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Auteurs en 2007 d'un album fort prometteur (« Hope ») qui laissait entrevoir un talent immense chez ces jeunes musiciens tunisiens, Myrath nous revient en ce début d'année 2010 avec un « Desert Call » absolument fantastique ! Un opus qui s'annonce déjà comme l'une des sorties majeures de cette année...

Impossible, donc, de faire l'impasse sur ce jeune groupe. Et c'est avec plaisir que je vous convie à lire cette longue interview (merci à eux d'avoir pris le temps de s'y consacrer) afin de mieux connaitre ces jeunes gens et leur musique, dont on devrait entendre parler de plus en plus dans les années à venir !





* Question habituelle pour commencer une interview : pouvez-vous nous présenter le groupe pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore ?

Malek Ben Arbia : Tout d’abord nous tenons à vous remercier pour cette interview, c’est avec plaisir que nous répondons à vos questions
Myrath est un groupe 100% Tunisien que j'ai formé en 2001 avec des amis d’enfance sous le nom d’X-tazy. Après avoir joué pendant 4 ans des reprises de styles très variés (Blues, Heavy, Death, Progressif) nous nous sommes lancés dans la composition de notre propre musique. Ainsi, en Avril 2005, nous avons sorti notre premier album auto-produit « Double Face » et en septembre 2007 l’album « Hope » sous Brennus Music. L'accueil encourageant de l'album « Hope » nous a permis de jouer en Europe (notamment à PROG’SUD) et de signer 2 contrats pour notre album « Desert Call » (XIII Bis Records pour l’Europe et Nightmare Records pour les autres continents).


* Comment vous est venue l'idée de monter un groupe de Metal ? Quel a été le déclic ?

Malek Ben Arbia : Le déclic s’est produit en 2001 quand j’ai découvert le Metal. J’en suis devenu passionné, et comme 2 de mes amis d’enfance partageaient avec moi cette même passion, on a décidé de former un groupe de reprises (alors qu’on avait à peine 13/14 ans) qu’on a nommé X-tazy. le nom du groupe a par la suite été changé en Myrath.



- LA SCENE TUNISIENNE -



* Vous venez de Tunisie et j'avoue ne rien connaitre de la scène tunisienne (hormis vous et quelques rares groupes comme Pirania, Propaganda ou Introspection). D'où mes questions suivantes sur la scène tunisienne : Comment se porte-t-elle ? A quoi ressemble-t-elle ? Existe-t-elle depuis longtemps ?

Anis Jouini : Oui, il y a bien une scène Metal tunisienne qui existe depuis les années 70, constituée d’un nombre relativement élevé de groupes Rock/Metal (sous toutes ses formes), formés pour la plupart de jeunes lycéens et étudiants. Mais faute de moyens et d’encouragements beaucoup d’entre eux finissent par abandonner (c’est notamment le cas des groupes Pirania, Propaganda ou Introspection que vous venez de citer qui se sont dissouts bien qu’ils aient atteint un très bon niveau). A noter que deux des membres de ces groupes ont, depuis, rejoint les rangs de Myrath, à savoir moi-même à la basse (ex Propaganda) et Zaher Zorgati au chant (ex Pirania et Introspection)


* Est-il facile de jouer du Metal en Tunisie ? Avez-vous des infrastructures (salles de concerts, studios, medias - journaux, tv, radio - ...) qui vous permettent de vous exprimer et vous soutiennent activement ?

Anis Jouini : La Tunisie est un pays très ouvert aux autres cultures, il est donc très facile de jouer du Metal, malgré les préjugés de certains médias.
Nous avons un nombre limité de salles (d’une capacité de 300 à 500 personnes) qui organisent des concerts Metal. Mais on n’a pas de salles de capacité moyennes (entre 1000 et 2000 personnes), ce qui oblige les organisateurs de concerts importants à recourir à la salle de sport d’El Mensah (banlieue de Tunis) qui a une très mauvaise sonorisation et s’avère le plus souvent trop grande (capacité d’environ 5000 personnes).
Nous avons quand même une émission de radio hebdomadaire consacrée exclusivement au Métal (www.zanzana.net), crée et animée par Karim ben Amor, ainsi qu’un festival méditerranéen de la guitare, qui se tient chaque année et qui a permis à de grosses pointures comme Robert Plant, Adagio, Bertignac, Epica, FireWind et After Forever de jouer à Tunis ces dernières années.
Mais les plus grands problèmes des groupes Tunisiens restent le manque de moyens, l’absence de producteurs, de labels, de sponsors, le désintéressement des médias ainsi que les prix exorbitants appliqués par la majorité des studios (qui sont d’ailleurs principalement destinés à la musique arabe).


* Vous êtes à ma connaissance le premier groupe tunisien à être distribué à l'échelle mondiale... Comment vivez-vous cette reconnaissance ? Pensez-vous être un exemple ou un catalyseur pour le reste de la scène tunisienne ? Et voyez-vous d'autres groupes émerger bientôt ?

Elyes Bouchoucha : Nous vivons cette reconnaissance en toute sérénité, en gardant les pieds sur terre. Ce n’est qu’une marche que nous avons gravi, il en reste beaucoup d’autres, en demeurant conscients que Myrath est au tout début de sa carrière et que le chemin reste encore très long avant de parler de succès dans un milieu très concurrentiel. En fait nous sommes ambitieux, tout en restant réalistes en même temps.
A l’évidence notre parcours servira de catalyseur pour les autres groupes tunisiens. Certains d’entre eux ont beaucoup de talent et peuvent émerger. Il faut juste qu’ils ne brulent pas les étapes et soient patients, car nous on a travaillé très dur pendant 6 ans avant de signer avec un label étranger. Le fait qu’on a commencé très jeunes (à l’âge de 13 à 15 ans) n’est pas connu par tous les groupes, donc ils croient qu’on a émergé en 2 ou 3 ans.


* Le public tunisien est-il fidèle envers ses groupes, les soutient-il à fond (en allant aux concerts, en achetant les CDs, ...)? Ou est-ce que le problème du téléchargement illégal de musique est là aussi une source de problème ?

Zaher Zorgati : Les salles de concert sont la plus part du temps bien remplies (c’est qu’il y en a en moyenne seulement un par mois). Myrath a un public très fidèle et enthousiaste, qui le soutien à fond (quand on joue c’est presque toujours à guichets fermés).
Mais le plus grand problème reste le téléchargement illégal. La majorité des gens n’achètent pas de CD, soit parce qu’ils ne sont pas distribués en Tunisie, soit parce que les fans ne disposent pas de cartes de crédit pour acheter sur internet (en raison de la règlementation des changes en vigueur en Tunisie).
Heureusement qu’on a des fans principalement en Europe qui achètent nos albums et nous soutiennent. On espère qu’avec le nouvel album, "Desert Call", on se fera davantage de fans.





- LE GROUPE -



* Le patronyme du groupe, « Myrath », signifie 'lègue'. De quel lègue s'agit-il ? Que représente-t-il pour vous ?

Saief louhibi : Il faut tout d’abord préciser que jusqu’à fin 2006, le groupe était connu sous le nom d’Xtazy (par référence à l’extase que procure la musique). Mais à l’occasion de l’enregistrement de « Hope », et sur les conseils de notre producteur Kevin Codfert, nous avons opté pour un nom arabe, pour rappeler nos origines et nous démarquer des noms anglophones un peu trop nombreux sur la scène.
Myrath, en arabe, veut dire lègue (Legacy en Anglais). Nous avons choisi ce nom en hommage au patrimoine musical que nous lèguent nos prédécesseurs au fil des temps. En fait, chaque musicien commence par apprendre de ceux qui l’ont précédé, puis s’en inspire pour faire sa propre musique.


* Quels sont les groupes, ou les musiciens (Metal ou non) qui vous ont influencé depuis vos débuts et ont participé à votre « son » actuel ?

Malek Ben Arbia : Je pense que chaque musicien est influencé (à ses débuts) par les groupes ou des musiciens qu'il écoute. Pour Myrath, les influences sont diverses, elles remontent aux périodes où on jouait des reprises de styles très variés (Blues, Heavy, Death, Progressif). Ces influences étaient très présentes sur les premiers albums. Mais avec « Desert Call », on pense enfin avoir notre propre style (un mélange entre musique Metal occidentale et sonorités orientales puisées dans notre patrimoine musical arabo-tunisien), même si les bases reposent sur des groupes de référence.


* En écoutant vos morceaux, on se rend vie compte de la qualité de composition et de la dextérité de vos jeux respectifs. Quel sont vos parcours en tant que musiciens? Êtes-vous autodidactes ou avez-vous suivi des formations bien précises ?

Au départ on est tous autodidactes (la technique de jeux est le résultat d’un travail très dur et assidu), mais ensuite chaque membre du groupe a suivi des formations précises.

Nos parcours et formations musicales sont comme suit :

Malek Ben Arbia
- Parcours : je suis le fondateur du groupe (avec 2 autres amis qui ont depuis quitté le groupe), donc je suis le seul rescapé du premier line up qui a vu le jour en 2001, lorsque je n’avais que 13 ans.C’est évidemment le seul groupe avec lequel j’ai joué.
- Formations musicales: diplômé de la M.A.I.-Nancy France (promotion Alain Caron - juillet 2006)

Elyes Bouchoucha
- Parcours :je connaissais déjà Malek depuis 2002, on est resté en contact jusqu’en 2003 lorsque le groupe a décidé d’intégrer un claviériste pour jouer des reprises de groupes prog. J’étais donc un choix évident, surtout que j’étais disponible, bien que j’ai fait de brefs passages avec 2 autres groupes.
- Formations musicales: diplômé du conservatoire de Tunis (musique classique et arabe) promotion 2003, et bientôt diplômé de l’institue supérieur de musique de Tunis.

