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Retour en 2006, où une brise venue du Nord a soufflé sur le monde du metal symphonique : le groupe créé par Martijn Westerholt, ancien claviériste, et frère du fondateur de Within Temptation sortait enfin, après quatre ans d’existence, son premier album : Lucidity.
Depuis, le groupe a fait du chemin, le troisième album est sur les rails, et tourne en Europe en ce printemps 2011. C’est l’occasion de se replonger un peu dans l’événement qui a fait décoller la formation néerlandaise.

Le premier fait marquant, c’est la quantité et la qualité des invités : ils sont ainsi présents sur tous les titres de l’album. En effet, à l’époque, groupe était un bien grand mot puisque seuls Martijn et Charlotte Wessels se cachaient derrière l’appelation de Delain. On retrouve donc parmi ces invités des musiciens (Guus Eikens d’Orphanage, Ad Sluitjers anciennement d’Epica et Jan Yrlund de Lacrimosa à la guitare, Ariën van Wessenbeek de God Dethroned à la batterie, et Marco Hietala, qu’on ne présente plus, à la basse) mais aussi vocalistes (Marco d’abord, évidemment, mais aussi Liv Kristine, Sharon den Adel et George Oosterhoek d’Orphanage pour les growls).

Laissons maintenant se reposer le navigateur pour l’affichage d’autant de caractères gras.

Bien.

Avec tous ces grands noms, on pouvait s’attendre à un album de très bonne qualité. Brisons le suspense (de toute façon, qui dans la salle ne l’a pas encore écouté ?), c’est le cas. La musique est à la fois sombre et légère, mystérieuse, mélange les influences, les voix et les rythmes pendant cinquante minutes, trop courtes. Alors oui, on peut reprocher le trop grand nombre d’invités. Mais comment résister à un album où on peut entendre des duos Liv Kristine / Marco Hietala ou Sharon / Marco ?

La formation nous sert un metal symphonique assez classique, assorti de nappes de claviers utilisées plutôt pour donner une ambiance que pour construire la mélodie. C’est le cas par exemple sur la piste d’introduction, Sever : la voix de Charlotte et les guitares suffisent à fabriquer une chanson, et le clavier se pose en supplément pour donner une note plus impressionante à l’ensemble. Ce morceau est également la première intervention vocale de Marco, dont le timbre contraste à merveille celui de la jeune femme.

On trouve aussi des morceaux qui se détachent nettement de l’ensemble : the Gathering par exemple, un hymne taillé pour faire jumper les foules en live sur un ton clairement plus optimiste que le reste de l’album, ou encore Sleepwalker’s Dream qui nous fait pleinement profiter de la jolie voix de la belle rousse. En effet, même si on ressent qu’elle n’a pas vraiment de coffre, on entend sur le refrain de ce morceau qu’elle est capable de montées à couper le souffle. Enfin Daylight Lucidity offre une jolie montée en puissance jusqu’à l’intervention de Marco Hietala, suivie de chœurs inquiétants.

Sleepwalker’s Dream est par ailleurs l’une des trois seules pistes où aucun autre vocaliste n’intervient avec Frozen et Shattered. Si la première n’est pas transcendante, avec des lignes de chant assez répétitive, quelques effets presque electro sur la voix de Charlotte et une batterie très en retrait (certainement les raisons qui ont poussé Delain à en faire le premier single de l’album), Shattered tire son épingle du jeu avec un début en fanfare, un rythme plus entraînant, des lignes de chant plus intéressantes, un clavier plus intense et un rythme plus soutenu.

On trouve aussi des pistes clairement plus heavy, Silhouette of a Dancer en est le parfait exemple : rythmes lourds, riffs bien sales comme on les aime, et quelques growls qui, s’ils sont sous mixés, n’en sont pas moins bien sentis, et bien placés et parfaitement maîtrisés. On retrouve d’ailleurs ces mêmes growls sur Pristine où le contraste voix angélique / voix démoniaque est volontairement appuyé : ambiance pesante, inquiétante (même un peu de double pédale !) sur les parties de George, et victorieuse sur les parties de Charlotte, renforcée de quelques chœurs éthérés.

Restent les trois morceaux les plus atypiques de l’album : See me in Shadow, No Compliance, et Day for Ghosts. La première est une ballade, et les deux autres présentent la spécificité de n’être chantés que par les invités.
See me in Shadow est un joli duo Liv Kristine / Charlotte, à base de piano (à la fois pour la mélodie et pour les ambiances) et d’une très discrète batterie, la principale qualité de la ballade étant évidemment le chant : les lignes mélancoliques des vocalistes s’entremêlent, et les poils se hérissent sur l’intervention de violon. L'émotion est bel et bien présente sur ce titre.

Enfin No Compliance et Day for Ghosts se font remarquer non seulement par le lead, mais aussi par la composition, qui font intervenir des éléments moins présents sur le reste de l’album. Ainsi Day for Ghosts offre des chœurs très Leaves’ Eyes-iens et une batterie très rapide, soutenus par un Marco plus agressif que jamais (ce que ne laissait pas deviner l’intro rapide mais douce du morceau).
No compliance a l’avantage de faire renouer Sharon avec une voix qu’elle n’utilise plus pour Within Temptation ; le morceau est pourtant moins remarquable que d’autres sur ce très bon Lucidity, et sans les voix de Sharon et de Marco, il est probable qu’on n’y prêterait même pas attention, malgré un très joli refrain presque atmosphérique.

Quel bilan donner alors à cet album ? En termes d’originalité, Delain ne frappe quand même pas très fort tant on se sent à l’aise dès les premières écoutes, la seule surprise qu’on attend étant celle de la voix qui se pointera sur le morceau suivant. Pourtant, la magie opère, l’opus s’écoute sans ennuyer, et offre suffisamment de diversité, de puissance et de bons titres pour contenter l’auditeur.

LA question soulevée par Delain ensuite était la suivante : et sans les guests, ça donne quoi ? La réponse est trouvable ici pour Heavylaw.

0 Comments 20 mai 2011
Whysy

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