Vous recherchez quelque chose ?

Imaginez que vous ayez le pouvoir d’arrêter le temps. Ou plutôt, d’en ralentir la course effrénée. Cet état que vous pensez parfois atteindre lorsque, légèrement imbibé, vous scrutez l’horizon avec la certitude de maîtriser parfaitement ce qui vous entoure (alors que c’est tout l’inverse la plupart du temps). L’instant d’après un verre qui se renverse, qui se brise, un cri, vous sortent brusquement de vos rêveries et vous ramènent dans votre univers habituel, dont vous êtes depuis si longtemps prisonnier. Cela ne dure généralement qu’un court moment, comme une chimère, mais il semblerait pendant ces quelques secondes empruntées à l’inéluctable que rien d’autre n’avait d’importance que vos sens et l’effet qu’ils produisaient sur vous.

C’est cet instant, qui remet même la pesanteur en cause qui est le fondement de l’album dont je vais vous vanter les mérites aujourd’hui. Metafiction représente à ce jour l’état le plus avancé de la carrière de VoTuM, groupe polonais de rock progressif. Fondé en 2003, le combo a su se faire remarquer avec Time Must Have A Stop en 2008, première réalisation prometteuse. Un an plus tard, naissait le présent disque, qui va occuper notre attention.

Même les moins avisés d’entre vous l’auront remarqué, il s’agit ici de musique atmosphérique. Pour les autres, vous avez un aperçu des effets qu’elle produit au premier paragraphe… Alors on diminue légèrement les lumières, pour laisser place à quelque chose de plus obscur et intime, bercé par la douce chaleur d’une soirée de printemps ou d’été.
Falling Dream, première piste proposée se chargera de vous faire entrer dans la quatrième dimension, dans laquelle nous allons désormais pouvoir modifier la courbe du temps. Peu de choses sont en fait requises pour cela: quelques arpèges de guitare, des notes de piano, une batterie profonde et surtout la voix irréfutablement grave et chaude de Maciek Kosiński. Le tout agrémenté de quelques chorus et delays, donnant encore du relief à l’ensemble. Cette simplicité et cette beauté harmonique vont en fait représenter la grande majorité de Metafiction. A tel point qu’il serait dérisoire de présenter les pistes dans leur totalité.

Mais là où VoTuM se démarque de ces nombreuses formations au final soporifiques, c’est qu’en puisant dans ses origines plus Metal, le groupe arrive à relancer la tension et l’attention de l’auditeur. Les titres Stranger Than Fiction avec ses growls et Glassy Essence correspondent ainsi à cette fameuse chute que j’évoquais plus haut, l’instant terrible de la descente où vos yeux s’ouvrent grand et où l’aiguille de votre montre se remet à tourner. On trouve donc des envolées sur fond de grosses distorsions et de chants plus énergiques, qui marqueront même la fin des 45 minutes de musique.

Trois quarts d’heure que l’on ne voit donc pas passer. Car dans cet opus, aucune partie n’est à jeter ou à un mauvais endroit. Le titre Faces marquera pour moi le moment clé de l’écoute dont il est au milieu. Il est en fait l’aboutissement de tout le travail préalable, mais je compte ici sur les notes plus que sur les mots pour vous convaincre.

Je crois d’ailleurs qu’épiloguer ne serait désormais plus qu’un plaisir personnel pour moi, consistant à décrire un album que l’on apprécie écouter une seule ou une vingtaine de fois. De par ses jeux sur les ambiances, les mélodies et sa teinte obscure, Metafiction est assurément une pièce majeure à posséder pour toute personne qui prétendrait affectionner la musique atmosphérique. Si ce n’est pas le cas, courrez, au ralenti pour rester dans l’ambiance, mais courez chez votre disquaire vous procurer ce petit bijou que vous ne regretterez pas. Le seul regret qu’on pourrait en fait lui adresser est sa courte durée ou encore le fait de ne pas se déclencher dans nôtre tête lors de nos fameux séjours dans la quatrième dimension !

0 Comments 04 mai 2011
Whysy

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