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Memorial marque le retour de Moonspell sur le devant de la scène Metal, le groupe portugais n’ayant plus guère donné signe de vie depuis la sortie du très bon The Antidote en 2003. Et après une période d’errements stylistiques ayant assez déboussolé les fans, cet album marque, comme son titre l’indique, un retour au premier style du groupe, celui qu’il pratiquait au milieu des années 90. Memorial crée donc la surprise, les fans ayant découvert le groupe à partir de leur album de référence (Sin/Pecado, paru en 1998) risquant même d’avoir un gros choc à la première écoute !!
Au sein d’une récente interview, Fernando Ribiero avait confié vouloir revenir à un black / gothic Metal inspiré par les groupes du début des années 90 et notamment l’écurie Century Media (les premiers opus de Tiamat ou Samael). Et il me paraît essentiel d’insister sur ce point, car on ressentira à plusieurs reprises et de façon plus que flagrante ces influences tout au long du disque.

Cet album possède un aspect bien plus noir et plus violent à la fois, mais toujours envoûtant et bien construit. L’univers du groupe est toujours feutré, étrange, malsain par moments, mais revêt avec cet album des apparats pas si éloignés du black symphonique, avec un petit côté bande originale de film d’horreur. A souligner aussi que le chant clair n’a jamais été aussi peu utilisé, n’apparaissant que très ponctuellement, ce qui est regrettable, le timbre si particulier de Fernando ayant beaucoup contribué à donner une identité unique au groupe.

L’album débute avec une introduction sombre et bien construite évoquant davantage les débuts du groupe avec son son de synthétiseur aussi clair et limpide qu’inquiétant. « In memoriam » voit apparaître une guitare lourde, une ambiance déjà très oppressante… La pression monte, mais à la surprise de l’auditeur, une note de batterie et tout se fige.. avant que ne commence « Finisterra », titre visiblement d’inspiration plus Black metal que sur les précédents opus. Le travail sur la production est bon, mais le chant death, bien que toujours puissant, paraît moins convaincant que sur l’album précédent. Le jeu de batterie est également plus typé black. Le morceau, desservi par un riff d’entrée très efficace, est donc vraiment très bon, quoique brutal pour du Moonspell. Le groupe, comme il l’avait promis, reprend donc la route des origines, pour mettre un terme à la période des errements expérimentaux poussifs du controversé « Butterfly effect » (album que personnellement, je n’aime pas du tout). Car même si Moonspell est un groupe reconnu et apprécié pour ne jamais proposer deux fois le même album et chercher toujours à repousser les limites du Metal gothique, ses trop grandes expérimentations lui ont tout de même fait perdre quelques fans en cours de route…

Tantôt je vous citais quelques influences ; par exemple, tout au long de « Memento mori », on ressent une influence très Samaellienne (je pense notamment au morceau « Jupiterian Vibe » pour les guitares). De même, l’instrumental de transition « Sons of earth » (nom de l’un des morceaux les plus emblématiques de Samael) possède des arpèges de guitare rappelant de façon terriblement flagrante (mais en plus triste et inquiétant) la mythique ballade « Do you dream of me » de Tiamat. Et enfin sur « Upon the blood of men », l’introduction avec les chœurs m’évoque une nouvelle fois Samael, même le son de guitare et l’ambiance générale n’ont rien à voir. Mais personnellement, ces influences ou clins d’œil ne m’ont pas paru trop envahissants, car bien exploités.


Le morceau « Sanguine » replonge dans un univers vampirique qui n’avait plus été réellement exploré par le groupe depuis ses débuts. Ce titre, l’un des plus surprenants et symphonique de l’album, contient une voix féminine inquiétante, chose que l’on n’avait plus entendu depuis Wolfheart, où la présence d’une voix féminine, principe très novateur pour l’époque, avait déjà créé la surprise. Il s’agit d’ailleurs de la même personne, qui est en réalité le professeur de chant de Fernando !! « Luna s’avère déjà comme l’un des titres les plus prenants, à l’instar d’un « Magdalen » (sur Sin/Pecado). Le chant se fait feutré, comme il ne l’est plus beaucoup sur l’album contrairement aux précédents, et la voix féminine passe très bien !! Quand ils chantent en duo, on obtient le moment le plus émotionnel du CD.

Je citerais également deux morceaux emblématiques du style de l’album, « Proliferation et sa montée en puissance orchestrale inquiétante, et « Once it was ours ! », qui surprend même par un aspect très bande originale. Une chanson belle, majestueuse tout en restant dans des couleurs particulièrement sombres ! Ce morceau offre nombres changements de rythmes, une batterie qui martèle et un petit côté malsain, occulte lors des parties narrées soulignées par les chœurs fantomatiques. Toujours dans cet esprit de B.O., « Mare nostrum » permet un léger apaisement par l’exploitation d’un aspect plus folklorique. Un souffle de vent…et la basse qui prend une ampleur inaccoutumée mais très bienvenue. Cette jolie transition offre un peu de mélancolie...

En bref, Memorial s’avère donc constituer une vraie surprise. Plus black, plus symphonique, voici un album plus varié et original que ses deux prédécesseurs et qui devrait aisément convaincre ceux qui auraient pu lâcher le groupe portugais en cours de route. Du très bon donc, à recommander aux amateurs du genre !

Gounouman

0 Comments 01 juin 2006
Whysy

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