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Un paysage standardisé de banlieue américaine, un logo en forme d’enseigne d’hôtel de seconde ou troisième zone, des chemises à carreaux et des moustaches…. Vous en conviendrez facilement, amis lecteurs, une pochette, ça en dit des choses sur le groupe qu’elle présente.. Ici, vous ne pouvez pas vous trompez, Mustasch est un groupe de stoner !! Bienvenue dans l’univers tarantinesque des Suédois récemment signés chez Nuclear Blast pour leur cinquième album. Cette formation est déjà bien en vue au sein d’une scène qui prend de l’ampleur depuis la fin des 1990 avec les Kyuss, QOTSA et autre Fu Manchu. Espoir suédois confirmé, Mustasch a décroché la timbale avec son précédent album Latest Version of The Truth qui lui a valu la remise d’un award suédois du groupe métal de 2008. Mais ce succès n’a pas empêché le départ de deux de ses membres (le guitariste Hannes Hansson et le batteur Mats Hansson) et le groupe entame véritablement un nouveau chapitre de son histoire avec cet album éponyme.  Un son gras et brouillon accueille l’auditeur alors que la voix éraillée de Ralf Gyllenhammar, proche de celle de Metallica égraine des paroles sur un ton vindicatif (Mine). Ce son brut caractérise une scène stoner connue pour son authenticité en réaction au surenchère stérile des productions aussi artificielles que froides d’autres univers musicaux. Les guitares laissent penser à un Pantera (Heresy Blasphemy) et plus généralement une atmosphère Hard Rock sudiste se développe insidieusement au fil des titres bien complétée par une basse groovy à souhait. La tonalité mélodique éructe des solis gras et bien trouvés dans des atmosphères massives et lancinantes (Lonely, Damn it’s dark). Mustasch se rattache ainsi complètement aux formations d’outre Atlantique. Leur son est tellement américain qu’une célèbre distillerie de bourbon américain chère au monde de M. Fred a sorti quatre barils en édition limitée aux goûts des quatre membres !! Si c’est pas être plus américain que les américains, ça, je ne sais pas ce que c’est !!  Le disque n’est cependant pas avare de variations d’ambiances, de samples (chargement de pistolet et cloche sur Heresy Blasphemy, grognement de chien sur Mine, conversation téléphonique en break sur I’m A man…) ou de format de chanson. La ballade I’m frustrated, digne des méga tubes calibrés du Hard Rock Us (Staind, Creed ou surtout Nickelback) révèle le visage le plus lisse, le plus glabre de Mustasch. Le chanteur met en exergue ce genre de titre comme l’une des nombreuses pistes de changement de ce nouvel album, mais je en suis pas sûr que ce genre de morceaux impersonnels servent la cause des poilus. Cette orientation nouvelle pour élargir l’audience des pileux fut fortement débattue d’après leur site qui révèle la volonté de s’ouvrir à des sonorités consensuelles (violon sirupeux ou un titre quasi dance dans son introduction: Deeps in the Woods) et d’accroître encore l’influence du groupe. La signature avec un gros label groupophage fait sûrement partie de cette démarche. Attention je ne voudrais pas laisser sous entendre que le groupe s’est vendu mais il a développé des aspects différents de sa personnalité et ces expérimentations sont loin d’être élitistes.  L’une de ces expérimentations est toutefois intéressante : Désolate est un titre très moyen sauvé par son interlude instrumental traditionnel de Kalle Moraeus. Cette digression surprenante associée à la mini introduction orchestrale de Tritonus, reprise en ultime piste pour un titre lent et inquiétant, Tritonus, (vous avez suivis ? :p) est une tentative bien plus réussie de diversification musicale. Un son quasi doom se dégage de cette fin d’album (narration théâtrale : on dirait Candlemass !! Attention ces orchestrations n’ont pas l'amplitude d’un Nightwish mais la profondeur dégagée par ces passages encourage le groupe à explorer davantage cette voie sur ses albums futurs.  Mustasch présente un album varié mais très inégal, riche en expérimentations. Le disque révèle la personnalité complexe de ses auteurs même s’il se disperse quelques peu dans ses innovations intéressantes. L’identité stoner est pour cet album éponyme un peu en retrait, ses membres ont peut être voulu trop bien faire pour une musique que l’on veut « simplement » carrée, claire et puissante.

0 Comments 30 novembre 2009
Whysy

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