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Puisqu’on vous dit qu’il ne s’agit pas de post-rock ! Ces propos, les membres de Long Distance Calling n’ont eu cesse de le rabâcher lors d’interviews. Certes, ils n’ont pas tord, leur musique n’ayant pas grand-chose à voir avec celle pratiquée par exemple par les Canadiens de Godspeed You! Black Emperor dont les expérimentations tous azimuts semblent bien éloignés des standards du rock actuel. Notre combo allemand étant entièrement instrumental, les gens ont tôt fait de les faire entrer dans une case, et ce dans celle un peu fourre-tout du post-rock. Il serait donc un peu réducteur de les enfermer dans ce style qui ne veut plus dire grand-chose aujourd’hui.

En réalité, nous avons ici affaire à du rock instrumental. Et d’un rock instrumental bien couillu, je dois l’avouer, penchant parfois du côté obscur de la force, à savoir le metal, même si ce dernier se révèle bien moins présent que sur « Avoid the Light », album précédent sorti en 2009. A l’instar de son prédécesseur, l’album éponyme de Long Distance Calling tisse ses mélodies jusqu’à plus soif. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’on en redemande. Il faut dire que ces mélodies sibyllines, répétées à l’envie à la guitare électrique ont tôt fait de s’imprimer dans nos cerveaux. On l’aura compris, la six cordes est mise à l’honneur et volerait presque la vedette aux autres instruments, à l’image de la basse et de la batterie, ces derniers étant quelque peu en retrait par rapport aux guitares. Et ne parlons pas du chant, puisqu’il n’y a pas de chanteur officiel… Toutefois, le groupe a la particularité d’inviter sur une piste de chacun de leur album un chanteur, ce qui est, à mon avis, une bonne chose car cassant de ce fait la routine imposée par les titres instrumentaux. Et donc après Peter Dolving (The Haunted) sur l'album « Satellite Bay », Jonas Renkse (Katatonia) sur l'album « Avoid the Light », c’est au tour du leader d’Armored Saint et ex-Anthrax, John Bush, de pousser la chansonnette sur le titre Middleville. A l’instar de Jonas Renkse qui instillait dans The Nearing Grave la mélancolie inséparable de l’univers de Katatonia, John Bush apporte quant à lui la puissance de son chant pour le greffer sans problème aucun aux parties instrumentales, notamment à ces notes jouées à la guitare électrique qui durent et qui apportent une tonalité toute particulière à l’ensemble.

Mais le chant, ça ne représente peut-être qu’un septième de l’album. Il ne faudrait pas s’éloigner de l’essence même de la musique délivrée par le quintette. Car même si les mélodies s’avèrent fréquemment utilisées dans un seul et même titre, elles sont assez originales et différentes d’un morceau à un autre pour nous appâter. Pas de technicité à outrance, les guitaristes maîtrisent certes leur sujet sans en faire des tonnes. La simplicité avant tout. L’émotion avant tout ! Et elle est belle et bien là à l’écoute de morceaux tels Invisible Giants et ses riffs inspirés ou encore l’excellente Arecibo, le morceau le plus orienté metal qui n’est certes pas des plus original mais qui envoie la purée comme il faut (cf. le riff catchy bien placé sur le final). Et pour adoucir les mœurs, rien de tel qu’un Beyond the Void. Ce dernier commence très tranquillement et pose ses bases tout au long des onze minutes. Planant et aérien, deux termes qui conviennent pour qualifier ce morceau. Quelques notes parcimonieuses à la guitare, une petite touche d’électro et vous avez là l’une des plus belles entrées en matière de l’album. La suite, on la connaît, c’est guitares à foison au son heavy ainsi que quelques solos exécutés de-ci delà.

Si Long Distance Calling réussit là où d’autres ont échoué, c’est grâce à l’adéquation parfaite entre mélodies douces, passages atmosphériques et riffs heavy pêchus. Un cocktail réussi que nos Allemands semblent avoir adopter, et avec un certain brio.

Comme ses prédécesseurs, l’album est doté d’un son impeccable (l’album a d’ailleurs été enregistré par Benjamin Schäfer (Celtic Frost, Subway to Sally) et devrait plaire tout autant aux aficionados du rock qu’aux metalheads. Et preuve d’une notoriété sans cesse grandissante, le groupe entame très prochainement une tournée européenne. Non pas en assurant la première partie de groupes renommés – tels Opeth, Katatonia ou encore Anathema – comme il a pu le faire dans le passé, mais en occupant la tête d’affiche, cette fois. L’occasion peut-être de profiter plus longuement d’une prestation qui devrait très certainement s’avérer riche en émotions...

8/10.

0 Comments 14 février 2011
Whysy

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