Saief louhibi
- Parcours : j’ai rejoint le groupe en 2005 sur les conseils d’Elyes, en replacement de Fehmi (le batteur Co- fondateur du groupe). J’avais auparavant joué brièvement dans un autre groupe mais Myrath est mon premier véritable groupe.
- Formations musicales: 4 ans de conservatoire de Tunis.

Anis Jouini
- Parcours : j’ai rejoins le groupe en Aout 2006 en remplacement de Zaher Hammoudia le bassiste du line up initial. Au préalable j’ai joué pendant 7 ans au sein de Propaganda un groupe de Heavy métal très connu en Tunisie, (notamment pour ses reprises de titres de Metallica). Quand ce groupe s’est dissout, Myrath était à la recherche d’un bassiste d’expérience, donc mon intégration au sein du groupe était un choix évident du moment que j’étais déjà ami avec Malek et Elyes.
- Formations musicales: 4 ans de guitare classique et 2 ans de piano au conservatoire de Tunis.

Zaher Zorgati
- Parcours : j’ai rejoins Myrath en juin 2007 (donc après l’enregistrement de « Hope »). Auparavant, j’ai joué dans 2 groupes importants de la ville de Sousse (Pirania et Introspection). Quand j’ai quitté ces 2 groupes, Malek m’a proposé d’intégrer le groupe dans la perspective d'améliorer la présence scénique du groupe et de permettre à Elyes de se concentrer sur les claviers ; c’est ainsi que je suis devenu le 5éme membre de Myrath.
- Formations musicales: je suis autodidacte, mais je chante et joue de la guitare acoustique depuis l’âge de 10 ans. J’ai également pris plusieurs cours particuliers de vocalise et de théorie musicale.


* Quelques mots sur vos deux précédentes réalisations. Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre premier album « Double Face » sorti en 2005 sous le nom Xtazy? Comment jugez-vous votre évolution musicale ? Et, dans la mesure où il n'était disponible qu'en Tunisie, pensez-vous le ressortir ou le ré-enregistrer un jour ?

Malek Ben Arbia : Je pense qu'il est très difficile d'avoir suffisamment de recul pour correctement juger l'évolution de son propre groupe. Ce qui est clair, c'est qu'au fur et à mesure des années Myrath s’est énormément amélioré et puise de plus en plus son inspiration dans ses propres terres.

Concernant notre premier album « Double Face » il a été enregistré et autoproduit début 2005, dans des très mauvaises conditions, à une époque ou l’âge moyen des membres du groupe était d’à peine 18 ans. On a tellement évolué depuis qu’on ne voit pas l’intérêt de le réenregistrer.


* Quels retours avez-vous eu de l'album « Hope » (sorti en 2007 chez Brennus) ? Répondaient-ils à vos attentes ?

Elyes Bouchoucha : Pour un premier album distribué à l’étranger, il a été très bien accueilli, aussi bien par les fans (dont plusieurs ont découvert notre musique grâce à cet album) que par les médias qui ont beaucoup apprécié l’album, comme le démontre les nombreuses chroniques. « Hope » a été même élu 3éme meilleur album de l’année 2009 par 2 webzines américains.
A vrai dire on ne s’attendait pas à une telle reconnaissance. Il faut reconnaitre que le très bon travail de Kevin, au niveau du mixage et de la production, a largement contribué au succès relatif de l’album au niveau commercial (3éme meilleur vente de Brennus), ce qui n’est pas mal pour un premier album d’un groupe Tunisien que peu de gens connaissaient.


* Le 24 Mars 2006, vous avez ouverts pour Adagio et Robert Plant au « Mediterranean Guitar Festival » de Carthage. Quels souvenirs en gardez-vous?

Saief louhibi : C’était très motivant et très impressionnant de côtoyer Robert Plant et Adagio en backstage. Ça restera un moment inoubliable, surtout qu’il y avait une foule record d’environ 8 000 spectateurs regroupant plusieurs générations.
Mais ce que nous retenons le plus c’est notre rencontre avec Kevin qui a constitué le vrai tournant de notre jeune carrière.


* Vous avez rencontré Kevin Codfert (Adagio) lors de ce festival. Il est d'ailleurs devenu votre producteur depuis. Quel a été son apport sur votre musique ou sur le groupe ?

