Vous recherchez quelque chose ?

Les projets annexes ne valent le coup que si les artistes parviennent à s’extraire fondamentalement de leur son originel, de la patte de leur formation, de l’univers créatif auquel ils sont accoutumés. C’est la raison pour laquelle KK DOWNING n’a jamais fait d’album solo, il estimait, mais cela peut changer depuis son éviction/départ du Priest, que les compositions qu’il délivrait pour la légende du métal britannique l’incarnait fidèlement et qu‘il aurait été superflu de tenter une aventure individuelle.  L’album solo ne se justifie que par son ambition de différenciation, son potentiel de démarcation, son envie de singularité. C’est le moyen d’entreprendre des collaborations stimulantes, d’ouvrir et  d’élargir ses sphères de composition; c’est donc souvent un album attendu avec curiosité par les fans du groupe qui voient là un moyen original de mieux appréhender la versatilité d’un artiste. Cependant la recherche de repères, de sonorités familières est bien légitime chez l’auditeur et comment se dépêtrer d’un tel dilemme?.. Faire concilier l’expérimentation individuelle et les attentes inconscientes et préconçues des amateurs?

En prenant un chroniqueur totalement étranger aux efforts antérieurs dudit artiste. Aujourd’hui, amis lecteurs, je vous invite à vous pencher sur la première expérience solo de Yossi Sassi, guitariste phare du groupe de death israelien Orphaned Land, qui publie son premier recueil personnel sous le titre de Melting Clocks.

Yossi Sassi est un musicien émérite qui déploie des influences orientalisantes(ah ce Numbers World) et folkloriques pour  un jeu hétérodoxe et riche en variations à l’instar d’un Jose del Rio. La perspective de le retrouver dans d’autres schémas créatifs que le death est pour ma part très séduisante car la richesse et la diversité  semble caractériser son approche mélodique. Majoritairement instrumental, ce projet est en effet un voyage qui diversifie encore la gamme d’un guitariste protéiforme à l’identité forte. Melting Clocks invite l’amateur métallique à élargir ses horizons pour des atmosphères lancinante, hypnotique (Field Of Sunrise), mélancolique ou tortueuse  (Drive). Le chant et son léger accent très agréable colore encore cette expérience discographique d’une certaine singularité  à l’heure des chants scandinaves à l’anglais aussi impeccables qu’impersonnels.

Oui Melting Clocks apparaît comme un album sincère et vivifiant, il dénote grandement de son groupe d’origine même si Orphaned Land ne semnle pas avare en incursion acoustique et sonorités folk. La richesse des instruments présentés comme le piano (sur le magnifique Field Of Sunrise), guitares et instruments traditionnels (Saz, Bouzouki, Oud, Chumbush) est complétée par la pertinence des musiciens invités avec notamment Marty Friedman (ex Megadeath sur The Routine.
On aurait peut être aimé plus d’audace, d’instruments et d’orchestrations moyen orientales (comme sur Sunset mon titre préféré avec Drive), un peu à l’image du brillantissime Emir Hot, qui a su capter l’essence de la musique rurale traditionnelle balkanique sans oublier la puissance du métal. L’écriture intelligente des titres divaguent un peu trop sans accrocher réellement comme si la portée atmosphérique avait été privilégiée par l’artiste a laissé libre son inspiration sans vouloir organiser sa création.

Les paroles aussi n’ont pas l’ambition d’un Mabool même si le projet présente une approche conceptuelle sur le temps, sa linéarité routinière et les possibilités de s’en affranchir. Les bifurcations dans les chemins préétablis rappellent la liberté de l’homme, maître de ses choix si il parvient à dépasser le cadre envahissant des impératifs matériels, des diverses responsabilités ou de la banalité du quotidien. L’aliénation du travail dans un monde capitaliste est assez bien retranscrite par le titre Another day in Office où le temps consacré à augmenter le profit exogène à sa personne est antagoniste aux intérêts réels du travailleur, puisque ses profits générés par lui, lui sont repris, pour finalement se retourner contre lui.

Album kaléidoscope ou caméléon qui mêle Hard rock, airs traditionnels et diverses expérimentations, Melting Clocks  est à la fois vivifiant et superflu à l’instar du titre éponyme Melting clocks comme si cette palette langoureuse finale qui fait très musique préenregistré de claviers antérieurs à 1991 était définitivement hors contexte. Unique en son genre Melting Clocks est peut être trop particulier, ambiancé et digressif pour être une totale réussite.

0 Comments 03 mai 2012
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus