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En un seul album, Opeth a déjà prouvé beaucoup de choses, entre autres son talent de composition et son sens presque inné de la mélodie, mais le chemin apparaît encore long pour s’installer durablement sur la scène métal. Orchid, ovni musical entre death mélodique, influences black et inspirations plus atmosphériques, a déjà fait son petit effet en 1995, et c’est un an plus tard que les suédois entreprennent de lui assurer une descendance, et qu’ils nommeront sobrement Morningrise.

Sobriété, voire même minimalisme, étaient les maîtres mots lorsqu’il s’agissait de décrire la pochette de Orchid. Avec Morningrise, la recherche esthétique est plus d’actualité, la cover nous dévoile une photographie à la fois captivante et oppressante, comme figée dans le temps et dans l’eau stagnante du lac. Le noir et le blanc contrastent, et contribuent déjà à l’atmosphère lourde de la musique du groupe. Autre indication de taille, l’album contient seulement 5 titres pour plus d’une heure de musique.

Avec toutes les chansons qui dépassent les 10 minutes (dont Black Rose Immortal qui dépasse elle 20 minutes), Opeth ne joue pas la facilité et la lisibilité de sa musique de manière générale, Morningrise comme son prédécesseur d’ailleurs demande une attention toute particulière et une multiplicité d’écoutes pour distinguer tous les contours, tous les versants de l’album. Ici réside probablement la première faiblesse de l’album, à savoir cette opacité pour les non initiés. La seconde faiblesse de l’album vient du son : sur Orchid, le son sans être transcendant, assurait une écoute de qualité et permettait de saisir sans avoir à tendre l’oreille les subtilités qui fourmillent dans tous les coins et recoins de la musique. Sur Morningrise, le constat est moins bon, surtout sur les parties métal. En effet, le son devient brouillon dès que la distorsion se met à l’œuvre, les riffs perdent considérablement en puissance et en profondeur, le vocal lui aussi en souffre.

Mais comme un contre-pied habile, dont Opeth a le secret, ce sont les parties acoustiques qui sont à l’honneur sur Morningrise. On en avait déjà eu quelques exemples probants sur Orchid, mais les suédois passent à la vitesse supérieure. Les alternances, l’essence même de leur musique, se font plus fréquentes et plus profondes, accompagnées du vocal clair qui devient lui aussi plus saisissant. La guitare acoustique prend donc toute sa dimension, éclairant les titres les uns après les autres de sa tristesse et de sa mélancolie. Le plus bel exemple que l’on puisse trouver pour illustrer cela se trouve sur Black Rose Immortal, chanson pivot de l’album : l’interlude acoustique au milieu du titre est réellement magique, totalement hors du temps et de l’espace.

Mais globalement, c’est l’ensemble de Morningrise qui fait honneur à l’acoustique, finesse qui fait un contre poids idéal aux riffs venimeux, toujours gorgés de ces mélodies d’une richesse incroyable. Les ambiances, plus travaillées, nous entraînent plus facilement dans l’univers si particulier et si esthétique des suédois : par rapport à Orchid, on se sent plus bercé par la musique, les atmosphères deviennent plus sombres, plus oppressantes, répondant parfaitement à la symbolique de la cover (The Night And The Silent Water est un modèle du genre).

Un album qui fait au final preuve d’une plus grande maturité par rapport à son prédécesseur, Orchid. Les temps morts sont quasiment inexistants, et ce malgré le format long des morceaux, les compositions sont mieux équilibrées entre acoustique et électrique, les ambiances de manière générale sont plus prenantes, oppressantes, et nous aspirent véritablement dans le monde des suédois. Certains faiblesses restent cependant d’actualité, comme le son qui se dégrade sur les parties métal, les parties vocales encore mal mises en valeur et la longueur des morceaux, leur complexité qui peut dissuader certains d’aller au bout de l’aventure. Mais voilà, malgré cela, Morningrise fait encore étalage du talent immense de Opeth, tant au niveau de la technique qu’au niveau de la composition. Les parties acoustiques mises en valeur sur cet album nous permettent d’entrevoir un autre aspect du prisme musical édifié par les suédois. Une nouvelle étape est franchie, l’aube se lève sur la carrière de Opeth.

0 Comments 20 mai 2006
Whysy

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