Malek Ben Arbia : L’apport de Kevin est considérable à tous les niveaux. Sur « Desert Call », il s’est investi avec une grande passion et a consacré beaucoup de son temps pour assurer la meilleure qualité possible, aussi bien au niveau de l’enregistrement, du mixage, d’orchestration et de production en général.
Kevin est un également un ami et un frère que nous respectons beaucoup. C’est grâce à ses précieux conseils que nous avons trouvé un style propre à Myrath, en intégrant d’avantage de sonorité arabisantes. D’ailleurs, il a le dernier mot sur le résultat final et a même la liberté de supprimer et d'écourter les parties qu’il juge trop longues ou superflues.


* Vous vous êtes produits en France en Mai 2008, lors du Prog'Sud Festival. Comment était-ce ? Le public, peu habitué au Metal, a-t-il été réceptif ? Vous a-t-il réservé un bon accueil ?

Zaher Zorgati : Prog’sud est un festival pas comme les autres. Il est organisé par un groupe de personnes bénévoles, dans une atmosphère très conviviale. Pour un premier concert hors de Tunisie, on était vraiment gâtés par les organisateurs avec lesquels nous avons beaucoup sympathisé.
Le concert s’est très bien passé et l’accueil du public a été relativement très chaleureux, même si Myrath était le seul groupe Metal qui jouait dans ce festival plutôt destiné à un public de rock progressif. Il faut reconnaitre que jouer devant un public très connaisseur, mais assis, n’était pas une tache facile (on est habitué à une foule debout devant la scène en train de headbanger). Mais malgré cela, les réactions d’après concert étaient très positives comme le démontre les chroniques de live report parues sur le net et certains magazines.
Prog’sud rentera un souvenir inoubliable, d’autant plus qu’on a rencontré un certain nombre de nos fans dont certains se sont déplacé de la Belgique spécialement pour nous voir jouer.



* On peut voir plusieurs vidéos de ce concert sur le net. Toute la prestation a-t-elle été filmée ? Et peut-on s'attendre à voir sortir un DVD live du groupe bientôt ?

Anis Jouini : Oui, nous avons bien la vidéo du concert de Myrath à Prog’Sud, dont plusieurs extraits sont sur le net. Mais c’est une vidéo qui appartient aux organisateurs de ce Festival et on ne peut donc pas la commercialiser. Par contre on compte bien sortir un DVD live de Myrath dés qu’on aura l’occasion et les moyens d’en faire un de qualité.


* Il s'agissait aussi d'un des premiers concerts avec votre nouveau chanteur, Zaher Zorgati. Pourquoi avoir choisi de prendre un chanteur à part entière ? Vous connaissiez-vous avant ? Et que vous a-t-il apporté ?

Malek Ben Arbia : Un groupe doit continuellement s’améliorer. Ainsi, un des points que nous devions améliorer, c’était les performances live, sachant qu’il n’était pas facile pour Elyes (qui reste un excellent chanteur) d’assurer en même temps le chant, les claviers et le show, à un niveau que le groupe se devait d’atteindre dans la perspective de concerts hors de Tunisie, devant des audiences habituées à voir des groupes de haut niveau.
Zaher est très connu et beaucoup apprécié (il est considéré par beaucoup comme le meilleur chanteur de Métal en Tunisie), mais on n’a fait sa connaissance qu’en Mars 2007, lorsque Myrath et son ancien groupe (Introspection) ont partagé la même scène à l’occasion du festival méditerranéen de la guitare. Il faut reconnaitre que ce jour là, il nous a vraiment impressionné par son charisme et la qualité et la polyvalence de son chant. C’est donc tout naturellement que lorsqu’on a appris que Zaher avait quitté ses anciens groupes (Pirania et Introspection), on s’est concertés et nous avons convenu de lui proposer d’intégrer Myrath, car on était tous convaincus (y compris Elyes) qu’il avait toutes les qualités du frontman qui nous manquait et qu’il apporterait un plus au groupe.
« Desert Call » confirme l’apport considérable de Zaher tant par sa polyvalence de chant que par ses capacités de composition. « Memories », « No Turning Back » et « Empty World » sont composées en grande partie par Zaher et « Silent Cries » était à la base une ballade composée par Zaher que nous avons développée d’avantage puis réarrangée.
Le fait que Zaher soit devenu le chanteur du groupe a également permis à Elyes de se concentrer sur les claviers et de s’investir davantage dans l’orchestration et les arrangements.


* Une question à destination de Malek Ben Arbia : tu as intégré la MAI de Nancy en 2006, que t'as apporté cette expérience ? Cela a-t-il eu un impact sur ta façon de jouer ou de composer ?

