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Dans le monde plein de strass et paillettes de la musique, le succès est souvent synonyme de consécration artistique, de tournées mondiales, de magnifiques «success story» décortiquées par les tabloïds... et bien sûr de contrats juteux avec des grands majors respectables ! Malheureusement dans ce beau petit pays de Metal qui est le nôtre, les choses sont rarement aussi simples et aussi féeriques, car oui j'ose le dire... dans le Metal succès ne rime pas toujours avec réussite artistique.

Avant d'en venir au sujet qui nous tient en haleine depuis presque deux minutes de lecture anxieuse, je vais m'attacher à poser le décor. Sirenia : la formation toute neuve du dépressif Morten Veland sort en 2002 l'album «At Sixes And Sevens». Véritable catharsis destiné à évacuer la souffrance accumulée lors de son éviction de Tristania (groupe qu'il avait contribué à fonder), l'album reste encore pour beaucoup, et pour votre serviteur, l'un des disques les plus aboutis jamais produit dans son genre. Subtile alternance entre un Doom/Death mélodique entraînant, et un Metal Gothique/Symphonique fort en émotion, «At Sixes And Sevens» avait conduit Sirenia au sommet de son art, alors même que sa notoriété restait pour le moins confidentielle.

En 2004 premier revirement, le groupe reste chez Napalm Records, mais décide d'épurer son style pour toucher un plus large public. L'essentiel de l'esprit est conservé mais avec la verve et l'originalité en moins, l'esthétique du groupe change également, sans doute pour séduire les aficionados du gothique. «An Elixir For Existence» sera juste bon et verra le groupe stagner dans son jeux comme dans sa créativité, paradoxalement il va rencontrer un succès largement au dessus de ses espérances... En l'espace de quelques mois Sirenia devient l'étoile montante du Metal Gothique (genre auquel il n'appartient d'ailleurs pas) et le confirme à la fin de l'année en produisant un EP «Sirenia Shores»... très très soft !

Pas besoin de s'appeler Schwartzenberg pour comprendre la profondeur de mon raisonnement subtil. Dans le cas de Sirenia, le succès a inexorablement contribué à l'appauvrissement artistique d'une formation pour laquelle j'aurais tué père et mère il y a quelques années. La descente aux enfers fut longue et douloureuse, à tel point que je n'attendais plus grand chose de cette formation jadis mythique à la sortie de son troisième album «Nine Destinies And A Downfall», d'autant que la signature chez Nuclear Blast et les déclarations de Morten dans la presse n'étaient pas faites pour me rassurer.

Alors que dire de ce «Nine Destinies And A Downfall» ? Pas grand chose en vérité, l'album est diablement court et présente sans gloire un squelette fade et récuré de ce que fut Sirenia il y a longtemps... certes le talent de Morten apparaît encore de manière sporadique sur quelques titres tels «Downfall», «Sundown» ou «The Other Side» mais tellement noyé sous la masse des ambiances Electro/Gothiques qu'il en devient à peine reconnaissable. Pour le reste sa créativité musicale est littéralement bridée par des structures simplistes sans imagination qu'il répète à l'infinie sur chaque chanson. Se bornant à être accrocheurs et efficaces, les titres ne recherchent jamais la complexité ou l'originalité et sombrent vite dans l'auto caricature (je pense notamment à «Seven Keys And Nine Doors» ou «Absent Without Leave»).

Quant à la chanteuse, parlons-en... tantôt blonde, tantôt brune, magnifiquement engoncée dans ses chaussures «New Rock» et ses fringues gothiques, elle remplit parfaitement le rôle de la pouf vulgaire et aguicheuse que l'on recherche dans les groupes récents de la New Gothic Wave. Le fan ultime de la magnifique Fabienne Gondamin (chanteuse du premier album) et de l'esthétique sobre et subtil du Sirenia des temps anciens ne peut que se désespérer devant tant de décadence. D'autant que vous l'aurez constaté par vous-mêmes, le chant ne vaut pas tripette sur ce disque (prenez la ballade finale «Glades Of Summer» pour le constater par vous-mêmes). De fait la diversité vocale qui faisait la force de Sirenia en 2002 n'est plus vraiment d'actualité, et la majorité des parties vocales sont désormais entièrement dévolues à la «séduisante» Monika Pedersen... je vous laisse imaginer le résultat !

Alors déception... oui incontestablement et le mot est faible, car autant «An Elixir For Existence» présentait encore de nombreuses sources d'intérêt, autant ce dernier album en est totalement dépourvu. Sirenia évolue mal, et pour revenir à mon argumentation du début, cela devrait une nouvelle fois coïncider avec un succès commercial, Nuclear Blast ayant largement fait le boulot pour qu'il en soit ainsi. «Nine Destines And A Downfall» est un album calibré pour plaire à un large public, les titres sont simples, les structures bateaux et la chanteuse... comme on l'aime.

SMAUG...

0 Comments 24 janvier 2007
Whysy

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