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Qui n’a jamais rêvé d’un voyage astral ? Je ne vous parle pas d’un petit tour en astronef dans l’espace, expérience réservée à quelques milliardaires blasés, mais de l’âme, s’évadant, pour quelques instants, par-delà les strates célestes… Si l’écoute de Nexus Polaris ne désolidarisera pas votre âme de son enveloppe corporelle pour aller explorer les contrées immatérielles des niveaux supérieurs de l’univers, elle vous fera néanmoins vivre une expérience similaire. Qualifié de black métal cosmique, Nexus Polaris (sorti quand The Kovenant s’appelait encore Covenant) est en effet à lui seul un voyage unique. Formé de transfuges du petit monde norvégien du black symphonique, Covenant vient avec son deuxième album redéfinir le style, pour ne pas dire réinventer un style, rarement le black symphonique n’ayant été aussi grandiloquent.

Dès le premier titre, sulphur feast, la frontière du réel est franchie pour un lieu effrayant mais non moins attirant. Cette aventure surréaliste se prolonge tout au long de l’album grâce à des riffs alambiqués, des notes de basses venues des dédales de la quatrième dimension sur fond de claviers symphoniques qui assènent l’auditeur tel un grand final d’une pièce musicale classique. Cette approche emphatique de la musique fait de chaque titre une immersion musicale dans un monde tortueusement féerique. La folle contrebasse sur the last of dragons, la basse imprévisible sur planetarium, ou encore l’accordéon bizarre sur bizarre cosmic industries, sont alors perçus comme le témoignage d’une force cosmique supérieure qui semble avoir la main-mise sur le comportement des instruments de musique.

Le chanteur Nagash semble lui aussi sous l’emprise de flux d’énergie stellaire. Telle une créature issue de la sombre nébuleuse sub-cosmique, il témoigne, pour ceux qui en douteraient encore, que même un voyage de par la voûte céleste réserve son lot de rencontres effrayantes. Sa voix sournoise de troll tantôt démoniaque tantôt ahurie est indissociable de l’ambiance horrifique qui règne sur Nexus Polaris. Sarah Jezebel Deva n’a de cesse de le contrer avec ses chœurs angéliques. Elle demeure votre ange gardien tout le long de l’album, prenant même le premier rôle sur bringer of the sixth sun. Sarah Jezebel Deva incarne la voûte céleste dans toute sa splendeur, elle est aussi la clé de voûte des passages les plus atmosphériques. Les riffs, parfaitement mixés, accompagnent la plupart de ces passages planants, ceux de bizarre cosmic industries et son envoûtant piano étant de vrais chefs-d’œuvre. Plusieurs parties à la guitare sèche font aussi leur petit effet, comme sur les fantasmagoriques the sulphur feast ou the last of dragons. Quant aux leads de guitares, ils ne sont pas envahissants mais restent efficaces, ils surgissent à tout moment comme, par exemple, pour glacer l’atmosphère de bringer of the sixth sun tel une éclipse de soleil.

Il est vrai que tous les titres de Nexus Polaris utilisent la même recette pour faire mouche, mais chacun conserve sa part d’originalité, que ce soit les passages atmosphériques de bizarre cosmic industries ou les claviers très synthétiques de bringer of the sixth sun. Seul Dragonheart n’a pas imprégné mon esprit, s’avérant n’être qu’un agrégat des moins bons passages du disque. Chariots of thunder, titre clôturant Nexus Polaris, s’affirme par son aspect black symphonique plus traditionnel, rappelant Dimmu Borgir, se rapprochant même de ce que fera par la suite un Hollenthon. Diablement efficace avec moins de fioritures, il nous ramène doucement sur Terre, nous faisant prendre conscience que ce que nous venons d’écouter auparavant n’est plus vraiment du black métal. Décrié par ceux qui en attendaient autre chose, Nexus Polaris n’en est pas moins génial. Tel un illusionniste, Covenant nous y fait perdre tous repères connus grâce à des ambiances en dehors de l’espace temps tel qu’il est scientifiquement connu. Plus qu’un album cosmique, il est céleste, et fut pour moi un voyage initiatique, la porte d’entrée vers le black métal.
[right]Chris[/right]

0 Comments 15 avril 2008
Whysy

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