J’ai beaucoup appris à la M.A.I.
Tout d’abord sur le plan humain, ça m’a permis d’apprendre à compter sur moi-même, ce qui n’était pas évident au départ car quand je suis parti à Nancy je venais d’avoir tout juste 18ans. C’était dur au début mais je me suis vite fais des amis ce qui m’a permis de m’adapter  parfaitement à ma nouvelle vie.
Sur le plan musical j’ai beaucoup appris aussi bien sur la théorie (harmonie, solfège, solfège  rythmique, déchiffrage etc...) que sur la pratique (improvisation, polyvalence).
Mais la chose principale que m’a appris la MAI, c’est la recherche de la musicalité, la discipline de jeu, et la polyvalence. Depuis que j’ai fini mon cursus, je ne cherche plus à jouer trop technique comme c'était le cas à mes débuts, je cherche avant tout la mélodie qui touche. C’est ce qui explique que sur les albums « Hope » et « Desert Call » il y a pas mal de solos mélodiques / bluesy que je combine avec des solos plus techniques.


* Question également à Elyes Bouchoucha : tu apparais sur l'album « A Mind's Portrait » du groupe Aeon Zen. Comment s'est passé cette rencontre ? A quelle occasion ? Et poursuivras-tu d'autres albums avec ce groupe ?

En fait, tout a commencé lorsque j’ai reçu un mail d’Aeon Zen me proposant de chanter un des titres de leur album « A Mind's Portrait », sachant que n’ayant pas de chanteur ils ont fait appel à beaucoup d’autres dont Nils K. Rue (Pagan's Mind). On s’est donc mis d’accord sur les termes et conditions, et dès qu’il m’a fait parvenir la partition, je me suis déplacé à Paris pour enregistrer la chanson à Nanterre, dans le studio X-fades de Kevin (qui a bien entendu fait office d’ingénieur de son).
Si Aeon Zen ou d’autres groupes me font des propositions similaires dans le futur, je referai l’expérience avec plaisir, sachant que Myrath reste évidemment ma priorité absolue.



- LE NOUVEL ALBUM -



* Parlons désormais de votre actualité, à savoir votre nouvel album « Desert Call »... Comment s'est passé l'écriture / la composition de l'album ? Est-ce le fruit d'un travail collectif ou la somme d'apports individuels ?

Malek Ben Arbia : En fait la composition de l’album est le résultat d’un travail collectif et la somme d’apports individuels à la fois.
La plus part du temps ça commence par un riff ou une mélodie composée par un des membres qu’on développe dans les répètes. D’autre fois c’est un des membres qui compose tout seul un morceaux qu’on peaufine par la suite, surtout au niveau des arrangements et orchestration. C’est le cas, par exemple, des titres « Memories », « No Turning Back », « Silent Cries » et « Empty World » composés en grande partie par Zaher, puis développés et réarrangés par tout le groupe (Elyes se charge en plus de l’orchestration), ou celui de « Shockwave » que j’ai composée en intégralité (puis on a juste ajouté la ligne de chant et réarrangé une partie du titre tous ensemble).
C’est Zaher qui compose les mélodies de chants en s’inspirant de la musique déjà composée. Évidemment, il change certaines lignes de chants en fonction de l’avis des autres membres du groupe et celui de Kevin (notre producteur) lors de l’enregistrement de la version finale.
Quant aux textes ils sont en majorité écrits une fois la musique composée, et c’est notre parolier et ami Aymen Jaouadi qui s’en charge. Il s’inspire de la musique qu’on lui fait écouter (les textes parlent généralement des problèmes de société de tous les jours en évitant d’écrire des textes engagés).


* Les sonorités orientales ou arabes sont bien plus présentes sur ce nouvel opus que sur le précédent. Est-ce une orientation voulue dès le départ par le groupe ou tout cela est-il venu naturellement au cours de l'écriture ?

Zaher Zorgati : Je dirais que c’est les deux à la fois.
En fait, c’est grâce aux précieux conseils de Kevin qu’on essaie de se démarquer des groupes qui nous ont influencés dans les albums précédents, en proposant un style propre à Myrath.  L’inspiration dans nos compositions nous vient naturellement de nos origines Tunisiennes et de nos influences occidentales. Nous essayons de combiner les deux pour offrir un métal oriental avec des sonorités arabes, et plus précisément tunisiennes, puisées dans le patrimoine musical traditionnel tunisien. Sur l’album « Hope » on a donné un avant gout de ce mélange. Sur « Desert Call », il y en a davantage, mais ça reste une musique qui sort du cœur et non fabriquée.


* Avez-vous d'ailleurs utilisé des samples orchestraux ou de véritables instruments traditionnels ? S'il s'agit de véritables instruments, desquels s'agit-il ? Et comment s'est passé l'enregistrement et l'arrangement des pistes (qui n'a pas du être de tout repos) ?

Saief louhibi : Nous avons utilisé de vrais instruments traditionnels qui sont la darbouka (personnellement j’en ai joué une bonne partie), le Naï (sorte de flute), et des violons. Nous avons tout enregistré dans un studio de Tunis avec des musiciens professionnels.
Quant au mixage des très nombreuses pistes, c’est évidemment Kevin qui s’en est chargé et à l’évidence, ce n’était pas une tache facile. Mais connaissant le professionnalisme de Kevin, il s’est investi avec beaucoup de passion et a consacré énormément de temps pour réussir un mixage parfait.


