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La vie d’un individu est faite de rencontres. Professionnelles, amicales, amoureuses, elles façonnent et guident notre avenir. C’est lors de l’anniversaire d’une des membres du site (The Inner Circle pour ne pas la citer) qu’une infime partie du mien fût chamboulé. En effet, si lors de cette soirée je n’avais pas rencontré un des membres de Arkeronn, vous ne seriez pas en train de lire ces lignes mais peut-être une chronique de Cannibal Corpse ou encore une concernant le dernier album de Lorie, qui sait… Mais chanceux que vous êtes, cette rencontre a eu lieu. Et c’est donc grâce à une passion commune, la musique (et non l’alcool comme on aurait pu croire), que nous avons commencé à discuter…

Alexandre Pachabezian, tel est son nom, est claviériste au sein de Arkeronn. La formation officie dans un métal progressif très mélodique parsemé de passages heavy et power. Ayant fait la première partie de groupes reconnus tels que Adagio ou encore Evergrey, Arkeronn possède donc la notoriété suffisante pour percer dans le milieu musical au niveau régional mais, pourquoi pas, également national. La notoriété est une chose mais le potentiel en est une autre. Reste à savoir si celui-ci est assez grand pour rendre légitime cette notoriété florissante.

Handicapé, pendant une longue période, par de fréquents changements de line-up, Arkeronn arrive grâce à sa ténacité et à sa volonté à sortir leur premier album « My World ». Cette autoproduction couronne tout le travail du groupe. Autoproduit, certes, mais, contrairement à ce que l’on pourrait le croire, d’une épatante qualité sonore. En effet, à part la voix qui est dans l’ensemble légèrement sous mixée, la facilité avec laquelle on parvient à distinguer chaque instrument est fascinante. Aucun effet brouillon n’est donc à déplorer alors que la crainte d’une production confuse aurait pu être justifiée pour un premier album et, de surcroît, une autoproduction. Mais rien de cela, et heureusement car chaque instrument de Arkeronn est mis en avant et possède son quart d’heure de gloire.

Effectivement, chacun d’entre eux apporte sa mélodie, son feeling et sa virtuosité. Lorsque leur technique respective se mélange, la mélodie laisse place à des breaks instrumentaux d’un exquis rarement atteint. Arkeronn propose une telle diversité, une telle variété dans ses solos qu’on les attend, sur chaque composition, comme des enfants qui attendent leurs cadeaux de Noël. Souvent à tiroirs, ils mêlent dialogue guitare/clavier (power à la Sonata Arctica) et breaks saccadés et jazzy (prog à la Dream Theater). Des compositions telles que « Mankind’s Darkside », « The Fights of Spirits », « Heart of Angel » ou encore « The Travel » sont sublimées par les parties instrumentales qui sont assurément le point fort de cette jeune formation française.

Le choix des groupes avec lesquels ont joué Arkeronn n’est peut-être pas anodin. En effet, on retrouve un peu de ces têtes d’affiches, citées plus haut, dans les parties hors instrumentales des compositions. L’ambiance créée par les abondantes nappes de claviers et les différentes rythmiques sont un peu empruntées à Evergrey, et on retrouve une influence venant d’Adagio dans les différentes lignes vocales. A côté de ça, certaines parties mélodiques peuvent faire penser à Vision Divine et plusieurs riffs guitares (« My World »…) rappellent Symphony X (l’introduction ressemble par bien des aspects à « Oculus Ex Infini »). En fusionnant le tout avec les parties instrumentales, le groupe pourrait être comparé au groupe norvégien Circus Maximus. Mais rentrons un peu plus en détail dans tout ce melting pot d’influences.

La musique d’Arkeronn, bien que majoritairement prog, mise sur un côté mélodique très prononcé. Cet aspect est généralement mis en avant par le clavier omniprésent. Discret mais toujours présent, il se révèle être une véritable force par sa variété sonore. De façon synthétique, electro (« The Travel », « Find My Way »), ou plus classique avec un son piano (« The Fights of Spirit », « Stay Away »), le clavier opère de véritables mélopées prenantes et enivrantes. Il participe également aux rythmiques percutantes des morceaux. Elles apportent une réelle puissance aux compositions et même si elles sont globalement toutes percutantes, celles réalisées par la batterie et la basse restent les plus mémorables (« Mankind’s Darkside », « Find My Way »…). En plus des rythmiques, la batterie propose un panel de percussion très intéressant de par son utilisation accrue (par rapport à d’autres groupes) des cymbales (« Find My Way », « Heroes From The Past »…). Les guitares participent aux mélodies grâce à leur jeu plein de feeling.

Vous vous demandez sûrement, depuis le début la chronique, à quel moment ça va coincer. En effet, vu les éloges que j’ai faites du groupe pour l’instant (et elles sont tout à fait justifiées), comment se fait-il que la note mise ne soit pas plus haute de un, deux voire trois points. Et bien, c’est maintenant que le problème se pose. Je serais beaucoup plus dur concernant les parties vocales.
Le manque de justesse assez fréquent (« My World », « Nothing’s For Granted », « Reach the Top »…), le manque de personnalité assez flagrant, le manque de puissance irritant et le fait qu’elle soit trop souvent sous mixée et cachée par les instruments, fait de la voix le gros point négatif de l’album. Et c’est fort dommage puisque même si les refrains sont dans l’ensemble travaillés (« My World », « Heart of Angel »), ils perdent toutes émotions avec la voix. Le plus frappant étant la ballade « Stay Away », pourtant bien écrite avec son côté crescendo, dont les lignes vocales annihilent toutes sensations. Dans l’ensemble ce n’est tout de même pas catastrophique mais je reste persuadé que Fabien ne devrait pas être un chanteur « à temps plein ».

A côté de ce gros point noir, d’autres petits désagréments sont à déplorer tel que le côté dispensable de la composition « Reach the Top », et la tout aussi dispensable introduction « Open Your… » (même si la mélodie piano reste très belle). Bien qu’arrangée de façon intéressante (intégration de solos et de passages prog), la cover de Bon Jovi« It’s My Life » peine à convaincre à cause du manque de puissance des guitares et du chanteur : Cette chanson reste du hard rock et la changer en version prog est peu percutant. Ces quelques points négatifs sont quand même, en partie, compensés par certains brins d’originalité qui surprennent et charment nos oreilles : le début à la Danny Elfman de « Nothing’s For Granted » et la petite ouverture au violon de « Heroes From The Past ».  Au final, le seul « hic » que l’on retient est la faiblesse du chanteur.

C’est donc en toute légitimité que je conclus en disant que Arkeronn possède un potentiel énorme, une qualité technique hors norme et un feeling exceptionnel mais qui devra être complété par un véritable chanteur pour toucher les étoiles. Et je vous assure que si une pointure telle que Russel Allen, Jorn Lande ou encore James LaBrie faisait la démarche de venir participer sur les morceaux du groupe (on peut toujours rêver !), Arkeronn pourrait se hisser au sommet du métal progressif.  


Doryan.

0 Comments 08 février 2009
Whysy

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