustique de Steve Hackett au début de Fridge Full Of Stars. Même sur At The End Of The World, qui démarre pourtant comme un balade assez banale, John, d'un break de piano entremêlé de choeurs, se débrouille pou transformer ce qui paraissait un peu mou en sublime kaléidoscope sonique. Quant à Carousel, sans doute le meilleur morceau de l'album (quoique, j'hésite encore entre ce dernier et Lighthouse), tout n'est que réussite totale.

Vous voyez, j'aurais mieux fait de ne pas en faire autant mais c'était plus fort que moi, je me sens comme investi de la mission de vous faire découvrir ce groupe, cet album, et putain le refrain de Carousel, un truc de malade.Je n'ai qu'une chose à vous dire, écoutez-les ces morceaux, amis fans de prog et de belle musique, et achetez ce superbe album. C'est ce que j'ai fait, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas déboursé un centime pour un album, et je ne le regrette aucunement.

On pourra tout de même lui reprocher de ne guère s'aventurer hors de chemins déjà très balisés, 45 ans de balisage ça laisse des traces. Oui, 45 ans, l'année prochaine nous seront en 2014 et ça fera 45 ans que le premier véritable album de prog (King Crimson – In The Court Of The Crimson King) sera paru. Pourquoi continuer à faire du prog comme à cette époque, et pourquoi continuer à en écouter ? Parce que c'est bon, tout simplement, et que cette musique, dans son ensemble, ne souffre d'aucune date de péremption. Si le meilleur est sans doute derrière nous, il reste encore de grands génies qui s'y essaient avec réussite (Steven Wilson), et d'honnêtes artisans comme John Young.

0 Comments 14 mars 2013
Whysy

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