* Vous intégrez des influences arabes ou orientales à une musique Metal plutôt "occidentale" (le brassage de ces éléments est d'ailleurs une vraie réussite). Peut-on y voir comme un message de paix ou de tolérance entre deux mondes que certains cherchent par tous les moyens à opposer ?

Anis Jouini : En effet, la musique est le meilleur moyen d’unir les peuples de mondes différents. C’est un message de paix adressé à tous ceux qui mélangent politique et art. Ce n’est pas parce qu’on est arabe, juif ou chrétien qu’on ne doit pas partager la même passion. Les musiciens de tous les pays peuvent s’aimer mutuellement et aimer la musique des uns et des autres, même si leurs pays respectifs sont en conflits. D’ailleurs Myrath a des fans dans plusieurs pays, y compris dans ceux qui sont connus pour avoir des idées préconçues sur les arabes.
Les mélomanes et les musiciens eux au moins savent faire la part des choses.


* En écoutant « Desert Call » j'ai eu l'impression que certains titres sonnaient différemment des autres : « Silent Cries » et « Memories » me font énormément penser à Dream Theater, « No Turning Back » à du Power/Prog européen et « Shockwave » possède des faux-airs de Deep Purple / Dio... Cette diversité est-elle voulue ? Continuerez-vous à proposer cette variété d'influences dans vos prochains albums, ou allez-vous plutôt vous concentrer sur un style en particulier ?

Elyes Bouchoucha : Cette diversité provient de la variété de nos influences et de notre volonté de laisser libre cour à notre inspiration du moment, sans jamais chercher à fabriquer de la musique. Kevin nous répète toujours : « laisser votre cœur parler, si ça sonne bien ne vous soucier pas trop de l’étiquette qu’on donnera à votre musique ».
La diversité des titres est habituelle dans nos albums, c’est même devenu notre style. C’est pourquoi on se définit comme un groupe de Metal oriental. A mon avis ceci est un point fort du groupe, car on peut maitriser plusieurs styles de Metal, ce qui fait que les gens ne se lassent pas en écoutant l’album car les titres sont très variés. Ça aurait été une toute autre histoire s’ils se ressemblaient trop.
Mais je tiens à préciser que le mélange entre métal et sonorités arabisantes existe sur tous les titres. Il est fait disons 'à la Myrath', d’une façon qui sera développée d’avantage sur le prochain album sur lequel nous travaillons actuellement.


* Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les textes des morceaux figurant sur « Desert Call » ? De quels sujets traitent-ils ? Ont-ils une signification ou une portée particulière pour vous ?

Aymen Jaouadi (parolier) :C'est une exploration aux confins de l'esprit, car quand on dit 'desert', cela nous inspire la solitude et les étendues vastes correspondant à l'esprit humain. Nous avons essayé de faire défiler les sentiments humains à leur extrêmes, comme la peur dans « Desert Call », l'amour dans « Memories », ou encore la relation avec le passé dans « Forever and a Day ». Juste une façon de faire rêver les gens, comparable à des "Mille et une nuits" musicales.



* La pochette de « Desert Call » est magnifique. Qui l'a réalisée ? Et que symbolise-t-elle pour vous ?

Malek Ben Arbia : La pochette ainsi que le livret ont été réalisés par Irène Dominguez (une jeune artiste photographe et peintre norvégienne d’origine espagnole) - www.namtarucreations.com -
La pochette peut être interprétée de diverses façons, sachant qu’elle a été inspirée par le titre de l’album « l’appel du désert ».

Elle a beaucoup de symboles : la main symbolise l’appel à reconstruire un monde meilleur, la cicatrice sur la main représente les souffrances de l’humanité, le désert représente un nouveau monde encore vierge, l’eau qui jaillit de la main et les nuages représentent la vie qui va renaitre pour permettre de reconstruire un monde meilleur. La planète lointaine représente le monde passé.

Le titre de l’album symbolise également un appel lancé par un groupe émergeant (le désert symbolisant les origines arabes de Myrath) pour que leur musique soit répandue à travers le monde.


* Vous avez de nouveau fait appel à Kevin Codfert pour produire l'album. Comment s'est passé cette nouvelle collaboration ? Est-il celui qui comprend le mieux votre musique ?

Elyes Bouchoucha : Kevin est beaucoup plus qu’un producteur ou un ingénieur de son, c’est un membre à part entière de la famille Myrath. C’est celui qui a su mettre en valeur le potentiel du groupe et lui donner un style propre. C’est également Kevin qui nous assiste dans la gestion de notre carrière et s'investit à fond dans la promotion du groupe.
C’est donc dans la logique des choses que Kevin se soit déplacé en Tunisie le 16 Octobre 2008 pour L’enregistrement de « Desert Call ». Le 6 Novembre 2008, il est reparti en France avec des centaines de pistes pour les mixer dans son studio X-Fade à Nanterre. Quant au mastering, il a été réalisé en Allemagne au House of Audio en Juin 2009.


* Vous étiez chez Brennus (« Hope », 2007) et désormais chez XIII Bis Records/Sony et Nightmare Records. Comment avez-vous obtenu le soutien de ces labels ? Qu'en espérez-vous ?

Malek Ben Arbia : XIII Bis Records ne signent pas beaucoup de groupes de Metal, mais quand ils ont écouté l’album « Desert Call », ils ont beaucoup aimé et sont entrés en contact avec Kevin. Ensuite, tout est allé très vite, ce qui a permis la signature du contrat d’exclusivité pour toute l’Europe dans des délais très courts. Nous sommes vraiment fiers et honorés de faire partie d’un label aussi prestigieux que XIII Bis Records, et souhaitons saisir cette occasion pour renouveler nos remerciements à toute l’équipe de XIII Bis et notamment à Mehdi EL JAI (CEO), Samuel Perneset et Emmanuelle Charles.
Quant à Nightmare Records, c’est eux qui nous ont contacté (Myrath était sur leur tablette depuis la sortie de « Hope »). Dès qu’ils ont écouté « Desert Call », ils nous ont fait une proposition de contrat. Comme on avait plusieurs autres propositions d’autres labels, on a pris un temps de réflexion, mais on a finalement opté pour Nightmare Records, avec lequel on a signé un contrat mondial (à l’exception de l’Europe bien entendu). On tient, à cet effet, à remercier le propriétaire LANCE KING pour sa confiance et pour son engagement à investir dans la promotion de Myrath en général et du nouvel album en particulier.
Avec ces deux labels on est désormais en très bonne position pour promouvoir le groupe davantage et faire des tournées d’une façon plus régulière, en espérant que le nombre de nos fans augmentera sensiblement.


* Sur la version européenne de l'album (distribuée par XIII bis Records), le titre « For Ever And a Day » possède des couplets chantés en arabe (le rendu est d'ailleurs superbe). Qui en a eu l'idée ? Et pensez-vous le refaire plus souvent à l'avenir ?

Saief louhibi : C’est XIII bis Records qui eu cette idée. C’était même la seule condition qu’ils avaient posé pour finaliser le contact. Zaher a donc réenregistré le couplet en Arabe, sachant que les paroles ont été écrites par un poète Tunisien très connu chez nous et qui a déjà écrit un grand nombre de chansons pour des artistes Tunisiens de renom.
Nous comptons évidemment faire un ou deux titres chantés entièrement en arabe et ou en arabe/anglais dans le prochain album, tout en développant davantage le mélange Metal / sonorités arabes d’une façon propre à Myrath.


* Pourquoi est-ce une version entièrement anglaise de ce morceau qui figure sur la version américaine (distribuée par Nightmare Records) ?

Anis Jouini : La version de « Forever and a day » figurant sur l’album distribué par Nightmare Records est en fait la version originale que Lance King (le propriétaire de Nightmare Records) a choisi de garder.  Peut-être parce que le public américain n’est pas aussi ouvert à d’autres cultures que celui  européen en général, et français en particulier.
En outre, Nightmare Records voulait un contrat mondial, et comme XIII bis Records disposait déjà des droit exclusifs pour l’Europe, on a trouvé un compromis qui consistait à garder la version originale de « Forever and a day » et à ajouter un bonus track « Hard Times », un titre d’une durée de 8.02 minutes très prog/oriental plus proche du gout du public américain.


* J'ai lu que les enregistrements pour l'album étaient prêts depuis un petit moment déjà (fin 2008). Pourquoi autant de temps entre la fin des enregistrements et la distribution de l'album ? Était-ce délibéré ?

Malek Ben Arbia : Non ce n’était absolument pas délibéré, bien au contraire. On voulait sortir l’album début 2009, dans la foulée de l’album précédent (Hope), mais un concours de circonstances a joué en notre défaveur. En fait l’album était déjà enregistré depuis le 6 novembre 2008, mais Kevin ne pouvait pas commencer le mixage avant d’avoir terminé celui de « Archangels in Black » (l’album de son groupe Adagio). Ce n’est donc qu’au mois de Mai 2009 que Kevin a fini le mixage de « Desert Call » après plusieurs semaines de travail minutieux rendu très difficile par les nombreuses pistes d’orchestrations arabes.
Dés que l’album a été masterisé au House of Audio (Allemagne) en juin 2009, nous l'avons envoyé à plusieurs labels, dont la majorité en ont fait la demande. Quand on a reçu les propositions de contrats des divers labels, la majeure partie d’entre eux étaient soit en vacances ou occupés par les divers festivals d’été. On a donc été obligés d’attendre la rentrée pour finaliser 2 contrats : un le 22 Octobre 2009 avec XIII bis Records (exclusivement pour l’Europe) et l’autre le 12 Décembre 2009 avec Nightmare Records (pour le reste des continents).
Comme il fallait quelques semaines pour que ces labels s’occupent des préparatifs nécessaires au pressage et à la promotion de l’album, la date de sa sortie a donc été fixée au 25 Janvier 2010.
Maintenant on va essayer de se racheter en sortant un autre album dans la foulée.


* Stephan Forté vient poser un solo sur le morceau « Ironic Destiny ». Pourquoi lui ? Qui a eu cette idée ? Et comment cela s'est-il passé ?

Malek Ben Arbia : C’était l’idée de Stephan lui-même. Il faut préciser que Myrath sont en quelque sorte les protégés d’Adagio, et principalement de Kevin et Stephan. Ils ne manquent pas une occasion pour nous encourager et nous apporter tout leur soutien. On saisit cette occasion pour remercier Stephan pour le superbe " guest solo " qu’il a joué sur « Ironic Destiny », et pour son soutien. On est vraiment fiers qu’un de ses solos figure dans notre album.


* Y a-t-il d'autres invités que vous aimeriez avoir sur les prochains albums ?

Elyes Bouchoucha : Stephan et Kevin, ce serait évidemment l’idéal, mais on verra ça en temps opportun, surtout en fonction de leurs disponibilités.
On pense également inviter une chanteuse tunisienne pour chanter en duo avec Zaher sur au moins un titre (peut être une ballade), mais on est encore au stade des idées.



- L'AVENIR -



* Parlons enfin de votre avenir... Quels sont vos projets à courts et à plus long termes ? Un nouvel album ou des nouveaux morceaux sont-ils déjà en préparation ?

Zaher Zorgati : Nos projets à court terme, c’est de faire une tournée en Europe (principalement en France) et jouer dans le maximum de festivals possible.
On va également terminer la composition du nouvel album (qui est actuellement à un stade très avancé) et le sortir le plutôt possible, en espérant qu’entre temps « Desert Call » aura beaucoup de succès.


* Des concerts ou une tournée sont-ils déjà prévus ? En Europe ? Aux USA ? En Tunisie ? …

Saief louhibi : On y travaille, même si on n’a pas encore de dates à annoncer. On va commencer par jouer dans le festival méditerranéen de la guitare qui se tiendra à Tunis, courant dernière semaine du mois de Mars prochain, puis on ferra une tourné en Tunisie. On compte également faire une tournée en Europe (principalement en France) en premières parties de groupes plus connus et peut être jouer dans quelques festivals.
Pour le moment on se concentre sur la promotion de l’album, puis on y verra plus clair en fonction du degré de succès de « Desert Call ».



* Peut-on espérer voir un jour Myrath se produire sur scène avec des musiciens traditionnels à ses côtés ?

Anis Jouini : Oui, bien sûr que tôt ou tard on fera appel à des musiciens traditionnels pour nos concerts. On compte commencer par les concerts joués en Tunisie et plus tard, pour les tournées à l’étranger. Pour cela, il faudrait attendre qu’on ait les ressources financières nécessaires.


* A ce stade de votre jeune carrière, quel(s) meilleur(s) souvenir(s) gardez-vous ? Et inversement, le(s) moins bon(s) ?

Elyes Bouchoucha : Notre meilleur souvenir c’est le jour on a rencontré Adagio en Tunisie à l’occasion du festival méditerranéen de la guitare en Mars 2006. C’était à cette occasion que nous avions rencontré Kevin, qui depuis est devenu notre producteur et notre frère en même temps. Cette rencontre a été le tournant de notre jeune carrière.
Quant aux mauvais souvenirs, on les oublie très vite, mais on en tire les conséquences.


* On arrive au terme de cette (longue) interview... Auriez-vous quelque chose à rajouter ? Un mot pour vos fans francophones qui nous lisent ?

Malek Ben Arbia : On espère que notre nouvel album « Desert Call » sera à la hauteur de vos expectatives et on compte sur votre soutien pour en faire un grand succès.
On espère vous voir bientôt en France à l’occasion d’un de nos concerts. On saisi cette occasion pour souhaiter une bonne et heureuse année 2010 à tous nos fans et à tous les lecteurs de Heavylaw.





Encore merci pour avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions !
Et  félicitations pour cet opus remarquable qu'est « Desert Call ».
En espérant vous voir prochainement sur les planches en France...

[right]Bonobo[/right]

0 Comments 01 janvier 2010
Whysy

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